L’unité nationale ne confinera pas la démocratie.
Une petite musique se fait entendre selon laquelle le questionnement de l’action publique relèverait presque d’une forme de trahison civique. Or, le civisme n’est pas un tissu de silence et d’unanimisme. Au regard des derniers jours, ce sont les voix les plus critiques qui ont sans doute permis un infléchissement, encore timide, de la stratégie de l’exécutif. L’élargissement de l’usage de la chloroquine sous contrôle médical résulte bien de la pression critique exercée par celles et ceux qui estiment que le meilleur service à rendre au pays est d’user de leur libre-arbitre.
La communication gouvernementale a jusque là fait de la justification de ses erreurs son cœur de métier, dissimulant derrière des éléments de langage fabriqués en urgence la pénurie sanitaire, le défaut de réactivité, la sous-estimation de la menace virale. Cette propagande “light”, ce ” bourrage des crânes” post-moderne est d’autant moins efficace qu’à moins d’ajouter la censure d’Etat à la limitation de circulation et de réunion il est structurellement inopérant à l’heure de la société de l’information.
En matière de com, comme en matière de gouvernance sanitaire, la structure d’Etat est en retard d’une guerre.
Le reconnaître et admettre ses erreurs eut été sans doute beaucoup plus favorable à l’acceptabilité de la parole publique que la dénégation systématique dans laquelle s’est littéralement incarcérée le pouvoir. Il est temps au plus fort de la crise d’en finir avec une com’ infantilisante et de parler aux Françaises et aux Français en adultes.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef