La fin de l’année 2023 approche et le moins que l’on puisse dire est que cette période traditionnelle de réjouissances et de réunions familiales autour de la pause de Noël s’annonce hélas sous les auspices les moins rassurants pour notre « cher et vieux pays » et au-delà pour l’ensemble de la planète ravagée par des conflits meurtriers à l’issue incertaine au fur et à mesure où notre impuissance à les résoudre s’avère de plus en plus flagrante…
Les premiers jours de décembre où la nuit s’abat tôt sous nos latitudes sont l’occasion de célébrer des fêtes de la lumière, Hanouka dans la religion juive, les illuminations de Lyon, la Sainte Lucie en Suède, autant d’occasions où la flamme des bougies aide à repousser l’angoisse des ténèbres et apporte un peu de paix dans la tourmente du monde.
Il suffit d’une toute petite lueur pour chasser l’obscurité mais elle est de moins en moins perceptible en France où l’effondrement de l’autorité est de plus en plus patent et où le déni des réalités va finir de couper le bloc élitaire aux manettes de la majorité du peuple français victime d’un déclassement accéléré et livré à toutes les menaces qui minent inexorablement les sociétés occidentales, fracturées et incapables de sortir de l’ornière car leurs dirigeants ont abdiqué depuis trop longtemps en choisissant par lâcheté de pactiser avec leurs pires ennemis intérieurs et extérieurs, de l’idéologie woke la plus désagrégeante à la poussée de l’islamisme radical insidieuse et mortifère pour nos libertés et nos racines civilisationnelles. La répétition lancinante des drames – de Crépol au pont de Grenelle pour les deux derniers en date les plus révélateurs de l’état réel du pays-, qui suscitent à chaque fois les mêmes discours sans effets d’un pouvoir impuissant à enrayer la trajectoire du déclin et inapte à protéger les victimes de cette descente aux enfers, signe une faillite d’une ampleur sans précédent dans notre histoire récente. La décomposition est de plus en plus visible et notre destin collectif semble de plus en plus aux mains d’une caste d' »irresponsables de rien » qui avancent à tâtons et nous mènent tout droit vers l’abîme avec ce qui relève d’une inconscience teintée de mauvaise foi et d’un cynisme exaspérants aux yeux d’une partie grandissante de l’opinion publique excédée par la doxa dominante dans la fraction des médias inféodée aux artisans des mensonges et omissions officiels, distillés sans discontinuer sous couvert d’une communication creuse et fausse. Ceux que l’opinion publique finira tôt ou tard par assimiler à des fossoyeurs de la cohésion nationale s’obstinent à ne retenir aucune leçon des évènements tragiques qui constituent la trame de l’actualité au fil des mois depuis les émeutes du début de l’été, et bien pire, ils en masquent la gravité autant par peur d’affronter la réalité que parce qu’ils ont conscience de ne plus rien maîtriser tellement ils ont laissé pourrir la situation. Comment expliquer qu’on puisse aux plus hauts niveaux de gouvernance encore parler de sentiment de violence ou d’insécurité alors que ces deux fléaux ravagent notre vie quotidienne et accentuent jour après jour, de Dijon à Lille en passant par Marseille, Romans-sur- Isère et bien d’autres villes et villages, les divisions du pays au delà du supportable ? La parole publique hors sol perd toute crédibilité et ne mérite plus aucun respect lorsqu’on peut entendre sur les ondes au lendemain de l’attentat terroriste du pont de Grenelle que les deux survivants de ce crime sont « en bonne santé », après avoir reçu des coups de marteau assénés avec rage et frôlé de peu la mort infligée à un jeune touriste au nom d’une cause abjecte, ignoble et irrecevable ! Quelle image renvoie-t-on d’une France qu’on voudrait nous faire croire désormais incapable de juguler la radicalisation islamiste de milliers d’individus (5000 ?) susceptibles de passer à l’acte à n’importe quel moment et endroit du territoire national, où les responsables politiques se défaussent en permanence des défaillances et insuffisances d’un système judiciaire largement inadapté aux menaces présentes sur la fatalité et un état de droit alibi à tous les renoncements alors même que nos services de police et de renseignements luttent sans relâche pour repousser des attaques incessantes ?
