Il est de ces héros qui meurent sur le champ de bataille, les armes à la main. Il en est d’autres qui, tout en s’efforçant de lutter, facilitent en réalité l’avancée de l’ennemi. Gérald Darmanin est de ceux-là. Il est, malgré lui et dans la droite ligne du multiculturalisme non assumé d’Emmanuel Macron, un facilitateur de l’islamisation de la France, un héraut de l’halalisation des territoires, un porte-drapeau officiel de ce que l’on nomme désormais « l’islamisme soft ». Explications.
Dans un entretien croisé avec le sociologue Bernard Rougier pour le Figaro, intitulé : « Peut-on encore vaincre l’islamisme » ?, Gérald Darmanin mettait d’entrée de jeu en garde Alexandre Devecchio et Carl Meeus : « Il ne faut pas être les idiots utiles des islamistes. » La réplique de manque pas de piquant quand on sait que ces deux journalistes sont très au fait de la réalité de l’islamisation des territoires et quand on voit combien de perches ils ont tendues au ministre, tout au long de l’interview, pour souligner les failles de son raisonnement. Mais Gérald Darmanin n’entend pas ; il s’entête, persuadé que sa lecture de la crise politique et civilisationnelle que traverse la France est pertinente, persuadé que ses arguments font mouche. Tout cela nuit aux efforts qu’il consent par ailleurs à la lutte contre l’islamisme et le djihadisme. Deux extraits révélateurs :
Question des journalistes : « Le terrorisme prend sa source dans l’islamisme mais il est clair que l’islamisme prend sa source dans une crise de l’intégration et une immigration trop concentrée. Dans un pays confronté à une crise sociale, sanitaire, sécuritaire et culturelle, est-il encore possible d’accueillir dans de bonnes conditions de nouveaux arrivants ? »
Réponse du ministre : « Sur les 22.000 individus inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, les trois quarts sont français. Vingt-deux des 30 derniers attentats ont été perpétrés par des Français. Il peut y avoir un lien entre séparatisme, terrorisme et immigration, le drame de Nice l’a montré, mais ce lien n’est pas systématique. La fermeture des frontières ne règlera pas le problème de l’islamisation. »
Première erreur : Dire que « les trois quarts sont français » ne trompe personne, car ces individus sont tous issus de l’immigration arabo-musulmane ou africaine ; la proportion de convertis à l’islam, et de surcroît à l’islam radical, étant ridiculement faible.
C’est donc bien l’immigration et la naturalisation massives, en roue libre depuis des décennies, qui sont en cause.
Deuxième erreur : Les journalistes pointent du doigt la nature des crises qui traversent la société française, notamment sociale, sécuritaire et culturelle. La diaspora musulmane, issue du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, y est particulièrement confrontée. Des territoires entiers sont en sécession avec la République, et la fracture culturelle fait aujourd’hui de l’islam la première référence en matière de mœurs, de traditions et de loi dans ces quartiers. Or cette dimension culturelle, civilisationnelle, de l’analyse passe entièrement sous le radar du ministre.
Troisième erreur : Si les trois-quarts des 22 000 individus sont français, cela signifie qu’un quart ne l’est pas, soit environ 5 000 individus. Le lecteur s’interroge alors : 5 000 individus dangereux qui ne sont pas français ? Mais que font-ils sur notre sol ? Pour le ministre, semble-t-il, les questions sont ailleurs… Son obsession : surtout ne pas stigmatiser la communauté musulmane. Mieux, montrer que la culture musulmane fait partie intégrante de la République, et donc de la France, comme la réponse à la question ci-dessous le démontre sans conteste.
Question des journalistes : « Il y a eu aussi un amendement rejeté qui voulait interdire le voile des fillettes. Est-ce si absurde que ça de s’attaquer aux symptômes quand le voile est à ce point un étendard identitaire pour les islamistes ? »
Réponse du ministre : « Saïd Boualam, dit le bachagha Boualam était vice-président de l’Assemblée nationale quand Michel Debré était premier ministre. Il venait en tenue traditionnelle et musulmane. Son expression religieuse ne l’empêchait pas d’être à la fois parlementaire et patriote. […] On rentrerait dans le piège des islamistes en pensant que la France ce n’est qu’une race, une tradition et une culture. »
Première erreur : La France à laquelle le ministre fait référence est la France coloniale, d’avant 1962. Plus qu’une erreur, c’est presque une faute politique.
Deuxième erreur : Cet homme, Saïd Boualam, aussi remarquable qu’il ait pu être, était député d’une circonscription d’Algérie, pas du Gers ou de Normandie. La France, en tant qu’Empire, incluait l’Algérie, et donc sa culture. Il était donc naturel que celle-ci puisse s’exprimer, jusqu’au Parlement. C’est d’ailleurs ce qui a fait pencher le Général de Gaulle, conscient de l’impossible assimilation de masse, en faveur de l’indépendance ; d’où cette fameuse phrase si polémique et pourtant si juste : « Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants ». De Sarkozy à Macron en passant par Chevènement, nombreuses ont été ces « cervelles de colibris » favorables à l’intégration… Gérald Darmanin ne fait pas exception.
Troisième erreur : le ministre croit être plus subtil que les islamistes et les intellectuels de la droite conservatrice en mettant en garde le lecteur contre une vision réductrice de la France : « On rentrerait dans le piège des islamistes en pensant que la France ce n’est qu’une race, une tradition et une culture. » Or, tout d’abord, placer la notion polémique de « race » et celles de tradition et de culture sur un même plan est, vu les circonstances, une faute politique – une de plus. Ensuite, l’artifice consistant à discréditer ce que l’on ne comprend pas pour éviter de montrer que l’on ne sait pas agir dessus est des plus grossiers. Car la culture et les traditions françaises sont en recul partout sur le territoire national, et ce de l’avis de tous les Français.
Quant aux territoires perdus de la République, la culture française en a été totalement éradiquée. L’islam civilisationnel y règne en maître.
Gérald Darmanin en a-t-il conscience, lui qui ne comprend pas qu’entre islam religieux et islam politique existe un islam culturel, civilisationnel, qui constitue le véritable nœud de la problématique islamiste ? Tente-t-il d’y remédier ? Non ! Il préfère discréditer encore un peu plus les traditions et la culture françaises, et expliquer que le voile pour les fillettes est hors-sujet, qu’on peut venir en tenue islamique siéger au Parlement tout en étant républicain, et que « les expressions religieuses n’ont jamais empêché d’être patriotes ».
En un mot, Gérald Darmanin fait la promotion de la civilisation islamique, sans le dire, en montrant qu’elle est tout à fait compatible avec la République, qu’elle a toute sa place en France, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, et qu’elle peut même être garante d’un patriotisme de référence. Si à cela on ajoute le refus de considérer la menace civilisationnelle que fait peser sur la France l’accroissement continue des diasporas arabo-musulmanes et africaines via l’immigration de masse, il est donc légitime de voir en Gérald Darmanin, un « porte-drapeau officiel de ce que l’on nomme désormais « l’islamisme soft » », ainsi que nous l’avons mentionné en introduction.
Frédéric Saint Clair
Analyste politique