La base parlementaire pour appuyer la nouvelle équipe gouvernementale vers laquelle on se dirige se fera, sauf surprise, à ressources constantes : de LR au macronisme. Il y a de facto une logique à cet état de fait : la compatibilité idéologique est celle qui permet d’assurer la plus grande des cohérences politiques. Ce qui devait être adviendra. Il existe, y compris dans les phases de dérèglement, des lois politiques dont il faut tirer les conséquences.
Le problème est que la conséquence exclusive de la situation actuelle est un retour à la case départ.
Surplace politique et instabilité institutionnelle sont les deux mamelles du moment.
Voila qui nous conduit à la crise de régime. L’enchaînement des causes et des effets est intraitable.Tout comme la dissolution de 2024 était inscrite dans les législatives de 2022 et tout comme la censure germait dans les résultats des législatives du printemps, la crise politique mute progressivement en crise institutionnelle. Il y a dans les affaires politiques qui ne sont rien d’autre que des affaires humaines des mécanismes inexorables qui poussent les hommes inévitablement à faire ce qu’ils ne veulent pas faire. Les Latins qui avaient inventé la cité et qui n’ignoraient rien des passions consubstantielles aux jeux de pouvoir appelait cela le « fatum ». Voici un an, un élu local d’expérience, le maire d’Orléans Serge Grouard, au seuil de 2024 avait prononcé des vœux prophétisant une année des plus difficiles. Tout laisse à craindre qu’en 2025 la prophétie de l’édile orléanais ne s’amplifie.
Structurellement contraignante, l’immobilisme résultant du désordre politique, la situation du moment laisse peu de marges à n’importe quel Premier ministre, fut-il un orfèvre en négociation.
Et il ne suffira pas de gagner du temps pour amortir la crise, et encore moins pour en sortir…
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à Sorbonne-Université