Le 10 juillet 1919, le Président Wilson présente devant le Sénat américain le Traité de Paix signé le 20 juin 1919. Dans son numéro d’août 1919, la RPP restitue les propos du Président. Le Traité n’est rien moins qu’un règlement mondial. Il m’est impossible de résumer ou d’interpréter ses multiples dispositions. […]
Cette conduite nous fut dictée par le rôle que l’Amérique a joué dans la guerre et par les espoirs inspirés au cœur des peuples avec lesquels nous avons été associés au cours de ce grand conflit. […]
Nous sommes entrés dans la guerre en qualité de champions désintéressés du droit. […]
Examinez le Traité de Paix : vous verrez à travers ses clauses innombrables que les contractants étaient obligés de recourir à une Ligue des Nations comme à l’instrument indispensable pour maintenir le nouvel ordre qu’ils s’étaient proposé d’établir dans le monde des hommes civilisés. La création d’une Ligue des Nations chargée de maintenir l’équilibre pacifique du monde, non seulement de faire des traités, mais de déterminer aussi les principes des lois internationales, avait été, dès le début, un des articles acceptés comme base de la paix avec les Puissances centrales. […]
La Ligue des Nations apportait à l’homme d’État le plus réaliste, l’espérance de voir les plus grandes difficultés heureusement résolues. Et ainsi, elle devint, dans la pensée de chacun des membres de la Conférence, quelque chose de beaucoup plus considérable et d’une plus grande portée qu’une simple garantie d’application pour les prescriptions du Traité avec l’Allemagne. […]
Le pouvoir concerté des nations libres doit mettre un terme à toute agression et donner la paix au monde.
La Ligue des Nations n’est pas seulement le moyen de remédier aux maux anciens par un nouveau traité ; c’est le seul espoir de l’humanité. […]
Convenable et même indispensable, est apparu aux hommes d’État le plan de cette Ligue pour l’exécution des conditions de paix et pour les réparations ; mais maintenant il s’est montré sous un nouvel aspect avant que l’œuvre ne soit achevée. On le considère comme l’objet principal de la paix, comme la seule chose qui puisse l’achever et lui donner tout son prix. Cette espérance, on n’osera pas la tromper. Hésiterons-nous, nous ou quelqu’autre peuple libre, à accepter ce grand devoir ? Oserons-nous le refuser et briser le cœur du monde ? Et ainsi le résultat de la Conférence de la paix se présentera à nous, achevé. […]
Le fait que l’Amérique est l’amie des Nations, qu’elles soient rivales ou alliées, n’est pas nouveau ; ce qui est nouveau, c’est seulement que le reste du monde l’a reconnu.
On peut dire que l’Amérique a juste atteint sa majorité comme puissance mondiale. […]
Notre isolement a pris fin il y a vingt ans, et maintenant aussi on a cessé de nous craindre. Nos conseils, notre alliance sont recherchés et désirés. Il ne peut être question pour nous de cesser d’être une puissance mondiale. La seule question est de savoir si nous pouvons refuser la suprématie morale qui nous est offerte, si nous devons accepter ou repousser la confiance du monde. La guerre et la Conférence de la paix qui se tient en ce moment à Paris me semblent avoir répondu à cette question. […]
Thomas Woodrow Wilson
Président des États-Unis