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dans Libre opinion

Retour à Trèbes

Alain MeiningerParAlain Meininger
4 avril 2018
Retour à Trèbes

Cette semaine qui a suivi la mort du Colonel Arnaud Beltrame incite à quelques réflexions. Elle semble, mais peut-être n’est ce qu’une impression, avoir vu certaines élites à la compassion réelle mais retenue, diverger d’une France empathique, simple, spontanée, instinctive. Des millions de Français ont pleuré la mort d’un soldat qui a, comme l’ont souligné nombre de commentateurs, « inversé la scène » : à la déploration des victimes, qu’il n’est pas question d’oublier, s’est substituée momentanément la célébration du héros. Le sacrifice consenti pour la préservation de la vie a capté toute la lumière, rejetant dans les ténèbres celui mis en œuvre pour répandre la mort. Le peuple a immédiatement perçu les deux composantes du geste d’Arnaud Beltrame : la dimension chevaleresque et la dimension spirituelle, indissociables de l’identité de la France.

On connaît l’image d’Epinal du chevalier Bayard, mortellement blessé le 29 avril 1524, répondant au Connétable de Bourbon, passé à l’ennemi, qui s’affligeait de son état : « il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre Prince et votre patrie ». Propos sans doute apocryphe mais collant si bien à la réalité que le parallèle avec ce qui s’est passé à Trèbes est saisissant : accueilli par la France et naturalisé français, le terroriste s’est retourné contre le pays qui lui a tout donné. Arnaud Beltrame était un officier de gendarmerie, corps dont les origines multiséculaires remontent à la fois aux sergents d’armes, garde rapprochée des rois de France et à la maréchaussée en charge de la sécurité des populations et de la paix civile. Double filiation, à la forte charge symbolique, que celle de cette protection du corps social d’une part et d’une royauté garante de la permanence de l’Etat d’autre part. On a remarqué que le plan hommage réservé au Colonel comportait quelques aspects inhabituels comme le départ du cortège funéraire depuis le Panthéon, faut-il y voir un signe annonciateur, et la présence tout au long du parcours de gendarmes au garde à vous jusqu’à la cour des Invalides. On sait que le Président de la République apprécie particulièrement les qualités intrinsèques de la Gendarmerie, corps taiseux, disponible et loyal. Le geste du Colonel est aussi un acte de résistance, ce qu’a souligné le Chef de l’Etat en le plaçant sous les patronages de Jeanne d’Arc et de ses compagnons d’armes, « de l’ombre chevaleresque des cavaliers de Reims et de Patay », des poilus de Verdun, de la cohorte des héros de la Résistance et du Général de Gaulle ; et la résistance est aussi un comportement qui relève d’une éthique chevaleresque, raison pour laquelle elle a donné naissance à l’Ordre des Compagnons de la Libération. Toutes les boucles se referment.

Le sacré c’est ce pour quoi on est prêt à mourir. La dimension religieuse, spirituelle en tout cas, relève ici de l’évidence. Les protocoles d’intervention des forces de police ou de gendarmerie ne prévoient pas dans ces cas que leurs membres prennent la place des otages. L’héroïsme sacrificiel du Colonel a été une décision personnelle, libre, qui relève de l’intime, par essence inaccessible aux autres. Ses proches, son épouse, qui le connaissent mieux que quiconque, ont insisté sur la dimension religieuse du comportement d’un homme qui était en pleine période d’approfondissement de sa foi chrétienne. Son acte trouve assurément un écho dans l’ancienne tradition des ordres rédempteurs, tels que les Mercédaires et les Trinitaires, qui prenaient autrefois en charge la récupération des otages enlevés par la barbaresque, soit en les rachetant, soit, parfois, en prenant leur place. Plus près de nous, certains n’ont pas manqué de rappeler le souvenir du père Maximilien Kolbe se substituant, à Auschwitz en 1941, à Franciszek Gajowniczsek, promis à une mort certaine. Toutes les grandes religions de ce monde ont leur part d’ombre, faite souvent de violence, d’anathème, de rejet. S’il existe un message religieux à tirer de l’acte du Colonel Beltrame, c’est d’avoir mis en exergue cette part de lumière que constitue le don de soi, indissolublement lié à la rémission.

Les commentateurs, nombreux, de cet évènement hors normes, se sont placés et c’est heureux, sous le double patronage de la République et de la démocratie ou du moins des conceptions nécessairement diverses qu’ils s’en font. Ce faisant, on peut légitimement se demander si certains d’entre eux ne sont pas passés à côté d’une partie du sujet. La lecture démocrate ne peut en effet accepter, par définition, la dimension chevaleresque de l’acte, c’est-à-dire se rattachant à la tradition aristocratique de la France ; la fibre républicaine rejette par essence sa dimension religieuse, chrétienne en l’occurrence. On comprend ainsi les difficultés de la « France d’en haut » à être en communion avec la « France d’en bas » selon des expressions encore employées il y a peu. Contrairement à ce que pourrait penser une élite dite mondialisée, pour qui les calculs rationnels de coût intérêt devraient tenir lieu de règle de vie, les français ne sont pas complètement réduits au statut d « homo economicus » et cultivent encore des valeurs d’altruisme. A l’heure de l’image omniprésente ou l’action compte moins que la représentation qu’on en donne, le sacrifice a eu lieu dans un huis clos qui laissera peu de traces hormis peut être celle d’un enregistrement téléphonique. Il n’y a pas de surhumanité, fut-ce au sens nietzschéen, dans le comportement du Colonel, mais au contraire une grande et simple humanité qui est la marque d’une morale de l’humilité. Il a peu été rapporté que dans la foulée de cet acte héroïque, les demandes d’entrée de jeunes citoyens dans la réserve de la Gendarmerie ont été multipliées par dix et plus. Une aspiration à l’absolu perdure qui ne peut se satisfaire d’un horizon limité à la télé-réalité et à l’égotisme développé sur les réseaux sociaux. Berthold Brecht écrivait dans sa pièce « la vie de Galilée », « malheureux le pays qui a besoin de héros » ; la semaine qui vient de s’écouler incite au contraire à proclamer, haut et fort, qu’heureux soient les peuples qui ont des héros tels que le Colonel Beltrame.

Alain Meininger

Crédit photo : Wikimedia Commons

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