Les frappes menées par Israël contre la République islamique d’Iran, d’une ampleur sans précédent, ont pour but de provoquer un changement de régime.
Tsahal continuait ce dimanche à frapper plusieurs sites militaires, des installations de missiles et des dépôts d’armes en Iran, plus particulièrement dans l’ouest du pays, et à Téhéran la capitale iranienne. L’un des bâtiments du ministère des affaires étrangères, qui participe aux opérations d’influence du régime iranien à travers le monde, a également été pris cible.
Dès les premiers bombardements, dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs personnalités importantes du régime iranien ont été tuées. Parmi eux, Hossein Salami, le chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique – la bras armé du régime des mollahs -, Mohamed Bagheri, le chef d’état-major de l’armée iranienne, et Ali Shamkhani, l’ancien secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale (SNSC), proche du Guide suprême Ali Khamenei. Une vingtaine d’officiers généraux et des scientifiques ont également péri. Les informations remontant de l’intérieur de l’Iran indiquent que les appareils politique, militaire et sécuritaire ont été particulièrement déstabilisés. Une personnalité qui travaille dans l’entourage du bureau d’Ali Khamenei, nous expliquait ce week-end qu’« Israël a conçu cette série d’attaques pour aller jusqu’au bout de la ligne, si nécessaire (…). Je pense qu’Israël fera de Khamenei un loup solitaire, et le tuera comme il a tué Hassan Nasrallah. »
« Il ne s’agit pas de la guerre du peuple iranien, mais de celle de Khamenei. »
Lors d’un entretien télévisé avec Fox News dimanche après-midi, le Prince Reza Pahlavi, principal leader de l’opposition iranienne en exil, déclarait, au sujet des civil tués par les bombardements israéliens et iraniens : « Je tiens tout d’abord à exprimer ma compassion envers les victimes, les civils en Iran et en Israël, qui sont malheureusement les victimes de ce conflit. Mais une chose est claire, et je l’ai mentionnée lors de notre dernier entretien : il ne s’agit pas de la guerre du peuple iranien. C’est la guerre d’Ali Khamenei (le guide suprême, ndlr) et c’est lui seul qui est responsable d’avoir amené les choses à ce point. »
Au même moment, une information émanant de sources proches du renseignement indiquait que le président américain se serait opposé à son élimination.
Tout semble pourtant indiquer qu’Israël veut en finir au plus vite avec les mollahs.
Dans un contexte de chaos, le Corps des Gardiens de la révolution islamique, qui compte 180 000 hommes environ, et détient près de 70% de l’économie nationale, a connu plusieurs défections d’officiers hauts gradés. Une partie de ses infrastructures financières ont été endommagées. Alors que le Bazar, véritable poumon économique de l’Iran, a fermé ses portes, que le pays se retrouve privé d’électricité, et que 2/3 du territoire est en proie à un manque d’eau potable, tout tend à montrer que l’avantage n’est pas aux mollahs.
Hier soir, des habitants de Téhéran scandaient dans la rue mort « Mort à Khamenei », même si les iraniens que nous avons joints via messagerie cryptée ne cachaient pas leur peur panique des bombardements.
Un régime fracturé
Avant l’attaque israélienne, des officiers de l’armée nationale iranienne, qui compte 400 000 hommes, nous confiaient qu’en cas de conflit, elle aurait de quoi tenir à peine six semaines.
Qu’en est-il vraiment aujourd’hui ? Selon l’activiste franco-iranienne Hilda Dehghani-Schmidt, « le pouvoir iranien a demandé aux civils de se cacher dans les mosquées où ils entreposent des munitions, pour en faire des boucliers. Il empêche aussi de secourir les civils prisonniers des débris après les bombardements. Cela montre la faiblesse du régime, qui a pris en otage sa population. »
Le Premier ministre israélien a déclaré sur Fox News qu’un changement de régime « pourrait définitivement être le résultat » de l’offensive israélienne, tout en précisant que « la décision d’agir contre le régime appartient au peuple iranien ».
Des propos confirmés par Arman Shahbazi, journaliste de la chaine d’opposition Door TV, également membre du « Front Iranien pour le rétablissement de l’État de droit », un parti politique démocratique iranien : « Ce qui est clair, c’est que le programme nucléaire iranien est si complexe qu’il ne pourra pas être détruit uniquement par des opérations militaires. Israël vise donc clairement un changement de régime. Un site officiel iranien proche du régime, Ehtesad on Line, publiait samedi des informations selon lesquelles des Afghans serviraient de supplétifs au Mossad sur le sol iranien pour mener des opérations dans le pays, qui devraient servir cet objectif. On comprend donc qu’il y a un travail en profondeur sur le terrain. »
Alors que les appels à la retenue se multiplient, l’agence de presse iranienne IRNA annonçait hier la mort du chef du renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique, le général Mohammad Kazemi, tué avec deux autres officiers lors d’une frappe ciblée.
Comble de la paranoïa qui règne chez les mollahs, les services du ministère du renseignement iranien publiaient dans la nuit un communiqué appelant « les citoyens à rester vigilants face à la circulation de véhicules utilitaires légers tels que camionnettes et mini-camions à des heures inhabituelles. »
« Il y aurait déjà 81 personnalités de haut rang qui ont trouvé la mort en Iran. La légende de l’invincibilité de la République islamique a été réduite en cendres », assurait ce matin l’ex-agent spécial de la DEA et ancien diplomate irano-américain Amir Hamidi, considéré l’un des meilleurs spécialistes du régime iranien et des gardiens de la révolution islamique. Il ajoutait : « Ceux qui terrorisent l’État Hébreux sont les mêmes qui emprisonnent, torturent et assassinent nos enfants en Iran depuis 46 ans. Le monde doit désormais comprendre que le peuple d’Iran se tient au côté d’Israël, et que la fin de la République islamique est proche ».
Emmanuel Razavi
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