Samedi 27 juillet, un tir de roquette attribué au Hezbollah a fait douze jeunes victimes à Majdal Shams, un village Druze, situé sur le plateau du Golan occupé par Israël.
Samedi 27 juillet, Paris.
Tout est prêt pour que la Ville-Lumière fraternise avec le genre humain. Sous le pont Mirabeau coule la Seine… Et sur la Seine vogue un monde rêvé, avec cette impression rare que les guerres, mises soudainement hors-la-loi, n’auront qu’à se faire voir ailleurs.
Samedi 27 juillet, Majdal Shams.
Majdal Shams est un petit village Druze dans le nord d’Israël à quelques encablures du Liban. C’est jour de foot pour les enfants du coin. Ils vont s’éclater comme on dit à l’ouest du monde Ils sont « chauds » et promettent un match qui n’aura rien à envier à la liesse olympique qui traverse Paris, cette ville mythique où, paraît-il il y a un pont qui s’appelle Mirabeau, — un drôle de nom pour un pont pensent les gamins. Un jour peut-être ils apprendront qu’un exilé russe, naturalisé français, mort pour la France deux jours avant la fin de la Première Guerre mondiale et qui s’appelait Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky a immortalisé et ce pont et Paris. Mais tout cela, c’est de l’Histoire pour les grands. Ils ont d’autres chats à fouetter comme par exemple marquer des but pour épater les parents. Ce n’est pas le moment de penser que, dans cinq ou six ans ils feront leur service militaire dans Tsahal : un service qui a toutes les malchances de leur rappeler qu’ils vivent dans un pays en guerre où les jeunes n’ont pas vraiment le temps de se souvenir de leur jeunesse.
A Paris, la vie s’enivre à plus soif. Sur le fleuve, de mémoire de Seine, on avait jamais vu si beau transport d’insouciance devant ce ballon dirigeable abritant la flamme de la fraternité et s’élevant majestueusement dans le ciel. Mais il pleut sur Paris-la-Belle et chacun craint que la flamme ne s’éteigne.
A Majdal Shams, la mort est venue du ciel. A défaut d’une flamme gorgée d’espérance, ce sont les brûlures de l’enfer qui ont calciné en quelques minutes 11 petites vies. Sur le stade, leur sang n’a rien d’un fleuve tranquille. A Paris on s’éclate comme à la gay pride ; à Majdal Shams, onze gamins ont été éclatés par la mort islamiste.
À l’ouest rien de nouveau. À l’est non plus.
La communauté druze est en deuil et c’est toute la société israélienne qui pleure avec elle. Les Druzes Israéliens ont toujours été un formidable exemple d’intégration et une preuve éclatante que l’idée même de coexistence n’est pas une utopie ; aussi sont-ils une formidable tête de pont entre l’Etat hébreu et les Palestiniens des territoires occupés. Ils ont appris l’hébreu à l’école, côtoient des Juifs avec lesquels ils se lient d’amitié lors de leur service militaire tout en conservant leur culture et leur langue.
Qu’on ne s’y trompe pas. En attaquant la communauté druze, les islamistes savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Ce massacre n’est en rien une « bavure militaire » mais la volonté clairement affichée du Hamas de punir ces druzes, qui n’ont pas la haine du Juif. Des centaines de druzes sont morts à la guerre dans les rangs de l’armée israélienne. Beaucoup de jeunes appelés ont été tués à Gaza. Le Hezbollah, le Hamas, les Houthis, ont la barbarie dans le sang. Ces assassins islamistes biberonnés au poison iranien, sont bien les fils des nazis qui poussaient les enfants vers les chambres à gaz aujourd’hui remplacés par des drones tuant des enfants sur un stade de foot. Autre temps, autre massacres.
La barbarie a cela d’ordinaire qu’elle repose sur l’absence totale d’empathie. Car, onze cercueils menés en terre entourés d’une foule ivre de colère et perdue de douleur n’empêcheront jamais les assassins de dormir. C’est ainsi.
Jeudi 30 et mercredi 31 juillet.
Israël a frappé. D’abord en éliminant l’homme soupçonné du massacre de Majdal Shams, Nassan Hasrallah, dans un quartier de Beyrouth connu comme le centre névralgique du Hezbollah puis quelques heures plus tard l’élimination de Ismaël Haniyah considéré comme le numéro 1 du Hamas. Au-delà des éructations verbales de circonstance en Iran, en Russie, en Turquie notamment, tout le monde sait que l’élimination de ces deux individus va considérablement modifier le rapport de force au sein de la nébuleuse palestinienne d’une part et de la géopolitique régionale de l’autre. Il n’empêche. L’extrême-gauche française pour ne citer que celle-là, n’a pas vraiment poussé ses troupes à descendre dans la rue pour manifester contre le massacre de ces onze enfants druzes. Mais si c’eût été l’inverse, c’est-à-dire une frappe israélienne sur des civils, alors la place de la Bastille n’aurait pas été assez grande pour contenir une foule arborant — c’est devenu une habitude de mise en scène — des mains barbouillées de rouge.
Samedi dernier, on a vu les délégations sportives nord-coréenne, iranienne, algérienne ou cubaine défiler sur la Seine. Pour ma part je me suis demandé à quoi pouvaient penser ces jeunes athlètes issus de pays qui ne sont que des prisons à ciel ouvert. S’évader ? Sans doute. Mais leurs familles sont prises en otage, alors… J’ai aimé la présence d’une délégation sportive palestinienne comme j’ai aimé celle d’Israël.
N’en déplaise à Thomas Porte et à tous les Insoumis, non seulement Israël est bienvenu à Paris mais tous les sportifs tout pareillement…sauf bien sûr les tartuffes dont LFI est la plus éclatante délégation.
Michel Dray