Depuis le 17 mars, la France est confinée en raison de l’épidémie de coronavirus. Pierre Larrouy, économiste et essayiste, tient pour la Revue Politique et Parlementaire, un journal prospectif.
Réunir, ne plus opposer ; samedi 28 mars
Le coronavirus est un décrypteur de mondialisation. Il nous transforme en planétologue dès le premier toussotement. Habitué(e)s à une bonne distanciation avec une mondialisation vécue, dite, mais abstraite, celle-ci se fait d’une lourde présence.
Simultanément, la remise en cause de notre perception étroite de notre espace devient, aussi, exposition d’une palette de comportements, d’objets, de solutions qui cohabitent étrangement avec notre petit monde d’habitudes.
Deux options s’offrent à nous : rejeter ou accueillir cette diversité.
Question sans cesse renouvelée mais qui nous interroge sur notre capacité à ne plus réfléchir et décider à partir de nous. En cela, elle préfigure les traits avec lesquels nous dessinerons le Nouveau monde.
Pour Terra Incognita, Sandrine De Freitas, actrice en méthode holistique de santé, nous en montre un champ d’application. La santé et le soin, le corps et l’esprit… quoi de plus démonstratif de notre état d’esprit ? La solidarité commence par là !
Réunir, ne plus opposer
Cette crise sanitaire touche le monde entier. Le regard que nous portons sur notre mode de fonctionnement invite à ouvrir notre vision sur les systèmes mis en place, notamment au niveau des prises en charge des malades, des maladies, sur nos choix et priorités, sur nos actions posées et leurs limites, nos limites. Trop de ruptures, trop de sujets délaissés et qui apparaissent aujourd’hui comme essentiels à traiter, pour évoluer.
L’actuel coronavirus tue, et les conséquences se feront ressentir longtemps, mondialement. Des questions s’imposent. Sans la santé, pas de vie. Autrement dit, sans le système de santé, sans les soignants, nous ne sommes pas grand-chose, nous n’avons rien. Et l’opposition des méthodes de soin n’aide pas à la guérison, mais limite le potentiel de garder la santé. La science n’est pas opposée à l’expérience et la crise du coronavirus engage à optimiser les choses. Solidarité. Complémentarité. Santé.
Or, en Chine, le coronavirus a été traité en union avec la médecine traditionnelle chinoise (moxibustion, pharmacopée et acupuncture) et la médecine dite « occidentale » (cf. le Professeur Raoult). Selon le directeur général de l’OMS, « Il ne faut pas opposer la médecine traditionnelle et la médecine occidentale. Dans le contexte des soins de santé primaires, les deux peuvent se compléter harmonieusement et il convient d’utiliser les meilleures caractéristiques et de compenser les points faibles de chacune. » (2008) Dans plusieurs pays où les systèmes de santé sont organisés autour des soins de santé primaires, la médecine traditionnelle est bien intégrée et offre une base importante de soins préventifs et de traitements pour des problèmes de santé courants.
Ne devons-nous pas nous inspirer de cette alliance des champs de compétence ?
Ouvrons-nous à ces deux médecines, en réunion, aux professionnels médicaux et paramédicaux.
Plus de soignants, plus de santé. Aujourd’hui et pour demain.
Une piste de réflexion à travailler en sortie de crise : celle qui vise à ne pas exclure des méthodes, des approches, qui accompagnent notre médecine moderne et occidentale. Nous le vivons à l’heure où nous sommes prostrés à attendre l’arrivée d’une vague de contaminés sans précédent. Dans ces moments d’angoisse, des propositions médicamenteuses se présentent et, parce que les essais cliniques habituels n’ont pas le temps d’être mesurés dans les conditions normales, un traitement est pourtant autorisé s’il est décidé collégialement par des équipes dédiées face à des malades gravement atteints. Il s’agit, dans ces moments exceptionnels, de libérer notre capacité à ne plus exclure les solutions venant d’autres points de vue, d’autres traditions, d’autres pays… C’est une autre façon de vivre la mondialisation : dans l’ouverture et non le cloisonnement, la volonté de connaître et non le dogme.
Le chaos est rempli d’espoir, parce qu’il annonce une renaissance : naître à nouveau, autrement.
Pierre Larrouy
Economiste et essayiste