Frédéric Masquelier, Maire de la commune de Saint-Raphaël depuis 2017, s’est exprimé sur l’impact que pourrait avoir l’organisation des JO de 2024 sur d’autres événements culturels ou festifs, en raison notamment des enjeux liés à la question de la sécurité.
Revue Politique et Parlementaire – Il semblerait qu’en raison des contraintes en matière de sécurité induites par l’organisation des JO en 2024, l’Etat s’apprêterait à demander l’annulation ou le report de certaines manifestations culturelles ou festives. Vous vous en êtes ému sur Twitter. Pourquoi ?
Frédéric Masquelier – C’est une décision, une nouvelle fois, prise par les hautes autorités de l’Etat, sans prendre en compte les réalités du bas, notamment celles de la province.
Je précise que la sécurité publique est la mission régalienne de l’Etat et que nos concitoyens ont le droit d’être en sécurité de manière permanente et non pas par intermittence.
Particulièrement en période estivale, la population triple dans des villes littorales comme la commune de Saint-Raphaël. Nous arrivons à faire face à ce flux de touristes qu’avec l’aide des forces de l’Etat. Il n’y a pas que l’organisation des manifestations culturelles ou festives qui pose problème.
En effet, lorsque nous organisons des manifestations, l’Etat nous impose déjà de plus en plus de mesures contraignantes vis-à-vis de la sécurité de nos concitoyens.
Le problème est principalement celui de la gestion courante d’une population touristique au quotidien avec tous les risques de débordements qui existent, et qui ne sont maîtrisés qu’avec l’aide des renforts de police. Tout le monde sait, en effet, que pendant cette période estivale certains esprits s’échauffent et que la délinquance augmente.
Et même s’il ne s’agissait que d’annuler des manifestations festives, est-ce légitime de supprimer les grands rassemblements comme les feux d’artifice ou les festivals de musique parce qu’il y a les jeux olympiques à Paris ? Cela en dit beaucoup sur l’état réel de nos forces de sécurité…et cela donne un signal très défavorable à ceux qui vivent déjà avec un sentiment d’impunité.
RPP – Pour une ville comme Saint-Raphaël, si cette disposition était confirmée, quel en serait l’impact et le coût potentiellement ?
Frédéric Masquelier – Je rappelle que Saint-Raphaël, comme d’autres communes, voit ses effectifs de police renforcés par une compagnie de CRS pour la période estivale (Juillet/Août). En outre, Saint-Raphaël, cité balnéaire, est également renforcée par des CRS/MNS sur les postes de secours des plages.
Les contraintes sécuritaires dont vous faites état, auront inéluctablement des conséquences quant à l’organisation de la sécurité sur ma Commune. D’une part, l’absence de CRS/MNS sur les postes de secours devra être comblée pour assurer la surveillance des plages ce qui représente près de 5 emplois à temps plein. D’autre part, disons-le clairement, l’absence de compagnie CRS en renfort ne pourra pas être comblée au regard de la spécificité et du professionnalisme des missions des CRS qui dépassent largement celles des polices municipales.
Les effectifs de la Police Nationale, qui viennent juste d’être stabilisés sur notre circonscription, ne pourront évidemment pas faire face à l’augmentation du risque de délinquance.
C’est pourquoi si les renforts sont supprimés la sécurité des administrés pourrait se voir nettement impactée ce qui ne serait pas admissible.
RPP – Entendez-vous conduire une action en direction de l’Etat pour éviter une telle éventualité et si oui selon quelles modalités ?
Frédéric Masquelier – L’Association des Maires de France (AMF) s’est emparée du sujet. L’AMF souhaite mener une action forte auprès du Ministère de l’Intérieur. Pour ma part, je pense que s’agissant d’une question concernant la protection des populations du territoire, il convient que le Ministère des armées soit mis dans la boucle pour que les forces militaires suppléent, dans la mesure du possible, sous une forme ou une autre, la carence des forces de police et que des moyens budgétaires soient dégagés pour motiver les effectifs en tension par le paiement d’heures supplémentaires ou de primes.
Frédéric Masquelier
Avocat – Docteur en droit
Maire de Saint-Raphaël
Propos recueillis par Arnaud Benedetti