Il n’y a plus d’été. Non que la météo capricieuse et aléatoire en soit la principale expression, mais il n’y a plus d’été car la crise sanitaire n’a pas fini d’absorber nos existences. Comme l’océan, elle continue à recouvrir notre horizon, à littéralement l’ingurgiter même sans que nous sachions à ce stade ce qu’il en ressortira.
Entre une société entravée qui accepterait de facto de jeter à la mer bien des principes qui l’ont constituée depuis des décennies, une dette qui ne cesse de s’accumuler pour maintenir à flot coûte que coûte une embarcation ballotée par la tempête virale, toutes les projections quant à la suite à venir demeurent lourdes de ces incertitudes sédimentées.
Ce n’est pas une zone de turbulences que nous traversons, mais c’est peut-être bien plus : une sorte de saut dans l’inconnu, sans garantie d’atterrissage… Il faut prendre au sérieux la contestation dont l’extension du pass sanitaire est l’objet. Non pas en raison de son volume, ou de son sujet même, mais de ce qu’elle nous dit d’une partie de l’opinion qui ne se reconnaît plus au miroir de nos institutions. Les Gilets jaunes l’avaient dit à leur manière, déjà ; l’abstention record des élections départementales et régionales l’a confirmé aussi ; la mobilisation de ces derniers jours, suite aux annonces présidentielles du 12 juillet le certifie également.
Nous entrons dans une époque où les peurs, les menaces, les risques érodent toujours plus le pacte démocratique et obscurcissent l’avenir. Il faut les regarder en face, ne pas les surestimer mais encore moins les sous-estimer, il faut surtout s’essayer à les comprendre et à en débattre. C’est ce que la Revue politique et parlementaire proposera à ses lectrices et lecteurs à la rentrée notamment en organisant le 8 et 9 octobre prochain à Saint-Raphaël un grand colloque consacré à l’avenir des sociétés démocratiques à l’épreuve de la peur. Le programme y sera nécessairement dense comme l’est notre époque ; il y sera nécessairement pluraliste comme l’est notre publication ; il y permettra un débat sans interdits et tabous. Nous aurons l’occasion d’y revenir fin août et de vous le présenter à cette occasion.
En attendant de nous retrouver, profitons de cette pause, quand bien même serait-elle empreinte d’inquiétudes, pour nous souhaiter à toutes et à tous un été aussi serein qu’il puisse l’être…
Rédacteur en chef de La Revue Politique et Parlementaire