« Nous fûmes les guépards, les lions, ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyènes. Et tous guépards, chacals et moutons nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre. »
La disparition de Valery Giscard d Estaing, victime de la pandémie, éveille une grande nostalgie et résonne comme le glas d une période révolue dans le cœur d’un grand nombre de Françaises et de Français qui ont abordé la vingtaine dans leur vie en 1974.
Le destin exceptionnel de ce grand Président prend un relief particulier dans l’atmosphère crépusculaire qui enveloppe la France de 2020. Né en 1926 à Coblence, refuge des émigrés qui fuyaient le couperet de la guillotine et la marche inexorable de la Révolution française, profondément enraciné en Auvergne le cœur de la France, Valéry Giscard d’Estaing a incarné les espoirs de modernité d’un pays tout entier dans un monde en transition vers le 21e siècle.
Mais contrairement au Prince de Salina – il faut que tout change pour que rien ne change- cet esprit brillant et en avance sur son époque a cru au changement, à l’Europe, à la force d entrainement et au regard neuf de la jeunesse, aux progrès de la société en sous estimant sans doute la redoutable force des chacals et des hyènes et les pesanteurs qui continuent à entraver l’évolution de la France…
Les hommages mérités que lui adresse le pays tout entier ne doivent pas occulter la violence et l injustice des attaques qu il a pu essuyer à la fin de son septennat, la boue charriée toujours et encore par les mêmes forces qui sapent les fondamentaux du pays…
Valery Giscard d’Estaing a su surmonter les écueils et a continué à servir la France jusqu’à son dernier souffle, entouré par les siens et une Epouse, fille d’un héros de la Deuxième Guerre mondiale et incarnation de la dignité française. Dans les tempêtes qu’il a dû affronter en son temps, le drame iranien notamment ou les chocs pétroliers, il a, bien qu’issu d’une autre famille politique française, continue à incarner une haute idée de la France et de ses racines, celle portée par le Général de Gaulle. Bien loin des errances actuelles d’une époque où tout est prétexte à renier son histoire et à attiser les divisions et les fractures d un pays meurtri et confronté à une crise sans précédent.
Ceux qui ont eu 18 ans en 1974 garderont l’image d’un Président remontant à pied le chemin vers l’Elysée, souriant et regardant vers l’avenir avec une espérance dont la France manque singulièrement aujourd’hui..
Eric Cerf-Mayer