Les États-Unis, alliés indéfectibles d’Israël, sont les seuls membres de l’Otan capables à l’heure actuelle d’appuyer militairement ou logistiquement le gouvernement d’urgence nationale constitué par les autorités israéliennes confrontées à une crise d’une ampleur gigantesque où la survie du pays est en jeu, et à pouvoir assumer en parallèle la poursuite de leur soutien, jusqu’à présent inconditionnel, aux Ukrainiens dans le cadre de la guerre d’attrition menée par Moscou contre Kiev…
Le Royaume d’Arabie Saoudite, avec le soutien souhaitable des monarchies du Golfe et celui du Souverain chérifien au Maroc, est pour sa part probablement la seule puissance du Moyen-Orient en mesure de réfréner la bascule dans le chaos et peut-être de canaliser la colère des foules du monde arabe qui ont d’ores et déjà attribué la responsabilité des centaines de victimes civiles de l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza à l’armée israélienne, sans attendre aucune investigation sérieuse de ce drame ajouté dix jours après à celui du 7 octobre 2023. Ĺes monarchies du monde arabe ont absolument tout à perdre de l’embrasement généralisé qui commencera par la Cisjordanie, recherché par la nébuleuse terroriste islamiste et par ceux qui, en Turquie ou en Iran, croient pouvoir en tirer un quelconque profit dans leurs visées expansionnistes, sans véritable considération pour la cause de la Palestine et la souffrance indicible des populations civiles prises au piège de l’engrenage, ruinant sciemment les timides mais tangibles progrès en direction d’une normalisation dans la zone accomplis grâce à la signature des Accords d’Abraham. La Ligue arabe n’est pas en mesure de jouer ce rôle de frein, si tenté qu’elle en soit capable, dans cette partie d’échecs mortifère à l’échelle de la planète, au cours de laquelle les masques tombent et les dernières illusions se dissipent quant à la nature profonde du mal qui a conduit le monde au bord de l’abîme.
La France a combattu pratiquement seule au Sahel et le repli inéluctable de ses militaires des zones de pénétration et propagation djihadistes en Afrique, suite au renversement de gouvernements démocratiques par des juntes sous influence russe, marque un tournant crucial pour des populations qui ne mesurent pas encore tout ce que cela implique pour leur sécurité et leur devenir…
Auparavant, les forces de la coalition occidentale avaient abandonné l’Afghanistan aux mains des Talibans en août 2021 dans des conditions de gâchis militaire, moral et financier que l’on peut légitimement déplorer aujourd’hui au vu de la déflagration du 7 octobre 2023. On croyait l’hydre du terrorisme islamiste jugulée avec l’éradication apparente de l’Etat islamique – Daech – de son périmètre d’expansion en Syrie et en Irak à partir de 2019, in fine il n’en est rien… Elle a emprunté une autre forme avec le Hamas, en enregistrant les trop nombreux signaux de faiblesse de l’Occident, testant insidieusement ses capacités de résistance et de réponse à toutes les agressions protéiformes qu’elle n’a finalement jamais cessé de lui infliger de longue date, sondant inlassablement nos failles et à l’aguet de nos moindres renoncements. L’hydre semble ironiquement échapper à la monstruosité de la politique macabre des têtes coupées qu’elle inflige à ses victimes innocentes. L’effroi que ses actions basées sur la haine à l’état pur, l’antisémitisme viscéral vis à vis de la population israélienne, le déni de l’humanité pour tous ceux qui ne se soumettent pas à son interprétation fausse de l’islam, est un poison redoutablement pernicieux : il a déjà commencé à nous tuer.
Les démocraties occidentales sont plus que jamais confrontées à la pire des menaces, le spectre de nations qui se défont lentement mais sûrement.
« L’Europe a peur de l’islamisme… elle est prête à tout lui céder. » souligne également celui qui a vécu une partie de son enfance dans une rue à 100 mètres de celle où se trouvait la maison d’Albert Camus…
Trois ans après l’abominable décapitation de Samuel Paty, notre « cher et vieux pays » frappé en 2015, 2016, replonge dans le même cauchemar, l’assassinat d’un professeur, Dominique Bernard, par un jeune Tchétchène de 20 ans (qui n’avait certainement pas sa place dans la communauté nationale !), ancien élève du lycée d’Arras où sa victime transmettait son savoir et son amour de la littérature française. Il n’y avait pas de fatalité : dans les deux drames, des vies auraient pu se poursuivre si collectivement on avait pris conscience que depuis les attentats du 11 septembre 2001, nos démocraties occidentales étaient en proie au refus coupable de regarder en face l’implacable réalité d’un monde où nos valeurs n’ont plus aucun cours face à ceux qui s’approprient diaboliquement et de manière erronée ce qu’ils croient être le message de Dieu. Au sud d’Israël, dans la cour d’un lycée d’Arras, aux abords d’un stade de Bruxelles en tuant deux supporters suédois d’un match de football, des fanatiques prêts à massacrer ceux qui ont l’infortune de croiser leur route mortifère, poursuivent un but qui n’a rien à voir avec la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël.
L’heure est indéniablement grave et notre liberté est menacée. Le terrorisme islamiste est en passe de renverser le peu qui reste de notre cohésion nationale et la partie est en train de se jouer sans que la voix de l’Europe pèse beaucoup dans la balance.
Le 7 octobre 2023 , le « déluge d’Al Aqsa » a bel et bien ouvert la porte sur un aperçu de l’enfer qui attend le monde entier si le Président des États-Unis et le Prince héritier du Royaume d’Arabie Saoudite ne parviennent pas à enrayer l’engrenage de l’escalade…
Eric Cerf-Mayer