Durant sa visite à l’UNESCO lors de son passage à Paris, le ministre des Affaires étrangères du Panama, Javier Martínez Acha a détaillé la vision de son pays concernant les relations extérieures notamment avec la France et l’Europe. Entretien exclusif pour la Revue Politique et Parlementaire.
Une délégation du Panama composée d’acteurs de premiers rangs dont le président José Raúl Mulino était en visite en France fin octobre pour rencontrer les partenaires institutionnels et économiques. Le président du Panama s’est entretenu avec Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée. Le ministre des Affaires étrangères Javier Martínez-Acha était également présent aux différentes réunions. Pour la Revue Politique et Parlementaire, le ministre des Affaires étrangères évoque la vision du Panama et ses relations avec l’Europe.
Revue Politique et Parlementaire – Quelle est la vision du Panama concernant les affaires étrangères ?
Javier Martínez-Acha – Le Panama a envie de montrer que c’est un partenaire responsable et sérieux.
L’un des principaux objectifs du pays c’est de sortir de la liste des paradis fiscaux de l’UE.
Nous sommes un pays avec des valeurs. On va rentrer pour la 6ème fois au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies, c’est une preuve de notre sérieux. On est pour un État de droits. On condamne la Russie et ses attaques en Ukraine. On souhaite que la Russie se retire de l’Ukraine le plus rapidement possible et que la guerre se termine. Concernant le Venezuela, nous reconnaissons Edmundo Gonzalez comme président du Venezuela et non Nicolas Maduro, nous faisons partie des rares pays à avoir acté cette décision.
Pour le Moyen-Orient, il faut réussir à négocier une paix dans la région et garantir la sécurité d’Israël.
RPP – Quelle est la relation diplomatique avec la France ?
Javier Martínez-Acha – Les deux présidents se sont rencontrés à Paris. C’était une excellente réunion. Il n’y a pas de controverse ni d’ailleurs sur le volet fiscal. Nous sommes convaincus que les pays vont coopérer sur différents sujets notamment l’environnement et la lutte contre la fraude fiscale. Cela va prendre du temps. En réalité, beaucoup de personnes ne connaissent pas ou pas bien le Panama. Avec le nouveau Parlement européen, ça va changer, nous ne pouvons rester sur les listes noires (des pays considérés comme des paradis fiscaux), nous sommes confiants. Le Panama veut travailler avec l’Europe !
RPP – Il y a deux sujets importants au Panama : celui de l’immigration et celui du narcotrafic. Comment gérer vous ces sujets avec la Colombie, le pays voisin ?
Javier Martínez-Acha – Il y a une coopération sur ce point. On partage une frontière de 266 km avec la Colombie, c’est une zone protégée par l’UNESCO, difficile d’accès car c’est la jungle. Le flux d’immigrants est majoritairement vénézuélien et on leur apporte un soutien humanitaire. Nous avons capturé 3 afghans liés au Hezbollah que nous avons renvoyé aux Etats-Unis. Il est important de rappeler que le Panama est une porte d’entrée vers l’Amérique du Nord, on se doit donc de réguler. On le fait avec les pays avec qui nous avons des accords. Sur le cas du Venezuela, nous n’avons pas d’accords de rapatriements. Sur des zones frontalières, il y a du trafic donc oui c’est un enjeu de sécurité important pour nous.
RPP – Le Panama a des projets dans les prochaines années notamment un investissement dans le ferroviaire. Quels sont les grands projets à venir ?
Javier Martínez-Acha –
Le Canal du Panama est stratégique et important pour beaucoup de pays.
Nous envisageons de l’agrandir à partir de l’année prochaine. Notre grand projet c’est la construction d’un train reliant la capitale Panama City à David, la deuxième plus grande ville. Ce projet va révolutionner la vie des Panaméens mais aussi augmenter le tourisme. Nous avons beaucoup d’entreprises intéressées et qui veulent investir dans notre pays. On aimerait devenir un hub pharmaceutique au niveau régional et au niveau mondial. On travaille sur nos infrastructures mais aussi sur notre offre comme l’assemblage et l’emballage des semi-conducteurs.
Javier Martínez-Acha
Ministre des Affaires étrangères du Panama
Propos recueillis par Guillaume Asskari, journaliste spécialiste de l’Amérique latine
Source : hanohiki