Après une longue période de spéculation, l’Élysée a enfin confirmé le maintien d’Elisabeth Borne à Matignon afin d’assurer « la stabilité » et « la continuité ». Toutefois, ce nouveau choix par défaut démontre la situation de blocage politique dans laquelle se trouve le président de la République depuis les législatives.
C’est la fin d’un faux suspense. Depuis sa dernière grande interview sous l’onction de l’Élysée dans le Parisien, le dimanche 9 juillet, l’univers politico-médiatique savait que le match était plié d’avance. En dépit de l’audace et la ténacité qu’on peut lui reconnaitre, Elisabeth Borne ne pouvait pas s’aventurer sans l’accord de son patron à dérouler ses priorités au-delà des cent jours qui lui étaient impartis.
Décidé enfin à sortir de ce moment de flottement, Emmanuel Macron, actuellement à Bruxelles à l’occasion du sommet UE-CELAC , a laissé le soin à son entourage d’informer la presse qu’il avait décidé de maintenir la chef du gouvernement à Matignon dans un soucis de « stabilité » et afin de poursuivre le « travail de fond » engagée depuis sa réélection.
Sauvée des eaux, Elisabeth Borne a fait savoir également par la voix de ses proches, qu’elle « souhaitait des ajustements pour son gouvernement et qu’elle les proposera au président de la République cette semaine ». Ainsi va le dialogue des communicants du pouvoir.
Toutefois, au-delà de toutes ces gesticulations médiatiques, quelle leçon tirée de cette séquence ?
Emmanuel Macron avait lié le sort de sa première ministre aux cent jours qu’il s’était fixé le 17 avril dernier. Pour l’Élysée, l’objectif a été atteint et le calme est revenu. En guise d’illustration, le palais se réjouit d’un 14 juillet assez paisible.
Au niveau législatif, le palais salue l’avancée des lois de programmation pour la justice qui doit être votée mardi soir ainsi que l’adoption définitive de la loi de programmation militaire.
Ces raisons suffisent-elles pour justifier le maintient de la chef de gouvernement ? A l’évidence, non.
En vérité, ce choix est juste la démonstration d’une difficulté pour le président de la République à trouver une personnalité capable d’élargir sa majorité, principalement vers la droite. Cette stabilité dont parle le chef de l’état n’est que précaire. La reforme des retraites a démontré toute la complexité pour la première ministre de gouverner avec cette majorité relative. A chaque reforme impopulaire et clivante, l’exécutif risque de revivre le meme scénario. Changer Elisabeth Borne sans réussir à élargir la majorité relèverait d’un non-sens politique. On aurait assisté à un changement de convenance.
Il ne s’agit pas donc d’une question de stabilité mais plutôt d’un statu quo dans lequel le président s’est embourbé depuis les législatives.
La seule solution reste un retour au peuple à défaut d’un renversement dont pourrait être victime la première ministre dès la rentrée avec le budget , un texte dont le président du Sénat a déjà mis en garde sur les risques de censure.
Carlyle Gbei
Journaliste politique