En France, la radicalisation ne constitue pas une infraction en soi, mais au regard des Français qui ne sont plus dupes des inepties qu’on leur serine, macronie en tête du palmarès, sans rougir du matin jusqu’au soir pour masquer l’impéritie du pouvoir, il ne fait plus de doutes qu’elle tue et que le risque de mourir sous le coup de couteau d’un terroriste islamiste est statistiquement beaucoup plus grand et plus probable que celui d’être tué par un membre d’un groupuscule de l’ultra-droite, la dernière tentative de diversion ou fantasme de la cohorte de somnambules dans nos institutions et au sein de la représentation nationale qui évoluent dans un univers où il est impossible de faire échec aux exactions des Black blocs, où les saccageurs de Sainte Soline écopent de peines avec sursis, mais où les nazillons s’apprêtent à mettre cités et campagnes à feu et à sang et servent d’exutoire de circonstance aux aboiements tenant lieu de débats contradictoires avec le groupe d’opposition du RN qu’on peut observer sporadiquement dans l’hémicycle du Palais Bourbon.
L’ensauvagement de la société française se mesure à l’aune de 120 agressions à l’arme blanche par jour mais il se reflète aussi quelque part dans la violence en politique qui revêt les formes les plus inattendues du déni de la réalité (qualifier de sentiment un fait de société dûment établi) vis-à-vis des électeurs s’apparentant à une forme de mépris jusqu’à des formules comme le « Ferme ta gueule » du Président du Sénat adressé de manière il est vrai indirecte à la figure de proue de plus en plus controversée de la LFI, arrivée en troisième position du premier tour de la présidentielle d’avril 2022, en passant par les manques d’exemplarité les plus criants comme notamment le vapotage loin d’être anodin de la Première ministre dans un lieu où il n’est pas autorisé, autant de signes d’un délitement qui augure très mal de l’évolution de la France dans les semaines et les mois à venir et face aux défis à relever en 2024, sans parler des traumatismes à surmonter au lendemain d’un attentat terroriste qui souligne une fois de trop encore notre extrême vulnérabilité dans la montée des périls actuelle.
L’heure de vérité est là avec le vote (ou pas) en perspective la semaine prochaine sur un projet de loi sur l’immigration qui ne répond plus aux attentes des électeurs et à leurs inquiétudes légitimes par déconnexion du texte clivant dans son essence même entre la droite et la gauche avec la réalité du terrain, eux qui vivent les conséquences de l’absence de contrôle et de l’échec de l’intégration dans les territoires où une partie de la jeunesse française issue de cette immigration ne se sent plus partie prenante à l’ensemble national et en rejette les règles pour des problèmes (trafic de la drogue, montée du radicalisme islamiste… ) que la classe politique dans son ensemble n’a pas su ou voulu maîtriser au fil des décennies…
Ce projet de loi marquera probablement une fois de plus les limites du « En même temps » en période de crise existentielle majeure.
Nos dirigeants sont en définitive au pied du mur et le « cher et vieux pays » avec. La toile de fond tant sur le plan interne que sur le plan externe reste très sombre et les prévisions hasardeuses, infondées, sujettes à toutes les cautions qu’il s’agisse de l’évolution de la guerre d’attrition en Ukraine (deux ans bientôt…) en l’absence de la moindre velléité de pourparlers de part et d’autre et d’avancée décisive sur le terrain des hostilités, ou de la guerre au Proche-Orient (dix ans pour éradiquer militairement les terroristes du Hamas ? étrange prédiction sans nul doute aux yeux de Tsahal et du gouvernement israélien dont on mesurera la fiabilité ou le côté approximatif sous peu?). On ne peut même pas se tourner vers l’organisation des Jeux olympiques de 2024 pour espérer échapper à la morosité de l’heure tant la cacophonie dans ce domaine est assourdissante entre la Ville de Paris et le gouvernement plus on mesure la gageure sécuritaire, logistique et financière que représente cette manifestation de moins en moins » inclusive » dans le délétère contexte actuel et à venir, avec son lot de polémiques qui enfle de jour en jour.
L’heure de vérité est décidément bien arrivée et elle promet à la France plus de déconvenues que de bonnes surprises au train où est conduit son devenir politique ; le temps est-il venu pour un changement de cap dans le mandat du ciel ?
Eric Cerf-Mayer