L’Afrique subsaharienne est confrontée depuis une trentaine d’années à une propagation et à une implantation de très grande ampleur de l’islamisme, soit une forme radicale de l’islam caractérisée par le concept de retour aux sources et l’application littérale des textes sacrés, pour promouvoir une normativité qui apparaisse plus conforme à la loi islamique. Cet islam que d’aucuns dénomme l’islam de l’Est est en train de supplanter un islam africain traditionnel – généralement plus tolérant – marqué par le syncrétisme, pour partie nourri par le courant soufi et structuré par les confréries.
L’islamisme produit dans cette région une nouvelle violence qui doit être appréhendée dans sa double dimension.
D’une part, volontairement très visible, prenant la forme du terrorisme, elle constitue un moyen d’imposer brutalement un nouvel ordre politico-social qui régit en particulier le statut personnel. Cette stratégie démontre son efficacité notamment au Mali, maintenant au Burkina Faso.
D’autre part, elle relève d’une consubstantialité avec l’islamisme, y compris dans ses formes quiétistes et moins politisée, qui s’exprime au quotidien au sein du corps social, au préjudice premier des femmes.
Par son poids grandissant, sans nécessairement le dissoudre, l’islamisme agit de façon mécanique sur l’islam paradoxalement dit traditionnel, ou l’islam du juste milieu prôné par la monarchie chérifienne, en contrariant ses dispositions de tolérance, et son potentiel évolutif. Enfin, cet islamisme dans son expression terroriste se combine de plus en plus avec des organisations criminelles, au point de s’y confondre.
La progression de l’islamisme en Afrique
Les raisons de l’essor de l’islamisme en Afrique sont multiples. Elles résident tout d’abord dans le renouveau général du religieux dans ce continent, comme en témoigne le développement du christianisme de courant pentecôtiste. Ce regain du religieux mérite d’ailleurs d’être mis en balance avec le phénomène contraire qui caractérise l’Europe occidentale et en fait une zone de dépression spirituelle.
De façon plus spécifique, l’essor de l’islamisme repose sur plusieurs facteurs inter-
agissants :
- l’écroulement des systèmes sociaux (école, santé), au cours des années 90, dans nombre d’États africains alors même qu’ils étaient confrontés à une augmentation démographie galopante. Les populations se sont alors logiquement tournées – phénomène constant – vers des acteurs de substitution, en l’occurrence les organisations caritatives financées en particulier par l’Arabie saoudite, au travers notamment de la Ligue islamique mondiale. Il en a découlé une décrédibilisation des États, et au-delà de leur nature non confessionnelle, comme le souligne Jean-François Bayard, directeur de recherche au CNRS : « Les États qui se référaient au marxisme et qui se définissaient par des régimes laïques voire athées ont perdu leur poids alors même que l’État ne pouvait plus assurer ses fonctions »1. Ces organisations, évoluant selon un quadrillage méthodique des territoires et de la population, sont de véritables courroies de transmission du wahhabisme. Les Frères musulmans, pour leur part, sous notamment l’égide du Qatar, ont développé un processus identique, à la fois convergent sur le fond et concurrent d’un point de vue politique ;
- un fort pouvoir attractif sur une jeunesse massive, sous-scolarisée, souvent désœuvrée, de plus en plus urbanisée, en opposition avec les structures traditionnelles. Cet islam très percutant, épuré de son syncrétisme, est diffusé par des imams formés à l’école wahhabite et salafiste ;
- la perception de l’islam comme levier de remise en cause des structurations traditionnelles des castes et de leur corollaire, l’esclavage, aujourd’hui résiduel, mais encore très prégnant dans l’identification de l’autre ;
- enfin, l’opposition de la population masculine aux réformes sociétales. En effet, comme l’explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris : « la résistance du pouvoir des hommes par rapport aux revendications féminines a également été un facteur du développement de cet islam qui s’est traduit par un moyen de faire en sorte que la fécondité ne soit pas contrôlée par les femmes, que la polygamie soit tolérée, que le pouvoir des hommes soit maintenu. Bien avant que les problèmes liés au djihadisme ne surviennent, des luttes très importantes ont révélé ce phénomène au Mali »2.
L’islamisme apparaît ainsi comme l’une des principales menaces affectant l’Afrique, par ses effets directs sur la condition des personnes au regard des droits de l’homme, la déstabilisation globale de ce continent, ses conséquences directes sur son évolution démographique, elle-même facteur accroissant les déséquilibres (y compris environnementaux) et neutralisant toute action de développement. De toute évidence, cette menace aussi affecte l’Europe pour de multiples raisons tenant à l’impératif de stabilisation de ses approches, à la maîtrise des flux migratoires, ainsi qu’à l’intégration au sens culturel du terme des populations immigrées issues du continent africain. Elle l’atteint également dans sa capacité même de faire rayonner une vision de l’homme basée sur l’égalité, les libertés fondamentales… du fait de la conjonction en Afrique d’effets de masse (explosion démographique), de la vitalité des idéologies opposées à cette vision, et de l’aptitude croissante des organisations dites terroristes à contrer les appareils militaires les plus évolués.
