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dans N°1100, Politique

« Le monde universitaire doit s’occuper de connaissances et non pas d’opinions »

ParNathalie Heinich
4 novembre 2021
« Le monde universitaire doit s’occuper de connaissances et non pas d’opinions »

Dans son dernier ouvrage Ce que le militantisme fait à la recherche (Tracts-Gallimard, mai 2021), Nathalie Heinich déplore l’immixtion du militantisme dans l’enseignement supérieur qui affaiblit et dénature la recherche. « À cumuler la posture du chercheur qui étudie les phénomènes avec celle de l’acteur qui tente d’agir sur eux, on ne fait que de la recherche au rabais et de la politique de campus » dénonce la sociologue qui a accepté de répondre à nos questions.

Revue Politique et Parlementaire – Dans votre récent ouvrage vous soulignez la contamination du monde de la recherche par le militantisme, comment l’expliquez-vous ?

Nathalie Heinich – C’est une tendance qui a toujours existé, si l’on considère les pressions religieuses et politiques auxquelles ont longtemps été soumis les scientifiques ainsi que, réciproquement, la tendance de certains d’entre eux à « confondre les arènes », comme je le dis dans mon livre, en introduisant dans le travail de recherche des points de vue orientés par des positions politiques, morales ou religieuses. Ces tendances s’affaiblissent avec les progrès de l’autonomisation de la science, notamment depuis le début du XXe siècle et l’invention de la notion de « liberté académique », qui est venue donner un étayage juridique à cette autonomie. Mais les infractions à l’autonomie ressurgissent périodiquement, soit venant de la société civile, avec la volonté de peser sur la production scientifique, soit venant du monde académique lui-même, avec l’introduction de problématiques militantes au sein même du travail de production et de transmission des savoirs.

Dans ce dernier cas, l’on a connu en France trois « glaciations » de la pensée, comme l’a bien noté l’historien Jacques Julliard : celle de l’après-guerre, avec le stalinisme ; celle de l’après-68, avec le maoïsme et les différents avatars du gauchisme ; et, aujourd’hui, celle de ce que l’on nomme de plus en plus le « wokisme », autrement dit l’importation de l’impératif d’ « éveil » aux inégalités venu des campus américains. Il se décline sous forme de néo-féminisme focalisé sur le « genre », de pensée « décoloniale » focalisée sur la race, d’ « intersectionnalité » qui croise les deux, de lutte contre les discriminations en raison de l’orientation sexuelle, de la religion, de l’apparence physique, etc.

Ce sont là des causes tout à fait légitimes dans le monde civique dès lors qu’on entend combattre les inégalités, mais qui, de mon point de vue, n’ont rien à faire dans le monde universitaire, qui doit s’occuper de connaissances et non pas d’opinions. Le militantisme a suffisamment de lieux pour s’exercer – associations, partis, syndicats, institutions démocratiques… – pour qu’il n’ait pas besoin d’investir aussi ceux qui sont dédiés à tout autre chose que transformer le monde : le décrire, l’analyser, le comprendre, l’expliquer. Or, comme je l’ai montré dans mon livre, le militantisme académique produit des savoirs au rabais, de la pseudo-science, de l’idéologie en guise de connaissance objective.

RPP – Pensez-vous que les débats au sein du monde universitaire d’aujourd’hui sont plus violents que ceux d’il y a 30 ans ? Si oui comment l’expliquez-vous ?

Nathalie Heinich – L’on constate en effet une radicalisation des débats, une intensification des clivages, des anathèmes, des accusations. Il est probable que le relâchement du contrôle de l’expression sur les réseaux sociaux joue son rôle dans cette violence verbale, qui contamine les échanges, au moins sous forme écrite.

Mais ce qui me frappe surtout est l’interdit porté par certains sur les positions qui leur paraissent illégitimes, comme si une opinion dissidente en devenait de fait illégale, donc devant être interdite.

C’est ce qu’on appelle la « cancel culture », ou culture de la censure, importée là encore du monde américain où la loi ne permet pas de limiter, comme c’est le cas en France, la liberté d’expression, ce qui en laisse de fait le contrôle aux citoyens, en fonction des rapports de force.

Une autre caractéristique de ce refus de débattre est l’accusation de « droitisme » – voire pire – qui frappe tous ceux qui refusent l’imposition de la ligne « woke », notamment au nom du refus de l’identitarisme – la réduction des individus à une identité essentialisée les enfermant dans leur statut de victime – et du communautarisme qui va avec. En renvoyant toute critique de cet identitarisme anti-universaliste et, de fait, séparatiste, à une position conservatrice ou réactionnaire, les tenants de ce courant, qui ont pris beaucoup de place à l’université, instaurent de fait un climat totalitaire, qui rappelle fâcheusement les anathèmes staliniens contre ceux qui étaient accusés de « faire le jeu du grand capital », « de la bourgeoisie », etc.

