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dans Politique

Le piège de la rhétorique antinazie de Poutine

Robert RedekerParRobert Redeker
13 mai 2022
Vladimir Poutine

Le Maître du Kremlin présente à ses concitoyens – le terme de sujets conviendrait sans doute mieux, comme sous les tsars d’avant 1917, tant les formes démocratiques ne sont dans la Russie de ce chef d’Etat qu’un décor Potemkine – l’intervention militaire en Ukraine avec la plus noble des justifications. « Dénazifier », dit-il !  « Dénazifier » reprend en chœur la propagande sur les médias russes ! Qui oserait aller contre pareil mot d’ordre ? La vertu morale a bon dos ! Nous avons beau chercher, il n’y a pas de trace de nazisme dans le régime ukrainien. Mieux encore, les Ukrainiens ont élu à la présidence un juif, ce que les Français n’ont encore jamais fait. Drôles de nazis, se dit-on ! Ils ne sont nazis que dans la tête de Poutine et de ses ministres. Que dans la tête des Russes à qui l’on vend cette fable. La réalité est bien différente : « dénazification » est le mot employé par Poutine et son administration pour cacher au peuple russe que cette offensive militaire est une guerre meurtrière violant le droit international en envahissant le territoire un pays souverain. Poutine use du mot « dénazification » pour masquer ce crime contre le droit, contre la liberté et la souveraineté, contre un peuple. Et, au fondement de ces abus : contre la vérité. La destruction de la vérité rend possible les autres destructions.

Le mot « dénazification » relève, au-delà de la politique, du vocabulaire de la Morale, en visant à placer fantasmatiquement Poutine et son régime dans le camp du Bien universel, puisque le nazisme fournit depuis plusieurs décennies le critère du Mal absolu.

A travers ce vocable, « dénazification », le citoyen russe, qui n’a pas à sa disposition beaucoup de médias libres pour l’informer et la conscience universelle doivent apercevoir que cette invasion est moins une guerre qu’une opération de police morale au service du Bien.

Ce mot est mis en circulation pour désamorcer par avance toutes les critiques. Il est une bombe à soi tout seul, puisqu’il empêche toute critique. Et même : il est une bombe qui prépare et autorise les autres bombes, celle qui massacreront les civils, écraseront les hôpitaux, les écoles, les quartiers d’habitations ; il est la première des bombes. Il autorise implicitement le pire : les crimes de guerre. Ainsi, Poutine justifie-t-il sa guerre par le sophisme bien connu de la reductio ad hitlerum.

Selon Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, du « sang juif » coulait hier dans les veines d’Hitler, comme aujourd’hui dans celle de Zelinsky. Malgré les excuses adressées à son sujet par la Russie à Israël,  cette déclaration n’est pas un dérapage, elle a été calculée pour produire son effet. Nul ne saurait passer l’éponge sur elle sans autre forme de procès. L’affaire pour le régime moscovite est, à travers ces mots, de salir Zelinsky en le rapprochant d’Hitler par le mensonge de leur commune judéité. Amplifiant la reductio ad hitlerum chère à Poutine, le propos de Lavrov remet implicitement à l’ordre du jour les catégories nazies : juif, demi-juif, quart-de-juif. Comment comprendre cet apparent paradoxe, d’une machiavélique habileté : le régime poutinien prétend « dénazifier » l’Ukraine tout en utilisant les catégories racialistes antisémites du nazisme ? L’absurdité, ici, n’est qu’un leurre masquant la terrible logique unissant ces deux éléments rhétoriques.

D’une part en effet, le gouvernement russe cherche à répandre le sentiment que les Juifs ont une responsabilité, voire une culpabilité, dans le nazisme, que le nazisme est, au moins partiellement, une affaire juive. L’opposition entre nazisme et judéité est ainsi gommée, permettant de bâtir pour la propagande la fiction d’un Etat ukrainien à la fois nazi et dirigé par un juif. L’habitus stalinien perce dans cette astuce rhétorique.

La Russie n’a toujours pas rompu avec l’art stalinien de la propagande.

D’autre part, il donne à entendre que la nocivité du nazisme ne tenait pas dans l’antisémitisme, mais dans l’hostilité d’Hitler à l’égard de l’URSS, vue comme l’une des formes prises dans l’histoire par la Russie éternelle. « Nazi », dans la bouche de Poutine, de ses ministres et de ses courtisans, ne signifie rien d’autre que ceci : historiquement hostile à la Russie. Pour nous, Occidentaux, Ouest-européens aussi bien qu’Américains, « nazi » signifie antisémite, totalitaire, le mot renvoyant principalement à la Shoah. Quant au concept de totalitarisme, il joint, pour nous autres, en une unité le nazisme et le stalinisme. Pour Poutine, et une partie impossible à mesurer de l’opinion russe, indifférents à l’antisémitisme et complaisants avec le totalitarisme, ce mot veut dire tout autre chose.

La guerre, nous a enseigné André Glucksmann, dans un livre devenu un classique, paru dans les années 70, tient toujours un discours. Un discours qui la prépare, qui la justifie, qui l’accompagne, qui la continue. De part et d’autre, dans la bouche des dirigeants occidentaux comme dans celle des dirigeants russes, et, ainsi qu’en deux mondes hétérogènes, dans l’imaginaire opposé des populations respectives, « nazi » est le nom absolu du Mal autant que celui du Mal absolu. Il est le seul à autoriser « absolument » la guerre. Pourtant, le signifié de ce nom diffère, si l’on est Russe ou si l’on est Ouest-européen, du tout au tout. Avec cynisme, Poutine joue de cette double compréhension, qui est autant une incompréhension réciproque que le stigmate cruel de la fracture culturelle entre l’Europe et la Russie, pour habiller son discours de la guerre du prestige d’un discours antinazi volontairement bivalent.

Robert Redeker
Philosophe
Ancien membre du Comité de rédaction desTemps modernes

 

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