Il y a sans doute un temps pour tout : le Président fait le tour de France ; les régionales et les départementales montent en pression tout au moins chez les candidats, à défaut pour le moment de passionner les Français ; l’enjeu sécuritaire s’impose tous les jours un peu plus dans l’agenda.
L’actualité est ainsi qu’elle hypertrophie certains sujets au détriment d’autres. Pourtant somme toute assez peu relevé et commenté, la France cette semaine a découvert dans une étrange atonie que son déficit budgétaire s’élèverait à 220 milliards d’euros, soit 45 milliards de plus qu’en 2020. L’un de nos contributeurs, Jean-Yves Archer a, dans une analyse percutante, montré combien ce « vertige », pour reprendre sa formule, ne résultait pas exclusivement du choc exogène de la pandémie mais d’un choix délibéré de l’exécutif de laisser courir la dépense publique à un an de la présidentielle et sans doute en raison de cette dernière.
Le discours gouvernemental a sa martingale : la perspective de croissance dont on table selon les pythies modélisatrices qu’elle sera supérieure à 5 %. Or, la réalité quant à cet horizon reste fragile, voire fortement incertaine, si ce n’est improbable. Elle consiste surtout à dépenser ce que nous n’avons pas, comme si un salarié gageait ses dépenses sur une hypothétique augmentation de salaire qu’il n’aurait même pas négociée. Le potentiel fiscal ne suffira pas, loin de là, comme le rappelle toujours Jean-Yves Archer, à faire face à cette impasse.
A cela il convient d’ajouter un facteur extérieur : les divers plans de relance du nouveau Président américain pourraient entraîner des poussées inflationnistes qui ne manqueraient pas alors de susciter, selon certains experts, l’intervention de la Banque centrale, la FED, et un relèvement des taux qui impacterait forcément le reste du monde, à commencer par l’Europe et la France. Le « quoi qu’il en coûte » présidentiel, mantra euphorisant autant que sauve-qui-peut, a tout dès lors d’une bombe à retardement. Mais l’important sans doute est qu’elle n’explose pas… avant le printemps 2022 !