Chaque attentat ravive le débat, souvent posé de la manière la plus caricaturale « les terroristes sont-ils fous ? ». Sur les plateaux TV comme dans la presse écrite les avis se succèdent sans qu’un consensus ne semble jamais émerger, quand bien même les services de renseignement et les lois sur le terrorisme poussent de plus en plus à une prise en compte des profils psychologiques. Qu’en est-il de la recherche et du savoir sur la psychologie des terroristes ? Quels sont les biais, les aprioris et les freins qui peuvent traverser ce champ du savoir ? Sans prétendre à l’exhaustivité ce texte engage à une réflexion sur la question et les enjeux du savoir sur folie et terrorisme.
Europol et le RAN sur le pont
À partir de 2016, ont eu lieu en France, comme dans le reste de l’Europe, des attentats commis par des terroristes au psychisme très troublé ou qui avaient vécu des hospitalisations en psychiatrie.
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel (Nice, juillet 2016), Adel Kermiche (Saint-Étienne- du-Rouvray, juillet 2016), Karim Cheurfi (Paris, avril 2017), Nathan Chiasson (Villejuif, février 2020), Chérif Chekatt (Strasbourg, décembre 2018), Michaël Harpon (Paris, octobre 2019), Abdallah Ahmed-Osman (Romans-sur-Isère, avril 2020), Jamel Gorchane (Rambouillet, avril 2021), Ndiaga Dieye (La Chappelle-sur Erde, mai 2021) pour n’en citer que quelques-uns.
Les rapports annuels d’Europol sur le terrorisme rappellent inlassablement depuis 2017 le risque de ces « lone actor terrorists ». Ainsi en 2018, « toutes les attaques jihadistes [en Europe] l’ont été par des individus qui sont des attaquants solitaires […] souvent la motivation et le lien avec d’autres individus radicalisés ou groupes terroristes restent peu clairs. Les questions de santé mentale contribuent à la complexité du phénomène1 ». En 2020, la tendance n’a fait que se préciser : sur 57 attaques terroristes, faisant 25 morts en Europe, toutes l’ont été par des « acteurs solitaires » et « la combinaison entre les idéologies extrémistes et les problèmes de santé mentale des acteurs solitaires est un sujet de préoccupation pour de nombreux états européens2 ».
Bénéficiant des remontées de professionnels de terrain qui notent des troubles psychiatriques précédant l’acte et des décompensations lors des incarcérations, le RAN (Radicalisation Awareness Network) a fait de nombreuses publications : « Plusieurs praticiens ont constaté que des individus radicalisés étaient atteints de troubles neuropsychiatriques spécifiques tels que troubles du spectre autistique ou schizophrénie », et de poser la question « Quels aspects des troubles de santé mentale pourraient favoriser le basculement des individus dans l’extrémisme ? Quels aspects des troubles de santé mentale pourraient agir comme facteurs de protection contre la radicalisation ?3 ».
Une psychopathologie coupée en quatre
En France, dans l’après 2015, les psys ont donné du djihadisme l’idée d’un engagement adolescent qui a mal tourné, en recherche d’identité et d’idéal, mais sans dimension pathologique particulière4. D’autres ont surtout procédé à une psychanalyse du culturel et du politique en soulevant les questions des blessures de la colonisation et de l’exil, de la pauvreté et des gouvernements corrompus, et de l’offre islamiste venue offrir une réparation avec l’image du « surmusulman » (Benslama)5. Quant à l’expert psychiatre Daniel Zagury, il a insisté avec force sur les profils « ordinaires » des terroristes comme des autres criminels, c’est-à-dire sans psychose6.
Pourtant des traits de psychopathologie apparaissent bel et bien dans les publications les plus documentées et qui font référence, mais leur signification se dissout dans des typologies qui mélangent parcours de vie, sphère affective et argumentation idéologique. Ainsi une recherche concernant 112 radicalisés sous main de justice a mis en évidence l’existence de « personnalités psychopathiques », de « malades psychiatriques graves » (10 % des 112) et fait apparaitre « un axe psychopathologique (conflit identitaire, colère, haine) », mais dont on ne saura pas beaucoup plus. Au total, la question d’un mécanisme de projection et d’un sentiment de persécution, qui sont pourtant décrits, n’est pas soulevée7.
Dans une autre étude8 portant sur 150 jeunes ayant voulu rejoindre l’État islamique on trouve des traits qui peuvent être l’indice de fonctionnements psychotiques, mais mélangés à des agirs ou des situations – « violence et mégalomanie », « isolement et sensitivité », « pas de territoire, sentiment de persécution » – si bien que, là encore, la perspective psychopathologique s’étiole. Dans ce même article aucun lien n’est fait entre « persécution » et « mégalomanie » ni entre « persécution » et « peur de l’enfer » alors que ces éléments, s’ils apparaissent chez le même individu, peuvent évoquer un trouble paranoïde ou paranoïaque (personnalité ou délire). Des lors, les traits isolés, mus par des facteurs environnementaux, prédominent, sans que l’on sache si cette image globale est due à la présentation des données ou à un manque d’analyse psychologique.
L’article qui fait état de 35 % de consultations psychiatriques, de 12,7 % d’hospitalisations, et de 29 % de comportements suicidaires, parle pudiquement pour conclure de « vulnérabilités » et de « besoin de soins psychologiques », sans jamais évoquer des tableaux psychopathologiques.
Ces intéressantes publications n’avaient pas pour but de produire un savoir psy, mais de mettre en évidence une approche criminologique ou d’évaluer un protocole de désengagement. Néanmoins, elles ont servi à l’élaboration d’une métanalyse9 sur les caractéristiques psychologiques des jeunes voulant partir en Syrie sur laquelle s’est appuyée le rapport « Psychiatrie et radicalisation » de la Fédération française de psychiatrie (FFP)10.
Le rapport de la FFP…
Paru en 2020, le rapport de la FFP a été élaboré à partir d’une trentaine d’auditions et est assez fidèle aux publications françaises sur lesquelles ils s’appuient, parmi lesquelles celles dont nous venons de parler. Cependant, ce rapport donne une image très différente de ceux d’Europol ou du RAN.
Dans une perspective essentiellement catégorielle qui vise à séparer les troubles dits psychiatriques ( schizophrénie et troubles autistiques) des troubles de la personnalité, les psychiatres français annoncent d’emblée vouloir s’ériger contre l’avis de « différents champs du savoir […] [qui] évoquent plus ou moins explicitement un lien étroit entre clinique psychiatrique et radicalisation alors même que ce lien est contesté par les cliniciens chez lesquels la radicalisation est tout au plus un épiphénomène »11.
Le rapport faisant une grande confiance aux méta-analyses et aux expertises, aboutira à entériner son option de départ : « Si […] l’on ne considère que les catégories que nous venons d’évoquer [troubles psychotiques et autistiques], tous les intervenants concordent à estimer qu’ils ne concernent qu’une partie très marginale des radicalisés »12.
Invoquant un biais qui tiendrait, selon ces psychiatres, à l’amalgame entre psychoses et troubles de la personnalité, la FFP en arrivera même à mettre en doute les études faisant état d’un nombre accru de troubles mentaux chez les terroristes acteurs solitaires13.
De plus, le rapport FFP explique que « chez les délirants [..] la variabilité et l’inorganisation sont généralement telles que, s’ils peuvent exprimer par moment des idées extrémistes de toute nature, reste très marginal le nombre de ceux que cela conduit à une radicalisation suffisamment organisée pour être considérée comme telle14 ». Une affirmation qui a été largement remise en cause par les événements eux-mêmes, comme le montre le cas de Michael Harpon ou Cherif Checkatt.
A contrario de ce qu’affirme le rapport FFP, on peut lire dans une publication récente de l’Ifri faisant le bilan d’un programme de désengagement et de réinsertion : « Il y a beaucoup de psychotiques à PAIRS […] On a beaucoup de suivis qui ont décompensé et qui ont déliré. Presque une dizaine sur quarante15 ».
