Où allons-nous ? Telle est sans doute la question que nombre de français se posent alors que nous entrons dans un Automne dont l’étonnante douceur contraste avec la rigueur prévisible d’une situation économique et sociale.
Le Président de la République est intervenu ce mercredi pour s’efforcer de répondre aux enjeux de l’heure : inflation, énergie , retraites, insécurité, etc…
Il s’y est confronté, le temps d’un face à face médiatique dont il faut s’interroger sur le sens : exercice de justification sur une conduite par temps de crise ? Annonce du contenu d’une réforme à venir des retraites? Ou simple rappel d’une présence présidentielle au moment où le Parlement occupe une grande partie de l’espace politico-médiatique et où les dents de successeurs potentiels ne parviennent plus à dissimuler les pointes acérées de leurs ambitions ? De ces ingrédients on retrouve sans peine les traces dans l’intervention d’Emmanuel Macron. Pour autant le plus frappant est à réinscrire dans la toute dernière séquence.
Quelques jours seulement après l’interview de Nicolas Sarkozy dans le JDD en appelant à un pacte de gouvernement entre LR et l’actuelle majorité, le président de la république a voulu donner des gages à l’hypothèse préconisée par son prédécesseur.
Nous sommes entrés depuis quelques jours dans un temps d’OPA dont les républicains sont désormais activement la cible. Refusant de censurer le gouvernement à ce stade, contraint à une sorte de “finlandisation” en creux dont on ne sait si elle se limitera ou non au résultat de leur élection interne, LR est à la croisée des chemins et la XVI ème législature également. Si le Président a largement ouvert la voie à la proposition Sarkozyste c’est qu’il estime que le moment est venu opportunément de ramener à lui la droite conservatrice non seulement pour achever la mue de son propre camp mais surtout pour prévenir l’irréversible renversement de son gouvernement au regard d’une situation parlementaire dont il comprend qu’elle est parfaitement intenable sur la durée .
C’est bel et bien le sort du paysage politique issu des législatives du printemps qui se joue dans les semaines à venir , et pour une part aussi celui du quinquennat.
On retiendra que l’entreprise initiée l’est par deux présidents, un ancien et l’actuel, dont la prise direct sur les événements ne cessera de s’estomper au fil du temps mais qui s’évertuent peut-être une dernière fois à modeler une scène qui a déjà tourné ou presque la page de leur magistère . Les temps nouveaux sont devant nous …
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à l’Université Paris Sorbonne