L’Occident est en déclin se dit-il partout. Les autres pays du monde, notamment en Asie, sont en train de rattraper à grande vitesse leur retard technologique et scientifique. Le centre de gravité du monde bascule ainsi vers le Pacifique.
La chose est claire et entendue, pour autant, par delà cet aspect matériel des choses, un autre défi attend l’Occident, d’une toute autre nature, beaucoup plus insidieuse, qui touche à sa nature même : il va, et doit, faire face à une crise qui arrive à grands pas de ses valeurs fondamentales et de son idéologie, telles qu’il les vit depuis quelque soixante ans, et qui risquent d’entraîner, non plus seulement un déclassement économique et politique, mais peut-être son collapsus.
L’Occident dans un cul-de-sac idéologique ?
Les horreurs absolues des deux guerres mondiales ont complètement assommé l’Occident. Dès les années 1920, il a entrepris de douter de toutes ses valeurs viriles, appelons-les valeurs « yang ». Le mouvement s’est ensuite amplifié, systématisé, et généralisé à partir de la fin des années 1940, au nom d’un credo tacite mais quasi-universel qui pourrait s’exprimer ainsi : « voyez à quelle barbarie innommable nous ont conduits ces valeurs ! ». Toutes celles qui, d’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement, ne serait-ce que de manière périphérique et marginale, connotaient une telle image, étaient aussitôt mise à l’encan et ne trouvaient plus grâce aux yeux d’une civilisation culpabilisée, alors que lesdites valeurs se retrouvent pourtant dans toutes les civilisations d’hier et d’aujourd’hui. Elles furent néanmoins jetées aux orties car on voyait en elles la cause et l’origine de tout ce qui s’était produit.
Tandis que les valeurs « yang » étaient remisées aux oubliettes, les valeurs « yin » entreprenaient d’occuper de plus en plus exclusivement le devant de la scène. L’Occident a mis de plus en plus l’accent sur les seuls droits de l’homme, au point d’en faire, à compter des années 1950, l’alpha et l’oméga à l’aune desquels étaient jugés les comportements des individus comme des États. Au terme du processus, on a pu dire que le mode de pensée suivant s’était instauré : le faible (le pauvre, le malheureux, etc.) a par principe raison et le fort (le riche, l’heureux, etc.) a par principe tort… et doit nécessairement réparer. Le mécanisme s’appliquait quelle que fût la part « objective » des uns et des autres dans la responsabilité et la genèse des événements… si tant est qu’il soit jamais possible de parvenir à une évaluation objective des choses en ce type d’occurrence. Nonobstant, ainsi alla le monde pendant quelque soixante années – peut-être un peu plus, peut-être un peu moins – jusqu’au jour où la poussée des évènements fit se gripper le système : une interrogation nouvelle vient aujourd’hui bousculer le schéma en place : se battre la coulpe à tout prix et en permanence ne va-t-il pas conduire l’Occident à sa fin ! ?
Une problématique inextricable ?
Depuis plusieurs décennies, l’unanimité s’est faite pour reconnaître que maintes régions du monde abritent quantité d’idéologies affichant des valeurs différentes, sinon antagonistes, de celles de l’Occident, voire lui étant carrément contraires. Elles bousculent ce dernier dans ses convictions les plus profondes, les droits de l’individu et la démocratie. Très souvent, les conditions économiques, politiques, sociales, religieuses… du lieu y engendrent des situations invivables pour qui veut rester et vivre digne, et donc y génèrent une émigration forcée vers un ailleurs où il ferait bon vivre. Immanquablement, les gens ont « voté avec leurs pieds », selon l’expression d’Alfred Sauvy, démographe des années 1970, qui avait prédit le phénomène. Ils ont entrepris de migrer vers d’autres horizons au nom d’un principe simplissime : « si je reste sur place, je meurs ; si je pars, j’ai une chance de survivre quels que soient les difficultés et dangers de l’aventure ».