Le défi est donc de taille. Il doit être entendu désormais comme une priorité vitale à la fois pour les populations africaines et européennes, dont le destin est de plus en plus lié. Mais comment contrer l’islamisme ?
La capacité à s’opposer à l’islamisme est conditionnée par un préalable qui porte d’une part sur la pleine prise de conscience du phénomène, d’autre part sur une densification idéologique des acteurs européens et leur cohésion centrées sur la primauté des valeurs à défendre, et leur non négociabilité, enfin sur l’existence d’une volonté forte, d’une détermination à mener cette lutte. Car il s’agit d’une lutte et qui sera de longue haleine. Cette cohérence idéologique et cette détermination constituent des facteurs très importants pour rendre, aux yeux des Africains, l’action des acteurs européens, (étatiques et non étatiques (ONG)) lisible et crédible (importance en Afrique du rapport de force), et donc en garantir l’efficacité.
Comment mener cette lutte ?
L’approche proposée relève d’une compréhension du phénomène islamiste en s’appuyant sur les études de chercheurs, mais également d’une observation sur le terrain du fonctionnement et de l’évolution des sociétés africaines. Cette approche se veut éminemment pragmatique. Elle comporte cinq recommandations majeures.
1. L’impératif d’un abandon des formules en usage portant sur « la lutte contre la déradicalisation ou autre extrémisme violent, l’islamisme radical…»
Le penchant naturel à privilégier les raccourcis et les formules, sur fond de langage agréé, a fait émerger des expressions qui aujourd’hui sont contre-productives. En l’espèce, il est apparu que les formules usitées telles que « déradicalisation, lutte contre l’islamisme radical… » sont tout simplement non compréhensibles par les acteurs locaux. Que peut signifier dans l’esprit d’un jeune Tchadien évoluant au bord du lac Tchad la déradicalisation ? Par ailleurs, vouloir contrer l’islamisme a pour effet d’en faire le sujet central et, par voie de conséquence, de le dynamiser. Sans évoquer le fait que la stigmatisation de l’islamisme peut être ressentie par des populations soit de culture musulmane très superficielle (encore la majorité), soit déjà imprégnées par l’endoctrinement wahhabite ou salafiste, comme une agression contre l’islam en soi.
2. La stratégie : le statut de la femme, à la fois levier et objectif de la lutte contre l’islamisme
Plutôt qu’un cadrage sémantique dont l’illisibilité, a fortiori la virulence, sont susceptibles d’alimenter le phénomène que l’on est censé neutraliser, il faut privilégier la condition de la femme africaine. Celle-ci est la grande perdante des évolutions en cours marquées par l’émergence de l’islamisme d’inspiration moyen-orientale. Il suffit d’observer la mutation en dix ans de la société nigérienne pour s’en convaincre. Investir sur la condition de la femme présente plusieurs avantages majeurs :
- d’une part, cela permet de façon dialectique de s’extraire de cette focalisation sur l’islam/islamisme avec tous les effets contre-productifs induits ;
- d’autre part, la femme devient l’acteur de l’évolution de sa propre condition. Ce statut d’acteur participe en soi du processus d’émancipation, qui doit être progressif, et qui contribue à l’effet final recherché ;
- enfin, l’émancipation des femmes, avec comme objectif central, qui touche aux aspects les plus symboliques, la libre disposition de son corps induisant la maîtrise de sa propre fécondité, est la condition indispensable à la régulation démographique. Par ailleurs, cette émancipation globale diffusera, au travers de l’éducation des jeunes enfants, dans un système marqué en la matière par la primauté des femmes, les valeurs humanistes aux nouvelles générations, en particulier masculines.
3. Les modalités du soutien à l’émancipation des femmes : une démarche nécessairement globale
Le soutien à l’évolution émancipatrice du statut de la femme trouve toute sa place dans les grandes politiques mises en œuvre en Afrique. Il doit cependant en devenir l’axe central.
Il en va ainsi de la réforme des systèmes de sécurité en œuvrant dans plusieurs volets interagissants :
- à l’intérieur des forces de sécurité intérieure (gendarmerie, police, garde nationale nomade…) en favorisant l’accroissement du nombre de femmes, et leur accession à des postes de responsabilité, mais également en confortant la formation portant en particulier sur l’appropriation des règles éthiques et déontologiques (Code de déontologie, Charte…) ;
- en réorientant l’action des FSI vers le service premier de la population, selon une dynamique de meilleur dialogue avec celle-ci et de contrôle des actions des membres de forces de l’ordre (mise en place de corps d’inspection, lutte contre l’impunité) ;
- en portant l’effort sur la lutte contre les violences envers les femmes (prise en compte dès l’accueil, optimisation de l’enquête pénale… formation d’enquêtrices, mises en place de services spécialisés à vocation préventive de type Brigade de prévention de la délinquance juvénile…).
Il en va également du volet développement avec comme axe d’effort premier la scolarisation des jeunes filles, aujourd’hui de plus en plus fragilisée. Cela tient aux effets conjugués de la dégradation du dispositif d’enseignement sous l’effet des coupes budgétaires et de l’augmentation massive des jeunes enfants en âge de scolarisation que ne peut plus absorber le système existant. L’exemple du Tchad est, à cet égard, très révélateur. À Mara, dans la banlieue de N’Djamena, on constate les faits suivants : infrastructures délabrées, absences de moyens pédagogiques, plus de 150 enfants par classe, ainsi qu’une priorité donnée aux garçons pour le suivi de l’ensemble du cycle scolaire, les jeunes filles en étant extraites vers 12-13 ans pour être mariées… À Bol, chef lieu de la région du Lac, si la génération des années 1990-2000 a été scolarisée et maîtrise le français, il apparaît qu’un nombre croissant d’enfants et d’adolescents ne sont plus scolarisés. Ce constat est d’autant plus frustrant que le corps professoral est très dévoué, enseigne en français, et que nombre d’enfants, faute d’être accueillis par l’enseignement public, sont orientés par leurs parents vers les écoles coraniques.
La scolarisation doit être entendue comme englobant l’essor de filières professionnelles correspondant à des besoins et des potentialités économiques concrets, en particulier dans le secteur agricole et les services.
La santé constitue le troisième domaine de l’action stratégique à développer. Répondant à des besoins premiers des populations, l’offre de santé doit intégrer de manière plus systématique le planning familial de façon à le normaliser. Contrairement à ce qui peut être avancé, de nombreuses femmes de confession musulmane y recourent dans les zones urbaines, et c’est souvent, sans occulter la pression des hommes, la non-information et l’éloignement de structures de santé qui expliquent l’absence de planning familial dans les populations rurales.
4. Une démarche globale qui doit être combinée à une logique de concentration des efforts et un grand pragmatisme
La concentration des efforts doit être entendue selon deux approches qui sont tout à fait compatibles.
La première consiste à privilégier les pays présentant des prédispositions de nature à faciliter cette stratégie de soutien à l’évolution de la condition de la femme. En la matière, l’exemple du Tchad doit être mis en avant. En effet, ce pays dispose d’une Constitution mettant en avant l’essence laïque de la République tchadienne et le principe d’égalité entre les femmes et les hommes3.
Il convient ainsi de concentrer les actions dans ce type de pays, de façon d’une part à contrer au plus tôt l’influence de l’islamisme financée par les bailleurs de fonds moyen-orientaux, d’autre part à en faire un point d’appui de rayonnement de cette stratégie dans la sous-région. Cependant, la nécessité de dissocier cette dynamique des objectifs de bonne gouvernance selon les critères des démocraties occidentales doit être parfaitement comprise. À cela trois explications : seul un pouvoir fort est de nature à soutenir ce processus d’émancipation des femmes dans un tel environnement sociétal ; seule la stabilité permet d’amorcer une action d’envergure et de longue haleine ; enfin, alors que ce pays fait l’objet de tentatives de mise sous influence par certains acteurs moyen-orientaux, une fragilisation du régime en place pourrait le tenter de se rapprocher davantage de ces derniers. À l’opposé du Tchad, il suffit de considérer dans la région l’évolution de certains pays vers la réalité de républiques islamiques, où la condition de la femme est désormais soumise au pire obscurantisme. Ce soutien à un régime donné doit toutefois s’accompagner de l’acceptation d’obligations de résultats, au regard des investissements financiers consentis et de la caution diplomatique.
La deuxième approche, tout à fait compatible avec la priorisation d’un pays donné, est de concentrer les efforts dans une région, selon bien évidemment une démarche transverse. En la matière on peut évoquer l’exemple de la région du Lac au Tchad. Cette région, très sensible du fait de la menace de Boko Haram, doit être appréhendée comme un bassin de population, d’environ 300 000 habitants. Présentant des besoins dans tous les domaines, il constitue le terrain idéal pour développer une action globale et cohérente, mettant en synergie l’ensemble des volets de l’action internationale, avec une focale première mais intégrée dans les différents projets, sur la condition de la femme. Cette approche devrait être la règle. Elle présente en effet un très grand nombre d’avantages :
- elle ne nécessite pas des budgets considérables relevant généralement de procédures très lourdes ;
- les actions à développer peuvent être confiées à des équipes au format réduit, mais à vocation hautement opérationnelle, en agissant de façon immergée, sur le terrain, au contact direct des autorités locales et des populations. Le format réduit des effectifs permet de limiter les dépenses relatives à la masse salariale, au profit des actions concrètes de soutien ;
- le fait qu’il s’agisse de projets à taille humaine autorise une gestion souple, permettant d’apporter des correctifs en tant que de besoin de façon très pragmatique ;
- elle permet, à l’opposé des grandes actions à vocation nationale, souvent de culture technocratique, de garantir plus aisément des résultats effectifs. Ces résultats constituent le meilleur message à destination de la population pour la faire adhérer à l’ensemble des volets développés. Ainsi, il y a une logique évidente entre l’aide à l’accès à l’eau potable, la construction d’une école, l’implantation d’une brigade de gendarmerie ou d’un poste de police… et l’amélioration de la condition féminine.
