Avions-nous vraiment le choix ? Nul ne pourra vraiment le dire, mais ce troisième confinement de 22 millions de Français et de 16 départements dont deux régions, l’Ile-de-France et les Hauts de France, constitue un coup dur. Un triple coup dur à vrai dire.

Il vient à nouveau alourdir la pression psychologique et sociale sur près de 22 millions de Français, tout juste un an après le début de l’épidémie. Ce retour à la case départ suscite un terrible sentiment de surplace, comme si depuis mars 2020 c’était le virus qui
de facto gouvernait et dirigeait la société au rythme de sa circulation et de ses variants. L’impact est rude ensuite pour l’économie, le Premier ministre ayant annoncé que les nouvelles dispositions sanitaires impliqueront une baisse du PIB supplémentaire évaluée à ce stade à 0,2 % : ” les mesures de soutien coûteront 1,2 milliard d’euros en plus par mois ” a précisé Jean Castex. Et encore faut-il s’interroger à ce stade sur la fiabilité de ces estimations dont on sait par expérience qu’elles sont très généralement revues à la hausse et démenties ainsi ultérieurement. Quoiqu’il en soit, c’est encore une fois le recours à ” l’argent magique ” qui suppléera les coupes budgétaires dont le système hospitalier a été l’objet depuis des années et dont le renforcement eût certainement limité les effets mortifères de l’épidémie.
L’ultime coup dur enfin est celui qui mine désormais la crédibilité de l’exécutif, non seulement parce qu’il donnera des arguments à ceux qui doutaient de l’option du Président de la République, contre le Conseil scientifique, de ne pas procéder à un reconfinement fin janvier, mais aussi parce qu’il met en lumière la faiblesse d’une stratégie sanitaire plus orientée par une communication de tous les instants que par un réarmement des moyens indispensables à la lutte contre la pandémie. En une année, choc cruel de l’agenda, la question de ce qui aura été fait, ou peu fait, pour changer la donne se pose inévitablement, les arguments technocratiques servant d’éléments de langage quelque peu pavloviens ne suffisant pas à tarir le puits des critiques.
À proportion que le temps passe, la lassitude gagne, le doute gonfle, la confiance dans la capacité de l’exécutif à rétablir le fonctionnement régulier de la société s’érode. La conférence de presse du Premier ministre et du ministre de la Santé avait pour objectif manifeste de tenir tout autant l’opinion que de s’efforcer d’apporter une nouvelle réponse à une conjoncture épidémique dont la mutation permanente complexifie au quotidien l’action publique.
Il ressort de l’exercice beaucoup de questions : sur la nature de ce nouveau confinement, sur les mesures de renforcement de l’arsenal sanitaire, sur le rythme de la campagne de vaccination pour laquelle on annonce des objectifs chiffrés sans pour autant être assuré de les atteindre, etc. C’est dans tous les cas une sensation étrange d’enlisement qui se propage et dont on ne voit pas l’issue, sauf à changer de braquet…
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef