Aux maires lors du 104e Congrès de l’AMF, la Première ministre a voulu témoigner de son sens de l’écoute et de l’humilité. Après un premier quinquennat empreint de tensions entre l’exécutif et les grandes associations d’élus, la nouvelle cheffe du gouvernement, qui n’est pas elle-même élue locale, entend restaurer une relation apaisée et de dialogue avec ceux qui incarnent la démocratie de terrain.
L’histoire récente dit qu’on chercherait en vain des avancées sur un sujet que les Français regardent de loin mais dont ils apprécient néanmoins les acteurs, tout au moins pour ce qui concerne les maires comme l’atteste un certain nombre d’études d’opinion.
Pour autant, les exécutifs locaux ont vécu le premier mandat Macron comme une tenace indifférence, voire un long mépris à l’encontre de leurs préoccupations et de leurs actions.
Cette perception est pour une part fondée d’autant plus que des signaux de défiance ont été adressés par l’Etat au plus niveau parfois lorsqu’il s’est agit, par exemple, de douter de la bonne gestion des finances publiques au plan local…
Le sermon de Bruno Le Maire au mois de septembre dernier, sous-entendant qu’il serait opportun de conditionner les aides publiques en matière énergétique au regard de la capacité ou non des communes à gérer avec sérieux leur trajectoire budgétaire, en constitue l’un des exemples les plus récents. Les édiles locaux acceptent d’autant moins la remontrance que l’Etat central, de son côté, n’est pas le mieux placé depuis des décennies pour donner des leçons en cette matière.
Consciente de cette prévention, Madame Borne s’est voulue en proximité, et pragmatique.
Elle a notamment annoncé la levée du dispositif contraignant les collectivités à modérer leurs dépenses sous peine de sanctions. Psychologiquement, le propos portera à brève échéance, et suscitera immanquablement l’idée d’un changement de ton ou de registre même, dans la relation du pouvoir au local. Il a été entendu comme tel par nombre de maires, même si il reste encore très en retrait par rapport aux attentes de ces derniers. Au moins augure t-il d’une communication moins brutale, ce qui, en période de basses eaux parlementaires en raison de l’absence de majorité nette et précise, peut aussi expliquer la bonne volonté de Matignon.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à l’Université Paris Sorbonne