5. La nécessité d’un grand discernement et d’une grande mesure dans la propagation des modèles sociétaux occidentaux
L’observation de l’évolution des sociétés africaines autorise un certain optimisme quant à l’évolution de la condition des femmes. On observe au Moyen-Orient, dont les paradigmes conditionnent les populations musulmanes africaines, des mesures qui étaient encore récemment peu imaginables quant au statut des femmes. Même limitées, elle révèlent un mouvement de fond dans un environnement régional caractérisé désormais par une majorité de femmes dans l’enseignement supérieur, l’accès à l’ensemble des médias occidentaux et une reconsidération du fait religieux.
En Afrique même, selon Philipe Hugon, « en première ligne, l’islam noir – ses marabouts et son syncrétisme paisible – réveille sa longue aversion contre l’islam des « esclavagistes arabes » de l’ère pré-coloniale. Il dénonce les libéralités équivoques du messianisme saoudien »4.
Les associations féminines ont su dans certains pays, comme le Sénégal, exercer une influence notable pour faire évoluer la condition féminine Ainsi, leur mobilisation a permis en 1999 de faire modifier le Code pénal pour prendre en considération spécifiquement les violences faites aux femmes en introduisant les termes de « violence conjugale », « viol », « pédophilie » et « inceste » qui sont désormais pénalement distincts des « coups et blessures ». Depuis, le Sénégal a ratifié la quasi-totalité des conventions internationales portant sur les droits de la personne et des femmes. Et aujourd’hui, sous la volonté du gouvernement sénégalais, des actions fortes soutenues par le tissu associatif et des ONG sont menées pour réduire les mariages, les grossesses précoces et les atteintes aux droits des femmes.
Le Burkina Faso est un autre exemple très instructif. Ainsi, ce pays a voté de nombreuses lois et ratifié des textes internationaux portant sur la condition des femmes. Ces avancées normatives sont capitales. Elles permettent en effet de mieux soutenir les actions sur le terrain qui sont indispensables pour leur donner une traduction concrète. C’est là le défi relevé en 2015 par Amnesty International au travers de sa campagne « Mon corps, mon droit » accompagnée d’un manifeste pour les droits humains, afin de demander aux candidats aux élections législatives et présidentielle, prévues le 11 octobre 2015, de se positionner plus fermement contre les mariages forcés et précoces et de faciliter l’accès des filles et des femmes à la contraception ainsi qu’aux services et à l’information touchant à la santé sexuelle et reproductive »5.
Pour autant, comme le confiait un fin connaisseur de l’Afrique, les actions développées peuvent réussir que si elles s’inscrivent dans le temps et qu’elles prennent en considération la spécificité des systèmes de représentation sociale locaux. En d’autres termes, si un espace de manœuvre assez large apparaît disponible, comme notamment au Sénégal, pour faire évoluer la condition de la femme, cet objectif pourrait être très sérieusement compromis, voire anéanti, par une promotion trop soutenue de l’ensemble de la vision occidentale englobant la question des minorités sexuelles et « la théorie du genre ». Les organisations islamistes ne manquent d’ailleurs pas d’utiliser abondamment l’argument portant sur la nature des mœurs occidentales pour asseoir leur influence.
Bertrand Cavallier
Général de division (2S)
- Jean-François Bayard, « Pourquoi l’islam et le djihadisme s’étendent en Afrique », Lexpress.fr, 23 février 2013. ↩
- Philippe Hugon « L’islamisme radical continuera à se développer en Afrique », JOL Press, 22 novembre 2014.. ↩
- Article 1 : Le Tchad est une République souveraine, indépendante, laïque, sociale, une et indivisible, fondée sur les principes de la démocratie, le règne de la loi et de la justice. Il est affirmé la séparation des religions et de l’État. ↩
- Philippe Hugon, op. cit. ↩
- Amnesty International, communiqué de presse « Burkina Faso. Les droits des femmes toujours autant ignorés », 15 juillet 2015. ↩