La surenchère est loin d’être terminée concernant le débat sur l’immigration. En effet, après le report du texte gouvernemental à l’automne, les idées ne cessent d’émerger du côté de la droite « républicaine ».
Alors que le patron des députés LR, Olivier Marleix a annoncé dans Les Echos que son parti allait déposer une proposition de loi en lien avec la droite sénatoriale sur l’immigration, le député du Lot et son collègue du Pas de Calais, ont proposé ce dimanche dans une tribune au JDD un Référendum d’Initiative Partagée (RIP) sur le sujet.
L’idée d’un référendum sur cette question est loin d’être inédite au sein de LR. En réalité, Éric Ciotti, président du parti s’est lui-même fait le chantre et laudateur de cette procédure. « Je propose un référendum sur l’immigration pour changer de cadre et modifier notre constitution. » affirmait-il le 26 avril sur Europe 1.
Aurelien Pradié, son ancien adversaire, lors du dernier congrès souhaite faire mieux et aller plus vite. Dans les prochaines semaines, il annonce qu’il déposera en compagnie de plusieurs de ses collègues, un RIP permettant de faire respecter « la primauté du droit national sur certaines décisions supranationales portant atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation ». Autrement dit, avec ce Référendum d’Initiative Partagée, l’on pourrait bien s’attendre à une modification de la Constitution. Dans le fond comme dans la forme, la proposition d’Aurélien Pradié a peu de chances d’aboutir.
Pour rappel, le Référendum d’Initiative Partagée prévue à l’article 11 de la Constitution n’a pas vocation à modifier la loi suprême.
Vu la complexité, pour ne pas dire, l’impossibilité de la mise en œuvre d’une telle procédure quelle était l’intention de l’ancien vice-président des LR ?
A y regarder de près, Aurelien Pradié et Pierre Henri Dumont s’inscrivent dans la continuité du débat sur les retraites. Ils souhaitent à travers ce nouveau pas de côté faire entendre sur ce sujet leur petite musique. Requinqué surtout par sa percée lors du dernier congrès le plaçant en arbitre du duel Ciotti-Retailleau, le député du Lot considère ce temps politique comme un véritable « Kairos » (temps favorable). Il sait qu’il a une carte à jouer éventuellement pour 2027 alors que le candidat naturel (Laurent Wauquiez) annoncé ne semble plus faire l’unanimité après cette séquence retraite où il est apparu en … retrait.
Aurélien Pradié n’hésite donc plus à prendre ses distances avec les positions officielles de sa famille politique.
Bien qu’il ne soit pas une caserne, LR demeure toutefois un parti de gouvernement. Or, La surenchère, l’incohérence et la démagogie ne constituent pas des caractéristiques de la droite de gouvernement. Dès lors, l’ex numéro 2 des LR risque de perdre sa crédibilité et surtout de s’éloigner des valeurs que doit incarner sa famille politique.
Carlyle Gbei
Journaliste politique