Dormez en paix braves gens, le gouvernement essaye de vous convaincre qu’il accouche d’une réforme historique des retraites. Balivernes ! Ouvrons les yeux sur les tartufferies gouvernementales. Pendant que le ministre du Travail et le Président Macron font diversion, semblant accorder du temps aux concertations avec les partenaires sociaux en vue d’une réforme des retraites, Monsieur Attal ministre du budget et de la prestidigitation comptable, grâce au PLFSS discuté au Parlement subtilise un précieux fluide, celui des cotisations retraites des Français du secteur privé.
De tout temps gérés avec minutie par les partenaires sociaux, ce sont 90 milliards qui s’apprêtent à être détournés vers les poches trouées du budget de l’Etat. Le gouvernement a trouvé la martingale, puisqu’à l’effort des économies et du sérieux budgétaire, il choisit la paresse de se servir, une fois de plus, dans les poches des travailleurs français du secteur privé.
Il est impératif d’empêcher ce magistral hold-up comme le rappelle une tribune parue dans le Journal du Dimanche à la signature d’une quinzaine de parlementaires de droite comme de gauche.
90 milliards d’€, auxquels s’ajoutent 62 milliards de réserves, patiemment mis de côté par 50 millions de Français et 2 millions d’entreprises pour honorer les pensions des retraités présents et futurs, doivent rester dans le même coffre-fort jusqu’ici bien gardé et bien géré par les partenaires sociaux.
Pourquoi un tel acharnement ? Quels sont les griefs objectifs qui fondent le besoin de démanteler un tel joyau français ?
Le système des retraites complémentaires du secteur privé est loué pour son bon fonctionnement, et sa gestion « raisonnable ». La récente revalorisation des pensions à hauteur de 5,12% offrira un regain de pouvoir d’achat non négligeable pour ses 13 millions de retraités. Une mesure à hauteur de 4,5 Mds €, financée et soutenable sur 15 ans.
Le gouvernement, qui prétend vouloir simplifier on ne sait quoi, devrait d’abord s’acharner sur la refondation des retraites du secteur public, structurellement déficitaires comme le rappelle régulièrement avec la même crainte les écrits du COR[1] et de la Cour des Comptes.
Parce qu’en rapatriant le recouvrement des cotisations de l’Agirc-Arrco dans le giron de l’État via l’Urssaf, celui-ci aura les mains libres pour user, pardon abuser à sa convenance du produit du travail des cotisants et retraités Français du privé. D’ailleurs, sans vergogne aucune, la Première ministre a twitté en personne que l’État – oui vous lisez bien l’État – augmentera à compter du 1er novembre les retraites complémentaires du privé alors que celles-ci sont gérées sainement depuis 75 ans par les partenaires sociaux (Medef, CFDT, CGT, CPME, CFTC, U2P…) en dehors de toute intervention de quelque Léviathan que ce soit. L’affaire serait donc dans le sac ? Les parlementaires l’entendent d’une autre oreille !
Parce qu’il est plus simple de subtiliser 90 milliards au nez et à la barbe de salariés et retraités que de mettre en route, une bonne fois pour toute, la réforme tant de fois reportée des régimes spéciaux.
Parce qu’ajouter un acteur de plus pour collecter les cotisations fait courir des risques d’erreur dans le calcul des droits de chaque salarié lorsqu’il verse chaque mois ses cotisations.
A l’instar des Parlementaires lanceurs d’alerte, il est temps de réveiller les Français. Le numéro de duettistes à 90 milliards mené par M. Dussopt chargé d’agiter sous le nez des élus et des partenaires sociaux le chiffon de l’employabilité des séniors pour, nous dit-on, sécuriser l’avenir du financement des retraites, pendant que le ministre Attal, gentleman cambrioleur vide l’énorme tiroir-caisse doit cesser. La retraite doit rester le seul patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Écoutez le Sénat, qui vous recommandait comme le fit déjà l’Assemblée nationale avant que le gouvernement n’ait recours au 49-3, de retirer le projet de transfert des cotisations des retraites du privé vers la banque publique des Urssaf.
[1] Conseil d’Orientation des Retraites
Jacky Isabello
Membre du comité éditorial de la Revue Politique et Parlementaire
Fondateur de l’agence de conseil en communication CORIOLINK