La crise migratoire qui frappe aux portes de la Pologne a tout de la montée aux extrêmes. Ne pas le voir c’est s’aveugler encore sur les fragilités de l’Europe.
Trois éléments à ce stade caractérisent ce que nous sommes en train de vivre. Tout d’abord les migrations sont devenues des armes politiques dans les rapports de forces entre Nations. Erdogan avait déjà donné le « la » en cette matière voici quelque temps. Le hiérarque biélorusse, Alexandre Loukachenko, avec l’appui implicite du grand frère Russe en apporte aujourd’hui à nouveau la démonstration. Ces migrants irakiens ou syriens, pour la plupart, qui se massent dans les forêts de Podlachie ne sont pas arrivés spontanément ; ils sont le produit d’une organisation aux acteurs multiples et dont les intérêts ne sont pas forcément identiques mais qui tous participent d’un même processus déstabilisateur du vieux continent : des passeurs évidemment, des humanitaires vraisemblablement, des États enfin dont le cynisme le dispute aux faiblesses intrinsèques d’une Union européenne tremblante.
C’est la faiblesse de cette dernière, justement, qui opère ensuite comme une autre caractéristique constitutive de cet événement. L’Europe est plus que jamais le « ventre mou » de la scène internationale et du monde brutal qui se dessine. Irénique quant à sa représentation idéologique de l’avenir, autoritaire avec les pays d’Europe centrale mais faible avec les forts ou les plus menaçants, l’UE est devenue le théâtre idéal pour nombre de ceux qui, puissants effectifs ou en devenir, souhaitent avancer leurs pions sur l’échiquier géopolitique en voie d’émergence. L’Europe constitue ainsi le terrain de jeu d’une histoire qui jour après jour semble la dépasser.
Il y a un mois 12 états membres de l’UE ont interpellé la Commission sur le contenu, à leurs yeux peu acceptables, des politiques migratoires conduites par cette dernière. Ce sont ces divisions internes aussi que sursouligne ce qui se joue à la frontière polonaise et sur lesquelles appuient tout autant des pays comme la Russie ou la Turquie.
La désunion européenne a ses racines dans la tête de ses dirigeants bruxellois pour lesquels la voix des peuples est une entrave et non une finalité. Les opinions à l’Ouest d’une part et les Nations à l’Est d’autre part refusent néanmoins de se dissoudre dans l’épure bruxelloise, enveloppe qui à proportion qu’elle entend liquider la souveraineté de ses États-membres se liquéfie au point d’offrir le visage de son impuissance politique. Cette troisième dimension que fait ressortir la problématique migratoire est au cœur de la crise de confiance qui mine la relation des sociétés européennes aux institutions de l’UE. Attaquée parce que faible et divisée, en proie à la défiance grandissante, sourde aux inquiétudes légitimes de ses peuples dont elle préfère stigmatiser les « populismes” et dénoncer les dirigeants nationaux qui remettraient en cause ses grandes orientations, l’UE peu à peu enfonce l’Europe dans l’une de ses plus grandes crises existentielles depuis l’après-guerre…
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et parlementaire
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