« Je pense que l’innovation en santé est un secteur d’investissement dans l’humain où il y a de formidables perspectives et la nation fait le choix conscient d’investir dans la vie humaine, d’investir dans les femmes et les hommes, d’investir dans l’intelligence collective ». Ces mots, prononcés le 29 juin 2021 par le président de la République, lors de la présentation du plan Innovation Santé 2030, mettent en exergue les atouts principaux de l’innovation pour un pays et la raison pour laquelle l’État français compte la santé parmi les secteurs d’avenir.
Ces mots ont une résonance particulière alors que la France fait face à un débat budgétaire sans précédent autour notamment de la loi de financement de la Sécurité sociale. Appeler à mieux reconnaître l’innovation en santé et à encourager la croissance dans ce secteur essentiel pour l’économie française, est une première étape. Il faut aujourd’hui aller plus loin et passer à l’action, en cohérence avec cette trajectoire fixée.
La 17e édition des États de la France vient de s’achever, et il apparaît encore plus clairement que les pouvoirs publics et les acteurs économiques jouent dans le même camp : l’attractivité de la France est l’affaire de tous ! Nous, chefs d’entreprises étrangères, travaillons au quotidien auprès de nos maisons-mères pour attirer de nouveaux investissements sur le territoire national. Pfizer a eu l’honneur de participer aux débats qui se sont tenus le 15 novembre au Palais d’Iéna, en tant qu’entreprise américaine innovante implantée en France. Si les atouts du pays comme terre d’excellence de la recherche et de l’innovation, de même que la qualité et les compétences de ses chercheurs, sont indéniablement reconnus, des leviers doivent être activés pour assurer la transformation industrielle et ce, au service de l’attractivité.
Assurer la transformation industrielle autour de trois axes stratégiques : l’accélération de la filière des biotechnologies, la production de médicaments en France et en Europe et le déploiement des collaborations d’excellence public/privé
La filière des biotechnologies est un secteur particulièrement dynamique, puisque soixante nouvelles entreprises biotechs voient le jour chaque année.
Cet atout français est reconnu internationalement et nous le soutenons. Pfizer fait le choix d’investir en France pour soutenir la recherche et la production en France. Nous nouons régulièrement des partenariats avec des biotechs, comme c’est le cas avec la société Valneva pour le développement d’un vaccin expérimental contre la maladie de Lyme, ou encore avec ImCheck, une biotech travaillant sur le traitement de certains cancers et maladies auto-immunes.
La production des médicaments sur le territoire passe aussi par la collaboration avec des façonniers. Nous collaborons avec plus d’une cinquantaine d’entreprises en Europe, dont trois françaises. Cette organisation nous a, par exemple, permis de satisfaire la demande exceptionnelle concernant nos médicaments hospitaliers et vaccins pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Autre critère déterminant dans le choix de la localisation d’un nouvel investissement : la structuration de l’écosystème que constituent pouvoirs publics, acteurs académiques, biotechs, startups, entreprises nationales et multinationales. Un certain nombre d’initiatives fructueuses ont déjà été menées en ce sens et ont livré des résultats très positifs. C’est par exemple le cas de Paris Santé Campus, centre d’excellence mondiale dédié à la structuration de la filière française en santé numérique.
Cette dynamique partenariale fonctionne aujourd’hui, et doit s’intensifier via une facilitation des collaborations, pour atteindre l’objectif ambitieux de faire de la France la première nation européenne en matière de recherche clinique.
L’innovation santé : une bataille culturelle et un enjeu de politique d’accès aux traitements
De même, instaurer une véritable culture de l’innovation est essentielle pour que la France puisse entamer sa transformation industrielle et renforcer sa compétitivité. Pour cela, il faut faire rayonner notre écosystème riche et prometteur sur la scène internationale, adapter l’offre de formation aux besoins des entreprises et aux compétences du monde de demain, et retenir nos talents. Je prendrai comme exemple le dispositif de l’École de l’Inserm Pfizer innovation France (EIPI), qui permet une formation dédiée à la recherche biomédicale dans les écoles d’ingénieur. Développer cette culture de l’innovation renvoie aussi à accepter la part de risque inhérente à tout projet innovant, mobiliser les financements nécessaires pour permettre l’industrialisation de ces projets et reconnaître la juste valeur de l’innovation. Parce que l’innovation est bien là ! Elle est entre nos mains et il faut la rendre accessible aux patients. C’est l’enjeu majeur aujourd’hui. Or, les avancées médicales que nos entreprises de santé développent aujourd’hui sont en rupture avec les modèles économiques existants et il faut pouvoir anticiper leur arrivée, tout en assurant la soutenabilité de notre système de santé, afin que chaque patient puisse avoir accès à ses traitements.
Fiscalité : éviter l’écueil des freins à la pénalisation de l’innovation
Enfin, la protection de la propriété intellectuelle et une fiscalité plus incitative pour les entreprises sont les conditions nécessaires à l’émergence de l’innovation en santé et aux investissements sur des programmes de recherches risqués. Si la baisse de l’impôt sur les sociétés engagée depuis plusieurs années a permis jusqu’ici une normalisation de la fiscalité française par rapport à la moyenne européenne, les nouvelles mesures envisagées de baisse de l’impôt de production vont dans le bon sens, tant celui-ci est aujourd’hui parmi les plus élevés au monde. Pour qu’un cercle vertueux s’établisse permettant de faire le lien entre innovation, investissement et croissance économique, il est nécessaire de créer des conditions de confiance, de donner de la visibilité aux industriels et d’éviter toute mesure politique, règlementaire ou administrative qui viendrait pénaliser l’innovation.
Les hauts responsables industriels présents aux États de la France partagent ce constat : les réformes entamées depuis 2017 en faveur de l’attractivité du pays vont dans le bon sens.
Pour autant, il est aujourd’hui indispensable de garantir davantage de flexibilité et d’agilité (comme ce qui a été privilégié dans la gestion de la crise de Covid-19), de mettre en œuvre des réglementations réalistes et mesurées, et de coopérer entre les acteurs, à tous les niveaux.
C’est à ces seules conditions que la transformation industrielle et le renforcement de la compétitivité du pays se feront, que les patients auront accès aux traitements innovants, et que la France pourra renforcer sa place de leader dans l’Europe de la santé.
Reda Guiha
Président Pfizer France