…une psychiatrie qui ignore les stratégies de la terreur
En s’adossant à la différence classique entre troubles psychiatriques et troubles de la personnalité, la FFP semble ignorer que, dans les affaires terroristes, les diagnostics portés sur un même cas peuvent être contradictoires, les uns concluant au trouble de la personnalité, les autres à la psychose (nous y reviendrons).
Enfin, certains psychiatres ont très tôt affiché une position sans nuance dans les grands médias : « L’organisation État islamique ne recrute pas dans les hôpitaux psychiatriques16. » ! D’autres ont voulu expliquer que les délires s’accrochent aux thématiques qui sont dans l’air du temps17 et disparaissent donc avec le temps. Mais cette météo psychiatrique est pour le moins partielle. Il y a bel et bien, reconnait Serge Hefez, une affinité de certaines « structures » psychiques avec la propagande islamiste18. En effet les fonctionnements délirants partagent avec les idéologies extrémistes, non pas une thématique mais avant tout une logique (ou mécanisme) persécutée qui désigne des ennemis et légitime la vengeance. D’autres éprouvent une sensation de catastrophe interne qui va s’alimenter des représentations apocalyptiques proposées par l’idéologie. Enfermés dans ces modes de pensée, certains peuvent passer facilement de l’extrême droite au djihadisme ou tenter de rassembler les deux causes sans aucun problème de raisonnement19.
Les prises de parole rhétoriques ont donc du mal à concevoir que certains individus, du fait même de leur pathologie, peuvent être la cible stratégique de propagandes extrémistes et de mauvaises rencontres qui peuvent les transformer en criminels-suicidaires.
Entre sciences et corporatismes
Contrairement à ce qu’affirme l’introduction du rapport de la FFP, les autres disciplines – sociologie, anthropologie, sciences politiques – ont très majoritairement récusé l’idée de l’existence de facteurs psychopathologiques dans la détermination terroriste. Farad Khorokhavar est même allé jusqu’à proposer que les terroristes atteints de troubles psychologiques ne puissent être comptés parmi les jihadistes20.
On peut d’ailleurs s’étonner des compétences que se sont arrogés ces scientifiques dont les arguments « diagnostics » peuvent faire sourire. Il y a ceux qui s’appuient sur le fait que les jihadistes « témoignent d’un surprenant culte de la raison21 » tandis que d’autres dénoncent au contraire « la déchéance de la rationalité22» qui intervient, selon eux, dans le processus de radicalisation. Bref, tous semblent ignorer qu’un délire peut sembler très rationnel et ne comporter aucune bizarrerie, et qu’il est, le plus souvent, et malgré son raisonnement impeccable, éminemment d’ordre affectif.
Concrètement, l’écriture du rapport de la FFP s’est faite devant l’insistance du ministère de l’Intérieur qui a, de manière répétée depuis 201723, voulu exhorter les psychiatres hospitaliers à une plus grande collaboration avec les policiers dans le suivi des patients radicalisés.
Les psychiatres se sont alors inquiétés d’une éventuelle stigmatisation des patients, d’empiètements sur le secret médical et de la tentation d’être considérés comme des « auxiliaires du ministère de la Justice24».
Devant le nouveau projet de loi terroriste, la FFP a d’ailleurs fait un recours auprès du Conseil d’État en 2019 et les psys se sont majoritairement opposés à l’élargissement du croisement entre le fichier des hospitalisations sous contrainte (Hopsyweb) et celui des radicalisés (FSPRT)25.
La scène du procès et l’expertise
En dehors de la sphère psychiatrique et universitaire, la santé mentale des terroristes est un enjeu pour d’autres professionnels ayant à intervenir dans le domaine du terrorisme. Ceux-ci convoquent des opinions assez systématiques qui correspondent à la manière dont ils perçoivent l’existence des troubles mentaux comme favorables ou non à leurs missions. Ainsi, le moment le plus aigüe, après l’acte terroriste, reste sans doute celui du procès et de l’enjeu de l’expertise psychiatrique qui peut conclure à l’altération ou à l’abolition du discernement. Est déterminée ainsi la possibilité de voir juger ou non un mis en cause. Cette question prend un tour dramatique quand des victimes peuvent se sentir flouées par l’absence de procès. Le premier rapport psychiatrique sur Breivik (Oslo, 22 juillet 2011) souleva un tollé car il l’avait diagnostiqué schizophrène paranoïde et celui qui avait fait 77 morts risquait de ne pas être jugé. Un autre rapport fut diligenté qui conclut à un trouble de la personnalité. Au-delà de la question de l’abolition du discernement, l’avocat général et les parties civiles (qui défendent les victimes du terrorisme) minimisent, voire récusent, l’influence des facteurs psychologiques de crainte que les juges relativisent la responsabilité de l’accusé et minorent sa peine. Évidemment, c’est tout le contraire du côté de l’avocat de la défense. Quant aux juges, on note souvent dans ces affaires, leur volonté de comprendre comment les experts en sont arrivés à leurs conclusions et leur perplexité face à des inculpés qui ne livrent pas grand-chose de leur vie et de leur passé.
Pour mesurer les limites de nos savoirs il est utile d’assister à un procès où plusieurs psychiatres donnent des diagnostics différents voire contradictoires. Alain Feuillerat, un ancien militaire radicalisé, a été jugé pour entreprise terroriste individuelle en janvier 2020. Les diagnostics des psychiatres auxquels l’homme eut affaire, avant et après son arrestation, allèrent de l’absence de pathologie chez un individu habité par ses convictions religieuses, au délire mystique en passant par la personnalité paranoïaque et par le caractère d’idéaliste passionné26. Récemment au procès d’Abdallah El-Hamahmi (attaque de soldats de l’opération Sentinelle au Louvre en 2017), l’expert psychiatre ne vit ni trouble de la personnalité ni psychose, tandis que l’expert psychologue a insisté sur l’existence d’un épisode dépressif et que le psychologue du QER (quartier d’évaluation de la radicalisation) a diagnostiqué une psychose avec un intérêt prononcé pour l’ésotérisme27. Comment s’y retrouver ?
La psychiatrie française n’est ni meilleure ni pire qu’une autre. À l’étranger, de nombreux procès pour terrorisme conduisent aux mêmes divergences. Au procès de Dylann Roof, qui a tué neuf personnes noires dans une église (Charleston, 2015), tous les experts qui avaient pris connaissance du parcours du criminel l’ont diagnostiqué autiste avec des traits de psychose et de délire paranoïaque, tandis que le seul expert qui s’est contenté de s’entretenir avec lui, l’a décrit comme un simple militant d’extrême droite avec des troubles anxieux28.
Méthodologies sans transparence
Le terrorisme peut-il, au-delà des malheurs définitifs qu’il cause, au moins apporter quelque chose à la connaissance de l’âme humaine ? Cette connaissance peut-elle servir la démocratie ? Comment ? Peut-être est-ce bien ces questions que les chercheurs et les psychiatres, mais aussi les acteurs de la justice et les politiques, devraient se poser.
Dans cette analyse des discours des professionnels et des chercheurs que j’ai tenté de restituer très sommairement, il faut craindre que les uns comme les autres soient limités par nombre de difficultés malgré leurs compétences. Les recherches sur la psychologie des terroristes demandent beaucoup de matériaux et le domaine n’est pas propice à cette collecte pour des raisons évidentes de sécurité, de secret professionnel etc. Si bien que les sources sont souvent partielles, limitées dans le temps, et produisent une suite d’avis très variables comme nous l’avons vu.
Pour pouvoir faire avancer la science et dire quelque chose sur la psyché des terroristes, qu’elle soit malade, monstrueuse ou banale, il faudrait donc un plus grand accès aux données brutes, mais aussi une transparence des recherches.
Ce n’est absolument pas du côté des méta-analyses et des articles proposant beaucoup de chiffres que cette transparence est d’abord acquise. Le grand nombre n’est pas un gage de sérieux et les chiffres peuvent cacher un certain néant. Ainsi, une étude de Robert Pape, politologue américain, qui n’a trouvé aucun trouble psychique chez quelque 2 000 cas de suicide bomber, a été mise en doute par un professeur de criminologue, Adam Lankford, qui a souligné que Pape n’avait aucune donnée psychologique fiable sur les individus composants son étude29.
Par définition, en psychologie comme en psychiatrie, si un cas n’est pas présenté de manière fine avec les éléments qui permettent de poser une hypothèse dynamique ou diagnostique, celui-ci ne peut être discuté ni sur le fond, ni dans sa forme. C’est dans ce sens qu’il convient de comprendre, pour ces sciences cliniques, la notion de réfutabilité et de falsifiabilité (Karl Popper). Si nous voulons apprendre sur les liens éventuels entre folie et terrorisme, si nous pensons qu’un savoir dans ce domaine peut améliorer la prévention et protéger la démocratie face à la montée d’extrémismes, il nous faut donc plus d’analyses approfondies. Il nous faut un savoir sur lequel les citoyens, les politiques et les juges puissent réfléchir, dans la période même où se vit un phénomène. À cet égard, la justice française, même si elle est publique, montre bien des limites. Elle n’a pas de minutes de procès et les dossiers judicaires sont très difficilement accessibles aux chercheurs.
Comment donc faciliter la production d’études de cas approfondies que sollicitent les observatoires internationaux et les professionnels de terrain ? Osons une proposition pour conclure.
Allier recherche et justice : un enjeu pour la démocratie
Les procès pour terrorisme sont le moment où la vie et le parcours des mis en examens sont reconstitués, non seulement par le travail des enquêteurs judiciaires, mais aussi en vue de l’évaluation des déterminants personnels qui pèsent dans l’attribution de la peine.
Aux États-Unis, les procès où l’inculpé risque la peine de mort peuvent accueillir la contribution d’un social historian qui est l’équivalent d’un enquêteur de personnalité, mais dont la mission et les prérogatives sont bien plus étendues30. Ainsi le social historian peut-il s’entretenir avec tous les proches de l’accusé, a accès aux éléments de l’enquête et aux auditions et il rend un rapport qui peut être utilisé par les experts psychiatres et psychologues. Dans le cas Dylann Roof (Charleston, 2015) déjà mentionné, les experts qui ont consulté ce rapport du social historian se sont faits ainsi une idée très détaillée du parcours personnel, affectif et relationnel, des symptômes et des agirs de l’accusé. Ils sont alors parvenus à des diagnostics proches et cohérents.
Ne serait-il pas intéressant d’organiser ce genre de pratique pour les procès de terroristes en France ? De telles enquêtes ne pourraient-elles être menées par des équipes de psychologues et de travailleurs sociaux assermentés qui aient accès aux témoins et puissent les interroger ? Les questions psychologiques et humaines ne peuvent être traitées par les policiers qui ont déjà bien à faire avec l’enquête judiciaire.
Lors du procès des attentats du 7 janvier 2015, rien n’a été dit sur la personnalité et le parcours des frères Kouachi et si la personnalité d’Amedy Coulibaly a été évoquée, c’est à travers le cas d’Ayat Boumediene, sa compagne jugée alors par contumace. Or, ces éléments intéressent la justice, mais aussi les victimes et leur famille et enfin, ce qui n’est pas peu, la science. Elles intéressent l’histoire qui devra un jour s’écrire sur le terrorisme.
Patricia Cotti
Maître de conférences et directrice de recherche en psychopathologie clinique et psychanalyse à l’Université de Strasbourg
Patricia Cotti exerce en tant que psychologue clinicienne en service de psychiatrie à Paris et avec une association strasbourgeoise référente radicalisation. Elle est membre du comité de pilotage du CERT (Centre d’études des radicalisations et de leur traitement, Université de Paris). Ses recherches sur le terrorisme ont été publiées dans des revues scientifiques internationales. Elle est l’auteur de l’ouvrage La fabrique du terroriste solitaire. Une investigation clinique, Paris, Enrick-B-éditions, 2021.
- Europol (2019), European Union Terrorist Situation and Trend Report, Publication Office of the European Union, Luxembourg, p. 8. ↩
- Europol (2021), European Union Terrorist Situation and Trend Report, Publication Office of the European Union, Luxembourg, p. 54. ↩
- RAN & H&SC, Comprendre comment les problèmes de santé mentale peuvent mener à l’extrémisme violent, article ex post, Turin (Italie), 13 mars 2019, p. 1. ↩
- Philippe Gutton, Marie Rose Moro et Marie-Christine Aubray, Quand l’adolescent s’engage : Radicalité et construction de soi, Paris, Éditions in Press, 2017, 180 p. ↩
- Fethi Benslama, Un furieux désir de sacrifice – Le surmusulman, Paris, Points, 2018, 180 p. ↩
- La longue élaboration du concept d’énergie – Roger Balian – mars 2013 – Académie des Sciences. ↩
- Hélène Bazex, Michel Bénézech et Jean-Yves Mensat, « “Le miroir de la haine”. La prise en charge pénitentiaire de la radicalisation : analyse clinique et criminologique de 112 personnes placées sous main de justice », Annales Médico-Psychologiques, 1017, n° 175, pp. 276-282. ↩
- Nicolas Campelo, Laura Bouzar & coll., « Joining the Islamic State from France between 2014 and 2016: an observational follow-up study », Palgrave Communications, 2018, 4: 137. ↩
- Nicolas Campelo & coll., « Who are the European youths willing to engage in radicalization? A multidisciplinary review of their psychological and social profiles », European Psychiatry, 2018, 52, 1–14. ↩
- Michel Botbol & coll., Psychiatrie et Radicalisation – Rapport du Groupe de Travail de la Fédération Française de Psychiatrie, Fédération Française de Psychiatrie, janvier 2020. ↩
- Michel Botbol, op.cit., p. 7. ↩
- Ibidem, p. 18. ↩
- Ibidem, p. 24. ↩
- Ibidem, p.19. ↩
- Marc Hecker, « Djihadistes un jour, djihadistes toujours ? Un programme de déradicalisation vu de l’intérieur », Focus stratégique, n° 102, Ifri, février 2021, p. 49. ↩
- Henri Seckel, « L’organisation islamique ne recrute pas dans les hôpitaux psychiatriques », Le Monde, 23 août 2017. ↩
- Boris Chaumette, « Psychiatrie et terrorisme : quand les patients miment les symptômes d’une société », The Conversation, 22 août 2017. ↩
- « Terrorisme de plus en plus de profils psychiatriques vont passer à l’acte », Le Point, 23 août 2017. ↩
- Affaire Devon Arthurs (Tampa, 2017), affaire Coleman Thomas Blevings (Kerrville – Texas, 2021). ↩
- Farad Khosrokhavar, « Chérif Chekatt ou le faux djihadiste », Le Monde, 14 décembre 2018. ↩
- « Bilel Ainine : “Ces jihadistes ne sont ni fous ni ignares” » Middle East Eye, 13 décembre 2018, et Xavier Crettiez, Bilel Ainine, Soldats de Dieu. Paroles de jihadistes incarcérés, Paris, Éditions de l’Aube, 2017, p.27. ↩
- Simon Blin, « Gérald Bronner face aux radicalisés : ces jeunes ne sont pas fous », Libération, 3 avril 2019. ↩
- « Terrorisme : Gérard Collomb veut mobiliser les hôpitaux psychiatriques pour repérer les individus radicalisés », Le Monde, 18 août 2017. ↩
- Henri Seckel, op. cit. ↩
- Caroline Coq-Chodorge, « La psychiatrie est confrontée aux injonctions de l’anti-terrorisme », Médiapart, 1er juin 2021. ↩
- Notes prises lors du procès, le 5 février 2020. ↩
- Notes prises lors du procès, le 22 juin 2020. ↩
- Patricia Cotti, La fabrique du terroriste solitaire. Une investigation clinique, Paris, Enrick-B-éditions, 2021, p. 202-203. ↩
- Adam Lankford, « A Psychological Autopsy of 9/11 Ringleader Mohammed Atta », Journal of Police and Criminal Psychology, 2012, vol. 27, 2, p. 150-159. ↩
- Richard G. Dudley, Pamela Blume Leonard, « Getting it right; Life History Mitigation as the Foundation for a reliable Mental Health Assessment », HOFSTRA Law Review, 2008, vol 36 (3), p. 963-988. ↩