Les élections régionales ont été organisées les 6 et 13 décembre 2015 dans les treize régions métropolitaines – Corse comprise1 – ainsi que dans quatre régions ou collectivités territoriales d’outre-mer. Cet article a pour objet d’étudier le scrutin dans celles-ci, souvent grandes oubliées des analyses électorales.
Le poids électoral de l’outre-mer
Les outre-mers représentent plus de 1,7 million d’inscrits2 et près de 3 % des suffrages exprimés au second tour des élections présidentielles (tableau 1).
Tableau 1 – Poids électoral de l’outre-mer
Ce poids électoral n’est pas négligeable en cas de score serré au second tour, voire au premier pour se qualifier au second. Le 21 avril 2002, seules 194 600 voix avaient séparé Lionel Jospin de Jean-Marie Le Pen. Christiane Taubira, élue de la Guyane, avait alors obtenu 660 447 suffrages (2,32 % des exprimés), dont 78 914 dans les outre-mers avec des scores imposants en Guyane (52,73 %), Guadeloupe (37,22 %) et Martinique (27,8 %).
« En l’espace de quelques décennies, le vote Outre-mer a radicalement basculé du plébiscite à la droite à un vote de gauche affirmé », a déjà analysé dans cette revue Jean-Pierre Philibert, tout en soulignant « qu’il n’existe pas un vote ultramarin monolithique »3.
Depuis une trentaine d’années, les Français d’outre-mer votent majoritairement au second tour en faveur du candidat de gauche – outre le cas particulier de 2002 –, y compris à contre-courant de l’ensemble de leurs compatriotes en 1995 et surtout en 2007 (tableau 2).
Tableau 2 – Second tour des élections présidentielles (% en suffrages exprimés)
Dans aucun cas, néanmoins, le vote dans les outre-mers n’a jusqu’à présent inversé le résultat national d’un scrutin. Du reste, comme l’a souligné avec justesse l’historien Yvan Combeau, les suffrages Outre-mer « ne font pas l’élection, ou plus justement ne le font pas plus, pas davantage, que d’autres territoires, départements, régions, dans l’ensemble de la France »4.
Les outre-mers ont toutefois joué un rôle- clef à l’occasion d’une crise au sein d’un parti politique : l’élection en novembre 2012 pour la présidence de l’UMP, opposant Jean-François Copé et François Fillon. Après la proclamation de la victoire de Jean-François Copé avec 98 voix d’avance, c’est en effet en ajoutant les fédérations « oubliées » de Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis et Futuna que François Fillon a pu, à son tour, revendiquer la victoire par 21 voix de différence. Finalement, après recours interne, Jean-François Copé sera de nouveau proclamé vainqueur avec cette fois 952 voix d’avance5.
En décembre 2015, pas moins de deux candidats à la primaire présidentielle de la droite se sont d’ailleurs déplacés à La Réunion : François Fillon avant les élections régionales pour soutenir Didier Robert (« Objectif Réunion »-Les Républicains), Alain Juppé juste après.
Les outre-mers et le scrutin de décembre 2015
Les outre-mers ont été inégalement concernés par les « élections régionales, à l’assemblée de Corse, et aux assemblées de Guyane et de Martinique », pour reprendre la terminologie du ministère de l’Intérieur.
Tout d’abord, sept collectivités d’outre-mer à statut particulier n’ont pas été concernées : Mayotte (élections départementales en mars 2015[Le département de Mayotte est une collectivité unique qui exerce les compétences à la fois d’un département et d’une région d’outre-mer.]), Nouvelle-Calédonie (élections provinciales en mai 2014), Polynésie française (élection des représentants à l’Assemblée de la Polynésie française en avril-mai 2013), Saint-Barthélemy (élections territoriales en mars 2012), Saint-Martin (élections territoriales en mars 2012), Saint-Pierre-et-Miquelon (élections territoriales en mars 2012) et les Îles Wallis et Futuna (élections territoriales en mars 2012 puis partielle de mars 2013).
Ensuite, deux nouvelles collectivités territoriales ont élu pour la première fois leur assemblée : la collectivité territoriale de Martinique et la collectivité territoriale de Guyane6. Approuvé le 24 janvier 2010 par consultations locales (68,3 % de « oui » en Martinique, 57,5 % en Guyane)7, ces collectivités uniques exercent les compétences auparavant dévolues à la région et au département. C’est la raison pour laquelle les électeurs de Martinique et de Guyane n’avaient pas été appelés aux urnes pour les départementales de mars 2015, les mandats des élus départementaux y ayant été prolongés jusqu’à l’élection des nouveaux conseillers.
Enfin, La Réunion et la Guadeloupe ont renouvelé, comme les autres régions, leur conseil régional en décembre 2015, après leur conseil départemental en mars 2015.
Avant d’examiner les enjeux et les résultats dans chacun des quatre territoires concernés, examinons dans quelle mesure l’offre politique se rapproche ou s’éloigne de celle en métropole.
Les spécificités de l’offre électorale
Le nombre de listes au premier tour dans les régions ou collectivités territoriales d’outre-mer est comparable à celui en métropole : neuf en Guyane et à la Martinique, dix en Guadeloupe et douze à La Réunion. Ce dernier chiffre correspond au record de listes en Corse (douze également) et en Île-de-France (treize). De fait, en plus des forces politiques locales, c’est à La Réunion que l’on trouve l’offre électorale la moins éloignée de la métropole, avec par exemple des listes Lutte ouvrière, Debout la France, Union populaire républicaine et Front national.
Une extrême gauche entre révolution et indépendance
Comme lors des précédents scrutins, avec le même chef de file parfois depuis 1986, l’Union communiste internationaliste (internationale trotskiste) fut présente à La Réunion, avec l’unique liste de Lutte ouvrière en dehors de la France continentale, ainsi qu’aux Antilles avec Combat ouvrier (Guadeloupe, Martinique).
C’est à la Martinique que l’Union communiste internationaliste a obtenu son meilleur résultat de toute la France (2,04 % des suffrages exprimés), mais l’extrême gauche n’est jamais parvenue à percer Outre-mer aux côtés de mouvements indépendantistes au discours souvent proche et bien implantés au sein des syndicats.
Force et faiblesse des indépendantistes
Des partis séparatistes étaient en lice dans l’ensemble des quatre régions ou collectivités territoriales d’outre-mer, alors que ce n’était le cas en métropole qu’en Bretagne8 et en Corse9. Avec cependant des résultats très contrastés.
Si en Guadeloupe (0,5 % pour l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe) et à La Réunion (0,52 % pour Nasion Rénioné) les partis indépendantistes sont marginaux, ils sont à l’inverse fortement implantés en Martinique et en Guyane.
Fondateur du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM), Alfred Marie-Jeanne a successivement été élu à l’Assemblée nationale en 1997 puis président du conseil régional entre 1998 et 2010. Le MIM détient actuellement deux des quatre sièges de députés en Martinique, Alfred Marie-Jeanne et Jean-Philippe Nilor. Ils siègent au groupe de la Gauche démocrate et républicaine, dominé par le PCF.
Contrairement aux élections régionales de 2010, Alfred Marie-Jeanne n’a pas réalisé en 2015 l’unité des indépendantistes : sur une ligne intransigeante, la liste commune du Mouvement des démocrates et des écologistes pour une Martinique souveraine, du Conseil national des comités populaires10 et du Groupe Révolution socialiste (section antillaise de la Quatrième internationale trotskiste) a récolté 6,34 %.
En Guyane, l’indépendantiste Alain Tien-Liong, sans étiquette partisane mais proche du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES)11, a été élu en 2008 président du conseil général de Guyane. Le MDES a toutefois présenté sa propre liste contre lui aux élections de décembre 2015 (5,71 %).
Comme nous le verrons, Alfred Marie-Jeanne et Alain Tien-Liong ont adopté des démarches de rassemblement plus pragmatiques qu’idéologiques.
Une gauche communiste en déclin
Les fédérations communistes en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion se sont détachées à la fin des années 1950 du PCF et sont devenues des partis indépendants, avec plus ou moins de succès12.
Le plus puissant, le Parti communiste réunionnais (PCR), a présidé le conseil régional entre 1983 et 1986 (Mario Hoarau, élu au bénéfice de l’âge) puis surtout entre 1998 et 2010 (Paul Vergès). Affaibli en 2010 par sa défaite aux régionales, suivie en 2012 de la dissidence de la députée Huguette Bello (« Pour la Réunion, de toutes nos forces »), le PCR n’a pas conduit de liste autonome : il s’est rangé derrière Patrick Lebreton (« Mouvement Le Progrès »), dissident du PS.
Après avoir présidé le conseil régional de 1992 à 1998 (Émile Capgras, élu au bénéfice de l’âge), le Parti communiste martiniquais ne s’est jamais électoralement remis de la scission de Pierre Samot (« Bâtir le Pays Martinique ») aux régionales de 1998. Il partait cette fois avec le Mouvement indépendantiste martiniquais.
Contrairement aux régionales de 2004 et 2010, le Parti communiste guadeloupéen a formé sa propre liste, confirmant son déclin électoral : 0,92 %, contre 5-6 % en 1992-1998, et jusqu’à plus de 20 % en 1983-1986.
Enfin, sur un positionnement entre l’extrême gauche et le Front de gauche métropolitain se présentaient le Comité d’initiative pour un projet politique alternatif13 (1,85 % en Guadeloupe), l’Alliance réunionnaise contre la pauvreté14 (1,69 %) et le Mouvement des travailleurs et des peuples sans voix de Martinique15 (1,29 %).
Une gauche autonomiste puissante en Martinique et en Guyane
Les partis de gauche métropolitains sont depuis la fin des années 1950 concurrencés par des partis autonomistes. C’est en particulier le cas du Parti progressiste martiniquais d’Aimé Césaire (ex-PCF) et du Parti socialiste guyanais, fondé par Justin Catayée (ex-SFIO).
Le Parti progressiste martiniquais (PPM) demeure une force politique majeure : la liste conduite par son président, Serge Letchimy, a récolté 38,96 % et la première place au premier tour, puis 45,86 % au second.
Le Parti socialiste guyanais (PSG) a perdu en 2010 la présidence du conseil régional, qu’occupait depuis 1992 Antoine Karam. Affaibli par plusieurs scissions, il a repris quelques forces en faisant élire Gabriel Serville à l’Assemblée nationale en 2012 puis Antoine Karam au Sénat en 2014. Une des divergences entre le PS et son homologue guyanais porte sur l’immigration, ce dernier étant sur cette thématique davantage proche de la droite métropolitaine.
Deux acteurs importants des régionales sont d’anciens membres du PSG : Rodolphe Alexandre, président sortant du conseil régional et nouveau président de l’assemblée de Guyane, et la députée Chantal Berthelot (« À gauche en Guyane »). Après s’être rapprochée du PS en 2012-2013, Chantal Berthelot a finalement conduit une liste sans le PS mais avec le PSG (8,49 % au premier tour).
La gauche autonomiste est aussi représentée en Guyane par le parti Walwari (« Éventail ») de Christiane Taubira, qui, alors qu’elle était encore ministre du gouvernement de Manuel Valls, figurait en onzième position de la section de Cayenne sur la liste conduite par Line Létard (7,1 %)16. Autre parti de gauche autonomiste : le Parti progressiste guyanais de Jean-Marie Taubira17 (0,97 %).
Toutes ces listes (Serge Letchimy en Martinique, Rodolphe Alexandre, Chantal Berthelot, Line Létard et Jean-Marie Taubira en Guyane) ont été étiquetées « divers gauche » par le ministère de l’Intérieur. Il nous a semblé plus pertinent de les ranger dans la nuance « régionalistes », à l’exception de celle de Rodolphe Alexandre en raison de son parcours politique, sur lequel nous reviendrons.
Une présence contrastée du Parti socialiste
Le poids du Parti socialiste dans les régions et territoires d’outre-mer est très variable, subissant à la fois la concurrence de partis autonomistes et de nombreuses dissidences.
Le PS n’y a présenté une liste qu’en Guadeloupe, conduite par le député Victorin Lurel, président du conseil régional depuis 2004 et ancien ministre des Outre-mer de mai 2012 à mars 2014 (gouvernements Ayrault).
À La Réunion, le PS a abordé les élections régionales en pleine désunion. Désigné chef de file en juin 2015, en marge de la visite du Premier ministre Manuel Valls, Gilbert Annette, maire de Saint-Denis, a choisi de s’unir dès le premier tour avec Huguette Bello (ex-PCR, « Pour la Réunion, de toutes nos forces »). En face, le député Patrick Lebreton a mené sa propre liste autour du « Mouvement Le Progrès », qu’il avait lancé en 2013. Huguette Bello (23,8 %) a largement distancé son adversaire (7,12 %) et les listes ont logiquement fusionné entre les deux tours.
En Martinique, la Fédération socialiste de la Martinique figurait sur la liste de Serge Letchimy (PPM), président du conseil régional depuis 2010.
Enfin, en Guyane, où l’offre politique est la plus éloignée de la métropole, la fédération du PS est électoralement marginale : 1 % des suffrages exprimés pour la liste conduite par Léon Jean-Baptiste-Édouard aux régionales de 2010.
Un centre orienté au centre gauche
La Réunion est, avec en métropole la Bourgogne-Franche-Comté (3,26 % pour la liste conduite par Christophe Grudler), la seule région où le MoDem a présenté sa propre liste, conduite par le député et maire de Saint-Leu Thierry Robert (20,32 %). Ce dernier et son parti local « La Politique autrement » sont toutefois en décalage avec le repositionnement du centre vers la droite opéré depuis fin 2013 par François Bayrou18 : arrivée en troisième position au premier tour, la liste de Thierry Robert a fusionné avec les deux listes de gauche.
Thierry Robert, qui avait reçu dans sa commune Manuel Valls en octobre 2011 durant la primaire PS-PRG, siège il est vrai à l’Assemblée nationale au groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste, positionné au centre gauche. Il a voté pour les déclarations de politique générale des gouvernements Ayrault (juillet 2012) et Valls I (avril 2014), puis s’est abstenu sur celle du gouvernement Valls II (septembre 2014), et n’a jamais voté de motion de censure contre ces gouvernements19.
Aux régionales de 2010, bien que le MoDem était à l’époque sur une ligne centriste ni de droite ni de gauche, il avait déjà eu deux élus Outre-mer sur des listes de gauche20 : Marie-Claire Pozzoli en Guadeloupe derrière Victorin Lurel (PS) et Michel Lagourgue à La Réunion derrière Paul Vergès (PCR)21. Entre les deux tours, cette dernière liste avait fusionné avec celle du « divers droite » André Thien Ah Koon (5,37 %), ancien député redevenu en 2014 maire du Tampon, qui figure cette fois en troisième position sur la liste de Thierry Robert.
Ailleurs, le MoDem était soit absent (Guadeloupe), soit, comme dans la quasi-totalité des régions métropolitaines, en coalition avec la droite (Martinique, Guyane).
Une droite à éclipses
Si Les Républicains et l’UDI étaient unis dans la totalité des régions métropolitaines, il n’en était de même dans les outre-mers qu’à La Réunion et en Guyane. En Martinique se déroulait même l’unique primaire de premier tour entre Les Républicains22 (14,32 % des suffrages exprimés) et l’UDI (1,51 %)23.
À La Réunion, l’année 2015 a concrétisé la réconciliation au sein de la droite réunionnaise entre Didier Robert (tête de liste aux régionales) et Nassimah Dindar (deuxième de liste). En mars 2008, après les élections cantonales, l’UMP avait en effet éclaté en deux. D’un côté, Nassimah Dindar s’était fait réélire à la présidence du conseil général avec le soutien de la gauche et du centre. Elle a finalement quitté l’UMP en septembre 2008 et fondé le parti local « La Droite sociale », avant de rejoindre le MoDem puis de participer, fin 2012, à la création de l’UDI, dont elle a pris la présidence de la fédération. Elle a été réélue à la présidence du conseil départemental en mars 2015, retrouvant comme entre 2004 et 2008 une majorité de droite. De l’autre, Didier Robert avait créé le parti local « Objectif Réunion » avec la fraction de la droite opposée au retournement d’alliance de mars 2008.
En Guadeloupe (listes LR et Nofwap24) et en Guyane (listes LR-UDI-MoDem et Muriel Icaré Nourel), l’enjeu du scrutin était interne à la gauche et aucune liste de droite n’a dépassé 5 % des suffrages exprimés.
À noter que la droite souverainiste, Debout la France (DLF, Nicolas Dupont-Aignan) et l’Union populaire républicaine (UPR, François Asselineau), n’apparaissait qu’à La Réunion. Avec une particularité : il s’agit de la seule région où l’UPR (0,48 %)25 a devancé DLF (0,37 %).
Une extrême droite restée marginale
Opposé au multiculturalisme, le FN n’est jamais parvenu à s’implanter dans les outre-mers, hors Nouvelle-Calédonie. D’autant plus qu’à l’extrême droite cohabitent d’un côté un discours assimilationniste et de défense de tous les Français sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de religion, de l’autre un discours racialiste – voire raciste – de dénonciation d’un « grand remplacement » des « Français de souche » par une population « extra-européenne »26
En Guyane, où l’immigration clandestine est une question essentielle du débat politique, le FN avait concouru aux régionales de 1986 (3,59 %) et 1992 (3,5 %). Le parti de Marine Le Pen tente, sans succès, d’y pousser des candidats depuis les municipales de 2014. De fait, il y a récolté aux derniers scrutins présidentiel et européen plus de 10 % des suffrages exprimés (tableau 3).
Tableau 3 – Scores du Front national (% des suffrages exprimés)
Avant de s’éclipser, le FN avait aussi présenté des listes aux régionales à La Réunion jusqu’en 1998 (0,84 % seulement). En lice dans neuf cantons sur vingt-cinq aux départementales de mars 2015, sa liste n’a obtenu que 2,39 % en décembre.
Historiquement, le FN n’avait en revanche jamais formé de liste ni en Martinique, avec des scores inférieurs à 5 % des suffrages exprimés à la présidentielle et aux européennes, ni en Guadeloupe. Dans cette dernière région, le FN était pour la première fois dans la course (1,4 %), après avoir aligné deux binômes aux départementales.
La domination de la gauche confirmée aux régionales
S’il était nécessaire d’examiner au préalable les grandes forces politiques en présence, voyons maintenant les résultats du scrutin dans chacun des territoires.
La Réunion sauve l’honneur de la droite
Avec Didier Robert (« Objectif Réunion »-LR), président du conseil régional depuis 2010 et sénateur depuis juillet 2014, La Réunion est désormais la seule collectivité d’outre-mer renouvelée en décembre 2015 à être dirigée par la droite (tableau 4).