Le XXIe siècle voit ces migrations de population prendre une allure de déferlante pour de multiples raisons, au point que les pays d’accueil commencent d’éprouver un sentiment de submersion, et que commence de se poser confusément la question suivante : « si je laisse l’accès chez moi libre et sans limite au nom des valeurs humanistes qui sont miennes… dans quelques temps, je ne serai plus chez moi ; si je contreviens à ce principe d’accueil, je trahis les valeurs, par lesquelles j’existe ; dans les deux cas, je ne suis plus moi ! »
En d’autres termes, l’Occident se demande aujourd’hui s’il ne serait pas prisonnier de ses propres valeurs ; il se retrouve au seuil d’une crise d’identité absolue, qu’il ne semble pas être en mesure de résoudre.
En d’autres termes, se pose la question de l’universalité opérative des valeurs universelles !
Mais d’abord, l’identité, à tout prendre, qu’est-ce ?
La définition qui suit se veut purement opérative et factuelle ; elle se gardera de s’immiscer dans les débats théoriques et idéologiques sur le comment du pourquoi ou le pourquoi du comment. Elle part de la constatation d’évidence qu’un concept existe, qui explicite intuitivement et empiriquement le phénomène d’agrégation entre eux des membres d’une communauté, qu’il est à l’œuvre partout dans le monde et depuis toujours dans l’histoire, et qu’on le baptise usuellement « identité » : l’identité est le sentiment, forgé par l’Usage et conforté par le Temps, qu’untel me ressemble et qu’untel ne me ressemble pas, donc que je peux, je veux bien, vivre avec untel et non avec untel. Le contenu du concept d’identité est entièrement subjectif ! Il est aussi d’une réalité opérative fondatrice, puissante et incontournable et c’est ce qui compte. Un point c’est tout ! On peut pester tout le temps de l’éternité contre cet état de fait, mais comme le disent les Anglais : « il n’y a rien de plus bête qu’un fait, mais un fait est un fait ».
Une issue inéluctable ? !
Aujourd’hui l’identité occidentale se sent menacée par ce qu’elle perçoit de plus en plus comme une déferlante, d’autant que les problèmes inéluctables qu’engendre le brassage de populations trop différentes – ethniquement, culturellement, idéologiquement, de par leurs mœurs – éclosent et se généralisent à grande vitesse pour deux simples raisons : premièrement, parce que le rejet de la différence est constitutif de la nature humaine, il y est ancré au plus profond et regarde la différence comme une menace potentielle. L’instinct d’Homo Sapiens agit en l’espèce à la manière dont l’organisme se défend contre le corps étranger qui s’y est introduit : les globules blancs l’attaquent dès qu’il devient assez gros. Il s’agit là d’un processus vital qui ne saurait être contrarié. Deuxièmement, parce que les migrations actuelles transgressent les deux principes majeurs régissant depuis toujours l’intégration des immigrés : le temps et la masse. D’abord, elles portent sur des masses humaines considérables, telles que le pays d’immigration se sent submergé ; ensuite, elles se déroulent en continu sans laisser aux gens le temps d’apprendre à vivre ensemble : aux nouveaux arrivants le temps nécessaire pour s’intégrer progressivement et aux pays d’accueil le temps de dépasser les différences. Il importe de se souvenir : la France cultivait la haine du « boche » en France dans les années 1930, les Allemands détestaient les Français lorsque Louvois ravagea le Palatinat sous Louis XIV, les haines religieuses intra-européennes ensanglantèrent l’Europe au moment des guerres de religions ! Aujourd’hui, le temps et les épreuves aidant, tout le monde se retrouve dans l’idée de la « maison commune » et des interrelations ininterrompues qu’elle suppose et entraîne.
Pour autant, tel n’est pas le scénario qui se déroule sous nos yeux ; le temps ne respectant pas ce qui se fait sans lui, on aboutit à la conclusion logique en l’espèce : le refus de l’Autre, l’éclosion de la violence et la montée des extrémismes. Les exemples sont légion à méditer : les USA pris de xénophobie devant les vagues d’immigration successives des Allemands (sic !), puis des Irlandais puis des Italiens ; la France revêche devant l’arrivée des Italiens jusque dans les années 1950 ; la Chine qui applique sans faille et sans faiblesse une politique de sinisation insidieuse, destinée à transformer en Han toux ceux qui ne le sont pas et qui viennent s’installer dans le pays (les Mandchoues par exemple).
D’où l’éclosion de la violence à trois niveaux.
La violence intérieure
Elle explose dans bien des pays aujourd’hui, provenant tant de ceux qui n’arrivent pas à s’intégrer que de ceux qui estiment qu’ils sont en danger de submersion : en fait ces deux attitudes ne sont que le revers et l’avers d’une même pièce de monnaie et l’une ne va pas sans l’autre. Elles se nourrissent l’une l’autre pour le pire en un engrenage infernal (cf. l’Irlande du Nord). Pourtant, pendant que ce processus déroule ses effets délétères, la plupart des gens soutiendront sans sourciller : « je ne suis pas raciste ».
La guerre civile ?
Le scénario est déjà à l’œuvre devant nos yeux au travers de la montée des mouvements populistes et xénophobes en Europe et aux États-Unis depuis une décennie maintenant. Non seulement ils engrangent un nombre de plus en plus croissant de voix, mais ils deviennent également transversaux et recrutent dans tous les milieux, aisés ou populaires.
Leur discours visant à « reconduire à la frontière » tous ceux dont la tête ne leur revient pas fait frémir à plusieurs titres : cohortes innombrables de gens – il s’agit en l’espèce de (plusieurs) millions de personnes dont beaucoup sont nées sur place et possèdent la nationalité locale – errant sur les routes de France, de Navarre, d’Europe et d’Occident pour regagner leurs terroires historiques (ou celui de leurs parents) ! Mesures pratiques dont ces mouvements extrémistes useront pour mettre sur les routes de telles quantités de gens installés un peu partout depuis longtemps, sinon depuis toujours ? Attitude desdits gens : vont-ils se laisser faire ? !….
La guerre extérieure ?
Aujourd’hui, beaucoup d’États « stables » sont engagés dans des actions militaires, visant à éradiquer les éléments hostiles et belligènes qui viennent les agresser chez eux… avec des résultats au mieux mitigés. Rien ne garantit dès lors que ne naisse pas progressivement dans l’opinion, l’idée que le seul moyen de régler le problème des migrations de masse est de visser sur place les populations concernées. Elle générera des interventions militaires lourdes et de longue durée, engageant de vrais corps expéditionnaires, à la manière dont cela s’est produit au Viet Nam : au début les Américains n’y comptaient que quelques milliers de « conseillers », puis les effectifs sont passés à quelques dizaines de milliers de « marines » pour, enfin, (ne pas réussir à) boucler l’affaire avec un demi-million d’hommes sur le terrain. La société américaine toute entière en a été bouleversée dans ses fondements.
Le risque de désagrégation de l’Occident est donc réel, d’autant qu’on peut se demander si son mode de gouvernance et son système politique, par lesquels se résolvent en principe les problèmes, ne battent pas de l’aile.
Une gouvernance bancale ?
L’Occident, qui se définit comme la civilisation qui a apporté la démocratie au monde – lequel ne l’a pas adoptée partout pour autant, loin s’en faut – connaît une crise du politique profonde qui voit les populations amères de plus en plus tentées par l’absentéisme et le « je m’enfoutisme ». Elles regardent les hommes politiques comme des raconteurs d’histoires professionnels, uniquement intéressés par leur élection et qui, une fois au pouvoir, n’entreprennent pas de régler les problèmes.
En réalité, la construction même du système empêche lesdits hommes politiques d’être en mesure de pouvoir faire grand-chose. La démocratie est basée en effet sur une idée simple et forte : demander aux gens d’exprimer leurs desiderata et les mettre en application une fois au pouvoir. Malheureusement les choses ne marchent pas vraiment ainsi pour une raison principale : très peu de gens font la démarche proactive de se tenir au courant afin de se forger une opinion ; très peu arborent donc des positions construites. Pour les autres, c’est-à-dire l’immense majorité de la population, les desiderata sont affaire d’évidence et de bon sens : un emploi, un toit, élever et instruire ses enfants, une bonne santé, être soigné gracieusement en cas de maladie. Pour le reste, entendre les questions nécessitant un niveau second (voire plus) de réflexion, les idées s’égaillent comme l’oxygène dans la haute atmosphère ; par exemple, tout le monde exige d’être soigné sans limite ni bourse délier, mais personne ne réfléchit à l’aspect macroéconomique du coût de la santé, aux problèmes de financement formidables qu’elle rencontre dans le monde entier et aux arbitrages qu’elle nécessite(ra) inéluctablement ; par exemple encore, tout le monde aspire à une retraite la plus élevée et la plus rapide possible, mais très peu de monde a réfléchi à la répartition optimale de l’existence entre vie active et retraite, à un moment de l’histoire humaine où les nonagénaires – fort heureusement – se multiplient. Dans ces conditions, espérer être pensionné pendant vingt ou vingt-cinq ans est-il envisageable – et soutenable – par les finances d’un pays ?
Dès lors, les politiques n’ont plus d’autre solution pour se faire élire que de flatter l’opinion et lui susurrer ce qu’elle veut entendre, en application du principe énoncé par Jules César : « les hommes croient vrai ce qui leur plait (et leur convient) ». Un point, c’est tout ! Une fois au pouvoir, bien sûr, les promesses électorales ne peuvent être mises en œuvre sans susciter de levées de boucliers… et rien ne change.
Perspective anxiogène si l’on se remémore que Winston Churchill a définitivement résumé l’affaire : « la démocratie est le pire des systèmes à l’exception de tous les autres ».
L’Occident se trouve confronté à un problème existentiel vital, sa gouvernance s’avère maintenant un tantinet bancale, pour autant les choses n’ont pas explosé… car il est « riche »… mais il l’est de moins en moins !
La croissance, réalité économique ou obsession politique ?
La quête de la croissance est devenue en Occident, voire partout dans le monde, l’alpha et l’oméga de la politique économique (et autre). Elle est vue partout comme le meilleur moyen de faire reculer le chômage, lutter contre des écarts de revenu apparemment délirants, qui laminent les classes moyennes et interpellent de plus en plus, aplanir les difficultés, dédramatiser les problèmes, calmer les tensions. Elle est la garantie que le peuple ne descendra pas dans la rue.
En ces années 2000 donc, les banques centrales injectent à tour de bras des doses ultra massives de monnaie (cf. Keynes) dans le circuit économique avec, sinon aucun résultat (Japon, France…), du moins des résultats qui ne font pas bondir les cabris par-dessus les montagnes. Les agents économiques (entreprises, particuliers) n’empruntent pas, même à taux ridiculement bas, voire à taux zéro, car ils n’affichent qu’une confiance très limitée dans l’avenir, et se posent une question aussi légitime qu’inévitable : « et si le moment venu je ne peux pas rembourser ? »…. D’où l’absence d’effet de ces injections de monnaie sur l’économie réelle. Il s’ensuit qu’une masse de liquidités difficilement imaginable pour le citoyen de base – des milliers de milliards de dollars, euros, yens, etc. – ne trouvant pas à s’employer tourne en permanence dans le monde, dans un état de fébrilité chronique, quasiment de folie furieuse. Elle se déplace entre les différentes places financières mondiales au gré du moindre écart de taux de rémunération entre elles. Ce mouvement brownien infernal n’a in fine d’autre issue que de s’investir en bourse, sur les marchés monétaires ou sur ceux des matières premières, y déclenchant en une spéculation effrénée, déstabilisatrice en diable. Plus personne ne comprend rien à ce qui se passe ni n’est capable d’imaginer l’avenir, tandis qu’apparaissent aujourd’hui les confins de l’absurde : les taux négatifs !
En regard de ce qui précède, une question ne peut pas ne pas finir par se poser : la quête de la croissance est-elle une réalité économique ou une obsession politique ?
En d’autres termes, « quelle autorité indiscutable, dont les oracles ne sauraient jamais être mis en doute, a jamais décrété que la croissance devait être éternelle ? Aucune ! Et, au surplus, cette autorité n’existe pas ! C’est la mouvance générale de pensée économique depuis l’origine, qui a – seule – posé empiriquement depuis le départ que, toujours, apparaitraient des possibilités d’affaires qui propulseraient vers le haut production et consommation. Il aurait été plus finaud de méditer les enseignements de l’histoire. Le monde n’a pas connu de croissance jusqu’au XVIIIe siècle, sauf lors de la découverte de nouvelles terres (cf. l’Amérique) ou de nouveaux gisements miniers. Les choses ne changèrent qu’à compter de la seconde moitié des années 1700 ; elles virent naître puis s’amplifier aux XIXe et XXe siècles, la révolution industrielle en ses multiples vagues. Celle-ci créa, et le bien-être de masse et la classe moyenne, socle de la démocratie. Aujourd’hui le phénomène s’essouffle (dans les pays développés), un peu comme si on avait fait le plein en l’espèce. Malgré tous les efforts, la croissance en Occident est depuis deux décennies beaucoup moins vive qu’elle ne le fut jusqu’aux années 1970. Au Japon, elle est nulle depuis les années 1990 !
Une seconde question apparaît alors : pourquoi cela ? Où se situaient donc les ressorts de la croissance d’hier ?
La réponse est toute simple : la croissance a résulté de percées scientifiques et de trouvailles technologiques (de rupture ou incrémentale,) se traduisant par l’apparition de produits quasi-innombrables (train, auto, avion, photographie, équipement du foyer, produits chimiques, biens électriques et électroniques, médicaments…), recelant un potentiel donné de production, donc de croissance ; à l’inverse, la croissance cesse ou, du moins, se ralentit considérablement, lorsque cet appel d’air technologique, ce potentiel recelé est épuisé, c’est-à-dire lorsque les marchés sont saturés. Le premier équipement laisse la place au remplacement. Et cette issue est inéluctable.
L’Occident en est là aujourd’hui, les marchés y sont saturés, les gens y sont équipés en tout et n’ont plus vraiment besoin d’acquérir de nouveaux produits, sauf ceux tout à fait nouveaux (les smart-phones par exemple). Quant aux exclus de la vie qui existent dans tous les pays, il faut souhaiter que la société trouve le moyen de les réinsérer, mais les choses ne changeront pas pour autant : l’outil industriel en place est suffisant pour répondre à la demande supplémentaire que suscitera cette réinsertion.
L’espoir demeure, doit demeurer, bien sûr qu’apparaîtra un jour une nouvelle percée majeure, mais pour l’instant, nul ne la voit. Les espoirs sont immenses sur les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Information technologies, Cognisciences), mais l’explosion souhaitée tarde à se produire, tandis qu’une tournure inattendue des choses semble se mettre en place, suscitant une anxiété croissante : on assiste à l’apparition de nouveaux produits, services et modes de production (économie collaborative, e-économie, robotisation, automatisation,…) qui viennent se substituer aux anciens de manière généralisée ; cela entretient l’activité économique… mais ne crée pas d’emploi… voire génère le chômage. En regard de ce(s) bouleversement(s) immense(s), dit(s) de rupture, l’Occident n’aurait-il pas besoin, plutôt que d’un supplément de croissance, de réfléchir à une organisation de la société permettant à l’exclu de (sur)vivre, en instituant – par exemple – une allocation permettant à celui-ci de vivre, basée sur la solidarité, à laquelle il serait éligible au simple titre qu’il fait partie de la société ?
En attendant, les classes moyennes, socle de la démocratie, sont laminées progressivement… Et la démocratie avec ?…
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L’Occident doit affronter une crise des valeurs et d’identité, sa gouvernance est bancale, il a enfin de moins en moins d’argent…. Toynbee distinguait trois types de civilisations dans l’Histoire : la juive, qui ne possède aucune base territoriale ; la chinoise, qui connaît une succession infinie de hauts et de bas sur le même territoire historique ; l’occidentale enfin, qui naît, croît, s’épanouit, décline et disparaît… en transmettant le flambeau de la civilisation à une autre….
Il suffit d’attendre.
Gérard Cohen
HEC, docteur d’Etat en gestion, maîtrise en droit et es-lettres