Les différentes hausses de taux d’intérêt décidées par la BCE vont induire un tassement de la croissance économique. Dès lors, les objectifs de redressement des Finances publiques de la France sont incertains voire compromis car la lutte contre l’inflation a un coût pour l’activité.
La Cour des comptes publie ce jeudi un rapport annuel portant sur la situation et les perspectives des finances publiques.
Le constat est aussi limpide que sévère : » les hypothèses économiques sur la croissance sont susceptibles de susciter de la déception « . Ainsi la Cour rappelle que le Gouvernement table sur » une croissance moyenne prévue sur 2024 – 2027 supérieure de 0,3 point à celle du consensus des économistes « .
Concrètement, les sages de la rue Cambon ont effectué la détermination quantifiée d’une croissance plus atone que prévue par l’Exécutif. Pour l’heure, celui-ci prend la prévision de + 1,7% de croissance entre 2024 et 2027.
A l’opposé, les économistes retiennent un taux de 1,4% ce qui semble encore généreux au regard des risques de stagflation que je détecte consécutivement à la récession allemande et au repli dans la zone €uro.
Compte-tenu de ce vrai trou d’air portant sur la croissance, la Cour considère qu’il est impératif et impérieux de réduire la dépense publique.
» Ramener le taux de croissance de la dépense de 1,2% à 0,4% signifie qu’il faut trouver chaque année 12 Mds d’économies soit, en cumulé à l’horizon 2027, près de 60 Mds d’€uros. «
En d’autres termes, puisque notre pays a régulièrement un déficit budgétaire situé entre 120 et 152 Mds ( PLF 2022 ), cela consiste à conclure que l’effort annuel doit représenter un peu plus de 10% de notre déficit.
Faire un effort de 10% sur le déficit public n’est pas hors d’atteinte. Bien des particuliers font plus d’efforts pécuniaires par ces temps de crise !
Autrement, la dette continuera à prospérer : la Cour considère qu’elle pourrait atteindre 116,1% du PIB en 2027 ce qui représente presque 8 points en excédent du scénario du Gouvernement.
Le chemin que parcourt nos finances publiques sera de plus alourdi par la charge de la dette. Près de 70 Mds sont désormais projetés comme montant d’intérêts de la dette à horizon 2027.
Pour conclure, nous sommes un pays important de la zone €uro et nos difficultés pourraient contraindre nos partenaires à acter – dans un sens négatif – que la France, porteuse de plus de 3.000 milliards de dette est bel et bien en passe de devenir l’homme malade de l’Union.
Jean-Yves Archer
Economiste et membre de la Société d’Economie Politique
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