Tableau 4 – Résultats des élections régionales à La Réunion
Sans compter la dissidence de l’ancien député UMP René-Paul Victoria (1,02 %), Didier Robert a réalisé dès le premier tour l’union de la droite réunionnaise avec une liste tirée par des poids lourds politiques : Nassimah Dindar, présidente de « La Droite sociale »-UDI du conseil départemental, Michel Fontaine, sénateur LR et maire de Saint-Pierre, Nadia Ramassamy (« Un avenir meilleur pour la population de la Réunion dans la France et dans l’Europe »)27, Jean-Paul Virapoullé, ancien parlementaire redevenu en 2014 maire de Saint-André28, enfin en dernière position Joseph Sinimalé (LR), tombeur d’Huguette Bello à la mairie de Saint-Paul aux municipales de 2014.
Si la liste d’union de la droite de Didier Robert est arrivée en tête au premier tour (40,36 %), elle était menacée par la fusion des trois listes de gauche et du centre ayant dépassé le seuil de 5 % des suffrages exprimés : celles d’Huguette Bello (23,8 %, « Pour la Réunion, de toutes nos forces »-PS-EELV29), de Patrick Lebreton (7,12 %, « Mouvement Le Progrès »-PCR) et de Thierry Robert (20,32 %, « La Politique autrement »-MoDem).
Cette union de la gauche et du centre, pas plus que l’enquête préliminaire lancée par le parquet financier concernant le chantier de la « nouvelle route du littoral », n’a pu empêcher la réélection de Didier Robert avec 52,69 %. Une victoire en duel plus nette qu’en 2010, acquise en triangulaire face à deux listes de gauche30.
Guadeloupe : victoire du front « anti-lurel »
Les élections régionales en Guadeloupe se sont résumées au duel entre les députés Victorin Lurel et Ary Chalus, dont les listes ont respectivement obtenu 41,09 % et 43,55 % dès le premier tour. La troisième liste, celle des Républicains, n’a même pas dépassé 5 % des suffrages exprimés (tableau 5).
Tableau 5 – Résultats des élections régionales en Guadeloupe
Ancien ministre des Outre-mer de Jean-Marc Ayrault, député depuis 2002 et président du conseil régional depuis 2004, Victorin Lurel était l’homme fort de la gauche en Guadeloupe. Cas unique, sa liste l’avait emporté dès le premier tour aux régionales de 2010 (56,51 %).Victorin Lurel avait mis toutes les chances de son côté en positionnant derrière lui les députés Gabrielle Louis-Carabin et Éric Jalton31. Élue à l’Assemblée nationale en 2002, Gabrielle Louis-Carabin a démissionné de l’UMP en 2009 pour s’opposer localement à l’ascension de Marie-Luce Penchard, fille de Lucette Michaux-Chevry. Gabrielle Louis-Carabin a ensuite rallié la gauche en étant déjà deuxième de liste de Victorin Lurel aux régionales de 2010, avant de soutenir François Hollande à la présidentielle de 2012. Éric Jalton avait également été élu en 2002 à l’Assemblée nationale, après avoir quitté le PS, puis en 2004 au conseil régional sur la liste de Lucette Michaux-Chevry (« Objectif Guadeloupe »-UMP). Il était retourné au PS en 2005, avant de monter sa propre liste dissidente aux régionales de 2010 (12,4 %).
Autres atouts de Victorin Lurel : la présidence d’honneur de son comité régional de soutien avait été confiée à George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer élue de Paris mais née en Guadeloupe, et sa présidence à Josette Borel-Lincertin, nouvelle présidente du conseil départemental32.
En face, le député Ary Chalus, qui siège au groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste33, a formé autour de lui un « front anti-Lurel ». Tout d’abord, bien entendu le parti local auquel il est apparenté : « Guadeloupe unie, socialisme et réalités », issu d’une scission du PS aux régionales de 1992. Concurrent à gauche de la fédération du PS, ce parti est représenté par Guy Losbar (3e position sur la liste) et Jacques Gillot, président du conseil général de 2001 à 2015 et sénateur depuis 2004. Ensuite, la droite incarnée par la chiraquienne Lucette Michaux-Chevry, ancienne parlementaire, ancienne ministre et présidente du conseil régional de 1992 à 2004. Sa fille, Marie-Luce Penchard, elle-même ancienne secrétaire d’État puis ministre déléguée à l’Outre-mer de François Fillon (2009-2012), figurait ainsi en deuxième position sur la liste d’Ary Chalus.
Enfin, même chose pour le chef de file de l’UDI pour les régionales, Louis Molinié, maire de Terre-le-Haut (17e position).
Ce « front anti-Lurel » et la volonté de changement de l’électorat ont permis à Ary Chalus de l’emporter largement au second tour (57,49 %).
Martinique : alliance inédite entre les indépendantistes et la droite
En Martinique, le scrutin était, comme en 2010, centré sur le duel entre l’indépendantiste Alfred Marie-Jeanne (Mouvement indépendantiste martiniquais, MIM), président du conseil régional de 1998 à 2010, et l’autonomiste Serge Letchimy (Parti progressiste martiniquais, PPM), président du conseil régional depuis 2010 (tableau 6).
Tableau 6 – Résultats des élections à l’assemblée de Martinique
Serge Letchimy a formé une coalition de pas moins de onze forces politiques autour du PPM qu’il préside, dont34 la Fédération socialiste de la Martinique, « Bâtir le Pays Martinique » de Pierre Samot (David Zobda, tête de liste de la section électorale du Centre) et deux partis autonomistes modérés : « Osons oser pour la Martinique » (Jenny Dulys-Petit35, tête de liste de la section du Nord), et le Parti régionaliste martiniquais (Chantal Maignan36).
En face, outre son parti, Alfred Marie-Jeanne (MIM) a rassemblé dès le premier tour le Parti pour la libération de la Martinique (Francis Carole, tête de liste de la section de Fort-de-France), le Parti communiste martiniquais, Martinique Écologie (Louis Boutrin) et, surtout, le Rassemblement démocratique pour la Martinique (Claude Lise, tête de liste de la section du Nord), créé en 2006 par des dissidents du PPM.
Cette ouverture aux autonomistes s’est poursuivie entre les deux tours de façon inédite : pour la première fois de l’histoire électorale, une liste indépendantiste a fusionné avec une liste de droite, celle de Yan Montplaisir (14,32 %).
Cette alliance surprise a permis à Alfred Marie-Jeanne, bien que distancé par Serge Letchimy au premier tour (30,28 % contre 38,96 %), de l’emporter au second (54,14 % contre 45,86 %). Faisant preuve de pragmatisme plus que d’idéologie, le vainqueur qui se présente désormais comme le « président de tous les Martiniquais », c’est-à-dire du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, a installé sa « co-gestion » avec la droite sur un contrat de mandature « garantissant le respect du cadre statutaire » actuel.
Guyane : retour gagnant à gauche de Rodolphe Alexandre
En Guyane, la présidence de l’assemblée de la nouvelle collectivité territoriale unique se jouait entre les deux présidents sortants : celui du conseil général, l’indépendantiste Alain Tien-Liong (30,24 % au premier tour), et celui du conseil régional, Rodolphe Alexandre (42,34 % dès le premier tour) (tableau 7).
Tableau 7 – Résultats des élections à l’assemblée de Guyane
Dans un scrutin très personnalisé, l’un et l’autre avaient réuni autour d’eux une liste hétéroclite. Alain Tien-Liong avait ouvert sa liste au chiraquien Léon Bertrand, ancien secrétaire d’État puis ministre délégué au Tourisme (2002-2007). Maire de Saint-Laurent-du-Maroni depuis 1983, Léon Bertrand était courtisé par les deux hommes pour ses réseaux, ce malgré son risque d’inéligibilité37. Autre soutien important : Marie-Laure Phinéra-Horth (divers gauche), qui avait succédé en 2010 à Rodolphe Alexandre à la mairie de Cayenne.
Comme il s’y était engagé, Alain Tien-Liong n’a pas proposé entre les deux tours de fusion aux trois listes ayant récolté entre 5 et 10 % des suffrages exprimés, qui avaient pourtant soutenu comme lui, en janvier 2010, le projet rejeté d’autonomie de la Guyane via l’article 74 de la Constitution38 : celles du parti « À gauche en Guyane » (Chantal Berthelot) allié au PSG (Marie-José Lalsie), de Walwari (Line Létard) et du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (Fabien Canavy). Conséquence : tous ces partis, historiquement représentés au conseil général et au conseil régional, sont absents de la nouvelle assemblée de Guyane.
En face, Rodolphe Alexandre avait constitué une liste à l’image de son parcours politique. Séduit par le discours « sécuritaire » de Nicolas Sarkozy, à l’occasion d’un déplacement en Guyane de celui qui était à l’époque ministre de l’Intérieur, le premier adjoint au maire de Cayenne avait voté pour lui à la présidentielle de 2007. Alors que, sur l’ensemble des outre-mers, Ségolène Royal avait distancé Nicolas Sarkozy (tableau 2), ce dernier avait ainsi atteint 53,08 % en Guyane. L’année suivante, Rodolphe Alexandre a été élu dès le premier tour maire de Cayenne à la tête d’une liste d’ouverture dissidente du PSG. Favorable à une « décentralisation dans la décentralisation », il a fondé son propre mouvement, « Guyane 73 »39, en s’opposant à l’autonomie de la Guyane via l’article 74 de la Constitution. Quelques mois plus tard, en mars 2010, il rallie officiellement la droite en étant investi par l’UMP aux régionales : sa liste l’emporte au second tour sur celle de Christiane Taubira40. Les élections de décembre 2015 ont marqué son retour à gauche. Un retour gagnant, puisque Rodolphe Alexandre l’a emporté contre Alain Tien-Liong par 54,62 % des suffrages exprimés.
Force des nationalismes régionaux, faiblesse du nationalisme français
Affichant une offre politique plus ou moins proche de la métropole, les outre-mers constituent une ou plutôt des vies politiques singulières. Avec une caractéristique générale : le poids des identitaires, qu’ils soient autonomistes ou indépendantistes (tableau 8). Si les quatre régions ou collectivités territoriales d’outre-mer renouvelées ont pesé 3 % des suffrages exprimés, les régionalistes y ont pesé 33 % des voix totales de cette nuance.
Tableau 8 – Résultats des élections régionales de 2015 (% des suffrages exprimés)
Leur influence grandissante en Martinique et en Guyane, nouvelles collectivités uniques, y est pour beaucoup. Une caractéristique que l’on ne retrouve en métropole qu’en Corse, où les régionalistes jouent le rôle de tiers parti. Dans les outre-mers, la tendance est néanmoins au recentrage progressif, dans les faits si ce n’est dans le discours, des positions sur la question statutaire : par pragmatisme, la grande masse des indépendantistes se satisfait de la revendication d’une autonomie accrue, tandis que les départementalistes se sont peu ou prou ralliés à une dose d’autonomie.
Cette différenciation avec le reste du système politique métropolitain a été accentuée lors du scrutin des 6 et 13 décembre 2015 par une personnalisation paroxysmique des enjeux, venant brouiller davantage encore des vies politiques déjà singulières et mouvantes. Conséquence : à l’exception notable de La Réunion, l’ensemble des seconds tours outre-mer ont été des duels entre des candidats étiquetés à gauche, mais ayant quasiment tous ouvert leur liste, entre les deux tours voire dès le premier, à des fractions de la droite.
Autre caractéristique commune : la présence marginale de l’extrême droite française.
Si le Front national a progressé sur l’ensemble des départements métropolitains, récoltant désormais dans ses zones de faiblesses les scores qu’il obtenait autrefois dans ses bastions, l’Outre-mer fait toujours de la résistance.
Cette donnée ne serait pas à négliger en cas de qualification, avec un résultat global bien plus incertain que son père en 2002, de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017.
Laurent de Boissieu
Journaliste à La Croix, fondateur du site Internet france-politique.fr
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- Après de nouvelles élections, la collectivité de Corse deviendra au 1er janvier 2018 une collectivité unique, en lieu et place de l’actuelle collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. ↩
- Jusqu’à 1 782 772 électeurs inscrits dans la circonscription Outre-mer aux élections européennes de mai 2014. ↩
- Jean-Pierre Philibert, « Le vote dans l’Outre-mer : évolutions et tendances », Revue Politique et Parlementaire, n°1062, janvier-mars 2012, p. 96-108. ↩
- Yvan Combeau, « Le vote dans l’outre-mer », 2007, Les quatre chemins, p. 11. ↩
- Les recours internes épuisés, François Fillon renoncera à ester en justice sans pour autant jamais personnellement valider ce résultat. ↩
- Il existe néanmoins une différence institutionnelle entre elles : l’exécutif est assuré, en Martinique par le président du conseil exécutif, en Guyane par le président de l’assemblée. ↩
- Une première consultation, le 10 janvier 2010, avait rejeté l’autonomie via l’article 74 de la Constitution : 79,3 % de « non » en Martinique et 70,2 % en Guyane. ↩
- Liste « Bretagne en Luttes/Breizh o Stourm » (0,52 %) du parti d’extrême gauche Breizhistance. ↩
- Corsica Libera de Jean-Guy Talamoni (7,73 %) et Rinnovu de Paul-Félix-Benedetti (2,58 %). Corsica Libera fusionne entre les deux tours avec les autonomistes de Femu a Corsica (Gilles Simeoni). ↩
- L’unique conseillère régionale sortante du Conseil national des comités populaires, Marie-Hélène Léotin, est cependant restée fidèle à Alfred Marie-Jeanne. ↩
- La liste d’Alain Tien-Liong a été étiquetée « divers gauche » par le ministère de l’Intérieur, il nous a semblé plus pertinent de la ranger dans la catégorie « régionalistes ». ↩
- Il n’existe en revanche pas de Parti communiste guyanais. ↩
- Issu du syndicat « Centrale des travailleurs unis » et du « Liyannaj kont pwofitasyon » (LKP, Collectif contre l’exploitation outrancière), Alain Plaisir avait déjà conduit une liste aux régionales de 2010 (1,41 %). ↩
- Son fondateur, Jean-Hugues Ratenon, a démissionné en 2012 du PCR en soutenant Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, tandis que son ancien parti soutenait François Hollande dès le premier tour. ↩
- Daniel Gromat, tête de liste, est un ancien dirigeant de la CGT Martinique. ↩
- Liste d’union entre Walwari, Guyane Écologie – Les Verts et « Action et Progrès citoyen » (à Saint-Laurent-du-Maroni). ↩
- Frère de Christiane Taubira, membre jusqu’en 2008 de Walwari. ↩
- Lire notre analyse « Le centre est-il condamné à tomber à droite ? », L’état de l’opinion 2015 – TNS Sofres, Le Seuil, 2015, p. 139-161. ↩
- Le second député MoDem, Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques), siège en revanche parmi les non-inscrits et s’est abstenu sur les déclarations de politique générale des gouvernements Ayrault et Valls I. Il a ensuite voté contre celle du gouvernement Valls II, puis finalement pour une motion de censure en février 2015. ↩
- Les uniques autres élus du MoDem aux régionales de 2010 furent les dix de la liste de Jean Lassalle en Aquitaine, la seule à avoir dépassé 10 % des suffrages exprimés. ↩
- Michel Lagourgue a ensuite participé, fin 2012, à la création de l’UDI en quittant « L’Alliance » de Paul Vergès. ↩
- Allié au MoDem et aux Forces martiniquaises de progrès de Miguel Laventure. ↩
- Cette liste correspond aux 1 818 voix attribuées par le ministère de l’Intérieur à l’UDI. ↩
- Parti dirigé par le couple Henri Yoyotte et Octavie Losio, au discours parfois proche de l’extrême droite sur l’immigration. ↩
- L’UPR avait déjà obtenu 1,18 % aux élections européennes de 2014 à La Réunion, contre une moyenne nationale de 0,41 %. ↩
- On trouve le même discours racialiste, inversé, chez certains militants indépendantistes en Guyane et dans les Antilles. ↩
- Tête de liste aux régionales de 2004 et 2010, Nadia Ramassamy avait obtenu autour de 6 % des suffrages exprimés. ↩
- La liste UMP dissidente de Jean-Paul Virapoullé avait obtenu 6,73 % aux régionales de 2010. ↩
- Autres soutiens locaux : Mouvement citoyen réunionnais (dissidence du PCR à Saint-Louis) et Union démocratique pour Saint-André. ↩
- La liste de Didier Robert avait obtenu 45,46 %, contre 35,55 % pour celle de Paul Vergès (PCR) et 18,99 % pour celle de Michel Vergoz (PS). ↩
- En dehors de la Force de rassemblement abymien pour le progrès (Éric Jalton), Victorin Lurel était soutenu par la Force d’action pour le rassemblement et le développement de Sainte-Anne (Christian Baptiste), Caraïbe Écologie – Les Verts (Harry Durimel) ainsi que le Parti progressiste démocratique guadeloupéen. ↩
- Symboliquement candidate aux régionales en fin de liste, Josette Borel-Lincertin avait remplacé Victorin Lurel à la présidence du conseil régional lorsque celui-ci était au gouvernement. ↩
- Le groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste est dominé par les radicaux de gauche. ↩
- Les autres forces politiques sont l’Association citoyenne lucéenne (Nicaise Monrose, tête de liste de la section électorale du Sud), Vivre à Schœlcher, Mouvement populaire franciscain, Rassemblement des forces lorrinoises, Trois Ilets nouvelle dynamique, Mouvement démocratique joséphin, Mouvement démocratique pour l’avenir de Ducos. ↩
- Déjà élue sur la liste de Serge Letchimy en 2010. ↩
- Élue en deuxième position sur la liste de droite en 2010. ↩
- Léon Bertrand a été condamné à vingt mois de prison dont quatre avec sursis et deux ans de privation de ses droits civiques dans l’affaire des marchés publics de la communauté de communes de l’ouest guyanais. Son pourvoi en cassation lui a néanmoins permis, en raison de la suspension de la peine, de rester en fonction et de se présenter au scrutin de décembre 2015. ↩
- L’article 74 de la Constitution régit les collectivités territoriales d’outre-mer qui disposent d’un statut tenant compte de leurs « intérêts propres ». ↩
- L’article 73 de la Constitution régit les collectivités territoriales d’outre-mer où la législation métropolitaine s’applique de plein droit tout en pouvant faire l’objet d’« adaptations ». ↩
- L’opposition entre Rodolphe Alexandre et Christiane Taubira date des élections législatives de 1993 : le candidat du Parti socialiste guyanais avait alors été battu par celle qui venait de fonder le parti Walwari. Le ralliement de Rodolphe Alexandre à la droite s’effectue dans le contexte de l’« ouverture » de Nicolas Sarkozy ; dès 2007, le parti du ministre d’ouverture Jean-Marie Bockel (ex-PS), La Gauche moderne, avait par ailleurs reçu l’adhésion de deux sénateurs élus Outre-mer : Georges Othily (Guyane) et Daniel Marsin (Guadeloupe). ↩