Le président de la République s’exprimera en début de semaine. Au moment où des signaux de tension sanitaire se font jour à nouveau, sa parole, immanquablement, sera attendue.
Pour autant, par-delà les préoccupations liées à l’épidémie, d’autres sujets pourraient s’inviter dans l’adresse présidentielle : à quelques encablures de l’échéance de 2022, le chef de l’Etat évoquera t-il la grande nuit civique qui a enveloppé les dernières élections locales et dont l’épaisseur devrait l’interpeller comme au demeurant n’importe quel responsable politique ? Dira t-il aussi quel est son dessein pour les derniers hectomètres de son mandat ?
Quoiqu’il en soit, nous entrons dans des mois décisifs et incertains : décisifs parce que les rapports de forces politiques au seuil du scrutin présidentiel vont inévitablement s’accélérer et incertains parce que sous le ciel aléatoire de l’épidémie et de ses suites diverses, le pays est faussement léthargique, même s’il apparaît plus préoccupé par le retour à une vie normale que par les émulsions politiques présentes et à venir.
Jusqu’au bout, on peut imaginer néanmoins qu’Emmanuel Macron voudra gouverner, ou tout au moins en fournir l’image, à défaut de l’action. D’où le retour dans l’agenda communicant de l’exécutif de l’épineux dossier de la réforme des retraites qui en amont de la pandémie impromptue avait monopolisé le débat politique. Sans doute le Président ne prendra pas forcément le risque de remettre sur le métier, dans un calendrier électoral vers lequel tous les yeux sont tournés, une réforme qu’il n’a pu mener jusqu’ici à son terme. Au demeurant, avec sagesse, le Président de l’Assemblée nationale a préconisé récemment l’urgence de l’attente. Mais en réintroduisant le sujet, l’Elysée entend démontrer, à l’adresse de son socle électoral, qu’il n’a en rien renoncer à réformer. Tout le problème est de savoir si aujourd’hui la société française fait de la transformation sa priorité, dans un monde menaçant où la demande de politique, à tous les niveaux, exige d’abord de protéger. Et c’est bien d’abord sur la thématique de la protection que pourrait se cristalliser la prochaine élection présidentielle.
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire