Les territoires font vivre nos industries et contribuent de manière significative à l’attractivité de notre pays.
Comme le met en lumière le Baromètre 2022 de l’Attractivité de la France publié par EY en 2021, près d’un projet industriel sur deux a été réalisé dans les territoires de moins de 50 000 habitants. Et 72 % des implantations ou extensions dans ces territoires concernent des projets industriels. Si les grands centres urbains ont souvent été – et demeurent des pôles de transformation politique, les territoires ont été le creuset de l’industrialisation de la France et des locomotives économiques, à l’instar des forges du Creusot ou des complexes pétrochimiques des vallées de la Seine et du Rhône. Dans un contexte incertain, s’appuyer sur la richesse, la diversité et l’héritage de nos territoires est primordial pour assurer la transformation de notre économie.
S’appuyer sur les compétences existantes et capitaliser sur les atouts de nos territoires
Avant de réinventer la roue, appuyons-nous sur les atouts existants de nos territoires. Un grand groupe intégré à l’échelle mondiale comme BASF ne raisonne pas en termes de frontières nationales, mais en termes de compétences et d’optimisation des chaînes de valeur. Par exemple, l’existence sur le site de Chalampé (Haut-Rhin) de compétences et de savoir-faire uniques dans une technologie de pointe, a été déterminante dans le choix du groupe d’investir en Alsace pour implanter une nouvelle usine d’Hexaméthylènediamine (HMD), amené à devenir un site stratégique pour la production de polymères en Europe.
Au-delà des savoir-faire et compétences de haut-niveau présents en France, nos territoires bénéficient d’une infrastructure de grande qualité qu’il convient de moderniser et de mettre en valeur.
Maintenir un réseau routier et ferroviaire performant, des infrastructures portuaires modernes et s’appuyer sur un mix énergétique parmi les plus décarbonés de l’Union européenne, sont autant de prérequis à l’attractivité de nos territoires.
Dans ce sens, les quatre appels d’offre de l’ADEME dans le cadre de la stratégie d’accélération « Décarbonation de l’industrie » représentent une formidable opportunité de croissance pour nos territoires, en favorisant notamment la création de Zones Industrielles Bas-
Carbone.
Travailler en équipe et œuvrer en bonne intelligence pour réindustrialiser notre pays
Tout investissement industriel repose sur un business plan visant à proposer le bon produit, au bon moment et au prix adéquat. La gestion du temps joue alors un rôle crucial.
Or, l’industrie et le politique n’entretiennent pas nécessairement le même rapport au temps, quand bien même ils partageraient un intérêt commun. Il devient alors évident qu’une gestion en mode projet permet de surmonter avec souplesse ce hiatus.
Dans le cadre de notre projet à Chalampé, nous avons par exemple bénéficié du soutien proactif et continu de l’État français et de Business France, dans une approche de guichet unique. Au-delà du soutien financier, l’appui concret du politique dans le dialogue avec les multiples administrations impliquées, et son rôle de facilitateur ont été déterminants. Le rapport Guillot a d’ailleurs identifié ce besoin de coordination entre tous les échelons publics et l’entreprise, et la proposition de nommer un sous-préfet aux investissements est une solution qui pourrait être riche de sens.
Pour aller plus loin, et tel que le préconise le CESE dans un avis de mars 2021, la généralisation des contrats d’implantation mis en place dans la Région Hauts-de-France, pourrait également concourir à renforcer substantiellement l’attractivité de nos territoires. Ce dernier est établi entre l’entreprise, le préfet, la région et les autres acteurs publics locaux afin de fixer des délais clairs pour l’obtention des permis et autorisation administratives et renforcer le dialogue entre les parties prenantes.
Par ailleurs, la digitalisation des procédures d’examen au sein des administrations serait un levier puissant pour raccourcir les délais d’obtention des autorisations et des permis de construire, en dédiant les ressources humaines aux tâches à haute valeur ajoutée.
Enfin en matière d’investissement industriel souvenons-nous avec humilité que les décisions prises aujourd’hui porteront leurs fruits demain. Dès lors, il est primordial d’inscrire la politique industrielle dans une vision de long-terme, et de ne pas sacrifier sur l’autel de considérations politiques et économiques de court terme, la nécessaire réindustrialisation de notre pays pour faire face au changement climatique.
Riches en compétences, nos territoires ont le potentiel de porter la réindustrialisation de notre pays pour le bénéfice de tous.
À nous, entreprises et pouvoirs publics, d’œuvrer en bonne intelligence et de faire preuve de bon sens pour accroître l’attractivité de notre pays en nous appuyant sur ses différences et ses atouts régionaux.
Thierry Herning
Président BASF France