RPP – Ces prises de position de chercheurs-militants contribuent-elles à entretenir un climat de violence dans la société ou est-ce celui-ci qui contamine le débat universitaire ?

Nathalie Heinich – Les influences vont dans les deux sens, bien sûr, et là encore le rôle des réseaux sociaux est essentiel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les « académo-militants », comme je les nomme dans mon livre, sont particulièrement actifs sur ces réseaux, dont ils maîtrisent bien le fonctionnement. Il y a là bien sûr un effet de génération : le clivage est évident entre la génération des aînés, plus souvent défenseurs de l’autonomie de la science et de l’universalisme républicain, et celle des partisans du « woke », ou de la « gauche identitariste », qui se recrutent plutôt parmi les jeunes. Et ce n’est pas non plus un hasard si ceux qui, comme moi, s’y opposent, sont plutôt en fin de carrière, car ils sont suffisamment reconnus pour pouvoir élever la voix sans trop craindre d’y risquer le bon déroulement de leur carrière, comme c’est le cas pour les plus jeunes qui souvent se taisent non par conviction mais pas crainte des représailles.

RPP – N’est-ce pas le statut des sciences sociales qui de facto suscite un terrain plus propice aux passions politiques ?

Nathalie Heinich – Oui, bien sûr : elles sont par définition moins autonomes par rapport à des problématiques sociétales que ne le sont les sciences « dures ». Mais celles-ci aussi commencent à être touchées par la vague du « woke » : même un chercheur en physique, lorsqu’il postule à un programme de recherche international, doit maintenant déclarer que sa recherche sera bénéfique pour l’égalité entre les sexes… À croire que les administrateurs de la recherche n’ont aucune culture historique et n’ont jamais entendu parler de Lyssenko, ce pseudo-biologiste qui sous Staline avait inventé de toutes pièces une théorie censée correspondre à la « science prolétarienne »…

Le climat de surveillance, d’imposition idéologique voire de délation est devenu très pesant, et pas seulement dans les humanités, notamment avec la nomination dans les universités de « référents égalité » qui s’octroient des pouvoirs de censure ou d’imposition ressemblant furieusement à ce qu’on a connu dans les pays totalitaires.

RPP – Vous connaissez bien l’œuvre de Norbert Elias, pensez-vous que nous assistons à une remise en cause du processus de civilisation qu’il avait si bien décrit ?

Nathalie Heinich – J’ai publié, il y a quelques mois, une tribune où j’analysais les réseaux sociaux comme les facteurs d’un processus de « décivilisation », en raison des moyens technologiques qu’ils donnent à tout un chacun de porter publiquement atteinte à des personnes hors de leur présence, sans aucun contrôle ni de civilité ni de légalité des propos. On l’a vu récemment avec l’affaire Mila, où le plus frappant n’était pas tant la violence des propos des harceleurs (menaces de mort, de viol, etc.) que leur inconscience – révélée au cours du procès – du fait que leurs propos étaient publics, et qu’ils pouvaient tomber sous le coup de la loi.

Ainsi le privé se publicise et l’illégal se légitime, sous nos yeux, sans que nous y puissions grand-chose, du moins tant qu’on n’imposera pas à l’Éducation nationale l’enseignement systématique des règles d’utilisation d’Internet.

Or, comme l’indique bien le terme « processus », celui-ci est un mouvement, qui peut être réversible. Et c’est cette réversibilité de la progression vers plus de civilité qu’est en train d’opérer, très rapidement, la révolution technologique du numérique. Le monde académique n’y est, hélas, pas étranger.

Nathalie Heinich
Directrice de recherche au CNRS, au sein du Centre de recherche sur les arts et le langage (CRAL) de l’EHESS
(Propos recueillis par Arnaud Benedetti)

Nathalie Heinich

Nathalie Heinich est sociologue au CNRS (Paris). Outre de nombreux articles, elle a publié près d’une quarantaine d’ouvrages, traduits en quinze langues, portant sur le statut d'artiste et d'auteur (La Gloire de Van Gogh, Du peintre à l’artiste, Le Triple jeu de l’art contemporain, Etre écrivain, L’Elite artiste, De l’artification, Le Paradigme de l’art contemporain) ; les identités en crise (États de femme, L’Épreuve de la grandeur, Mères-filles, Les Ambivalences de l’émancipation féminine, Ce que n’est pas l’identité) ; l'histoire de la sociologie (La Sociologie de Norbert Elias, Ce que l'art fait à la sociologie, La Sociologie de l'art, Pourquoi Bourdieu, Le Bêtisier du sociologue, Dans la pensée de Norbert Elias, La Sociologie à l’épreuve de l’art, La Cadre-analyse d’Erving Goffman) ; et les valeurs (La Fabrique du patrimoine, De la visibilité, Des valeurs). Elle a par ailleurs publié trois récits autobiographiques en forme de « trilogie des maisons » : Une histoire de France, Maisons perdues et La Maison qui soigne. Dernier ouvrage paru : La Valeur des personnes.

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