Les derniers épisodes, peu glorieux, de la campagne régionale en PACA constituent les manœuvres avancées d’un mouvement plus global.
On aura compris que le parti du pouvoir a décidé de porter l’estocade sur son flanc droit, ce qui jusqu’à présent lui a plutôt bien réussi.Il le fait tant par esprit de calcul que par faiblesse structurelle ; il s’appuie sur cette dernière pour déstabiliser le réduit républicain qui résiste encore et encore à l’attractivité de la droite macroniste. Celle-ci, à défaut de s’être enracinée, se prête à la tentative de déracinement des grands notables : un coup pour les ramener dans son giron comme dans le sud-est, un autre coup pour les déstabiliser afin de les entraîner dans une chute électorale invalidante comme c’est le cas dans les Hauts-de-France où l’hypothèse d’une candidature du garde des Sceaux n’a d’autre objet que d’empêcher Xavier Bertrand de poursuivre son objectif présidentiel.
Le macronisme pousse les feux de la spéculation électorale car sa fortune n’est que virtuelle : peu d’élus locaux, un tissu militant incertain, l’espoir projectif que quelques sondages entretiennent pour maintenir la marque juste à flot…
En 2017, Emmanuel Macron a été le produit d’une tectonique dont il a su profiter mais pour laquelle il n’était que pour peu dans le fond ; en 2022, il entend la produire, maniant dans son officine de Merlin l’enchanteur des fioles aux substances diverses mais dont le cocktail pourrait s’avérer particulièrement inflammable, à commencer pour sa propre enseigne. A vouloir enfoncer tous les jours un peu plus les terres de la droite, pensant faire oublier qu’il vient de la gauche et actant son dépôt de bilan culturel, il pourrait en effet susciter une grande migration à la droite de la droite et se retrouver à ce rythme totalement dépourvu sur sa gauche…
A surestimer son habileté tactique, le piège pourrait se refermer sur Emmanuel Macron ; des gains régionaux du RN ne manqueraient pas, dès lors, d’affoler une partie du cœur électoral macroniste et ainsi créer, à moins d’un an de la fin du mandat, un appel d’air pour un candidat plus apte à résister à la poussée mariniste qui bénéficie d’une atmosphère propice… La leçon première du machiavélisme est, ne l’oublions jamais, de ne pas apparaître comme tel. Ici l’extrême visibilité du jeu ramène la politique à ce qu’elle a de plus répulsif pour une opinion qui, inquiète socialement, en attente d’autorité également, n’a pas forcément tout donner encore dans sa propension au dégagisme…
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef