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dans N°1100, Politique

Une violence politique rejetée et admise à la fois

Jérôme Sainte-MarieParJérôme Sainte-Marie
21 octobre 2021
Une violence politique rejetée et admise à la fois

La montée de la violence en politique constitue un thème inépuisable du commentaire médiatique comme de la communication gouvernementale.

La violence évoquée ici est la violence physique, et non le concept passablement flou de violence symbolique. Emmanuel Macron s’y réfère parfois, de la « foule haineuse » évoquée dans ses vœux aux Français le 31 décembre 2018 à son appel à « ne rien céder à la violence » le 8 juin 2021 en passant par une insolite intervention télévisée le 7 janvier 2021 à propos de l’intrusion des partisans de Trump dans le Capitole pour assurer que « nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause la démocratie »… américaine. Il s’agit là d’un discours de pouvoir classique, tout comme l’utilisation du « monopole de la violence physique légitime » qui selon Max Weber caractériserait l’État, pour nier toute dérive dans l’exercice de cette coercition. Ainsi le président de la République aura cette phrase sidérante en mars 2019 – « ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit ». La dénonciation de la violence contre l’État et ses dirigeants ou bien en dehors de l’État et contre des adversaires politiques constitue donc un argument familier pour éloigner l’opinion publique de certaines forces contestatrices. Connaître l’efficacité actuelle de cette rhétorique, faiblement performante lors du long phénomène des Gilets jaunes, suppose d’évaluer le rapport des Français à la violence politique.

Les Gilets jaunes ou la propagande par le fait

Le 1er décembre 2018 à Paris, les forces de l’ordre ont utilisé autour de 15 000 grenades lacrymogènes ou grenades à main, sans compter plus d’un millier de grenades de désencerclement, et tiré un millier de coups de LBD face à plusieurs milliers de Gilets jaunes déterminés à tenir la rue, et particulièrement la place de l’Étoile, cependant que des groupes issus de mouvances diverses basculaient dans l’émeute. Toute la journée les chaînes d’information diffusèrent des images spectaculaires de véhicules enflammés, de façades taguées et, surtout, de policiers ou gendarmes attaqués. Très vite, on apprit que l’Arc de Triomphe, alors curieusement présenté comme un symbole républicain, avait été dévasté, cependant que de différents endroits en province, notamment le Puy-en Velay et le péage de Narbonne-Sud, affluèrent des récits d’émeutes. Les affrontements causèrent plusieurs centaines de blessés, au moins deux manifestants ayant eu une main arrachée et autant un œil crevé, dont environ 300 membres des forces de l’ordre.

La suite semblait écrite : après un tel choc difficilement explicable par l’objet fiscal limité à l’origine de la mobilisation, les Français abandonneraient leur soutien massif aux Gilets jaunes, un peu comme lorsqu’aux législatives de juin 1968 ils avaient sanctionné les troubles du mois de mai par un soutien massif au pouvoir. Pourtant, la première mesure de l’IFOP après ces événements, effectuée les 3 et 4 décembre, enregistra 72 % de soutien ou de sympathie pour le mouvement, soit un point de plus qu’avant ce qu’il est convenu d’appeler l’acte III. La violence, aussi grande et aussi médiatisée qu’elle ait été, ne coupa donc pas les Gilets jaunes de la population. Pour autant, elle n’a pas été soutenue en tant que telle. Selon l’IFOP, 69 % des Français l’ont condamnée, contre 27 % qui l’ont comprise sans pour autant l’approuver, et 5 % seulement qui l’ont effectivement approuvée. La violence ne fut donc pas rédhibitoire pour les millions de partisans de cette mobilisation, malgré sa mise en exergue par les médias comme par les gouvernants. Quelques jours plus tard le pouvoir en aura une interprétation logique en retirant, lors d’une intervention télévisée dramatique d’Emmanuel Macron suivie par 23 millions de Français, les mesures contestées. La démonstration de l’efficacité de l’émeute sur fond d’un anti-macronisme virulent dans une part de l’opinion entraînera le maintien d’un bon tiers de l’opinion publique dans une sorte de tolérance à ce type de violences, puisque à la mi-mars 2019, juste après la mise à sac du Fouquet’s lors de l’acte XVIII, 34 % continueront à peu près dans les mêmes proportions à les approuver ou les comprendre. Encore ces chiffres sont-ils trompeurs, puisque l’on y inclut tous ceux qui n’avaient aucune sympathie pour le mouvement. Lorsque l’on considère ceux qui se définissaient comme « Gilets jaunes », seuls 51 % condamnaient les violences début décembre, 30 % début janvier et 41 % à la mi-mars. Parmi ceux qui soutenaient sans plus le mouvement, un sur deux seulement condamnait les violences début janvier. Cela s’explique d’abord par une pédagogie du mouvement social, le recours à la violence par quelques milliers de personnes au sein des rassemblements ayant réussi à faire reculer le pouvoir là où des mobilisations numériquement plus importantes mais pacifiques avaient échoué lors de la première année du quinquennat. Ensuite, l’extraordinaire conflit des passions autour des Gilets jaunes s’est accompagné d’une forme de montée aux extrêmes de part et d’autre, relativisant les comportements des émeutiers dans une part de l’opinion publique.

Pour reprendre l’expression des anarchistes de la fin du XIXe siècle, le phénomène des Gilets jaunes a correspondu à une forme de « propagande par le fait » banalisant le recours à la violence manifestante.

Un rapport à la violence politique plus ambivalent qu’il n’y paraît

La leçon des Gilets jaunes quant au rapport à la violence est donc ambiguë. Certes, l’opinion publique la condamne majoritairement mais cela n’entraîne pas une distanciation par rapport au mouvement tant qu’elle identifie et partage les objectifs de celui-ci. La revendication du retrait des mesures fiscales sur le carburant voire l’avertissement lancé au gouvernement, cela une part importante des Français le soutenaient ou l’acceptaient. Inversement l’insurrection et la destitution du président de la République n’étaient pas pour eux à l’ordre du jour. Dès lors ils n’acceptaient progressivement plus le recours à des méthodes extra-légales dont à l’automne 2018 ils s’étaient accommodés. Ainsi 84 % d’entre eux condamnent les violences ayant entaché l’acte XVIII, le 16 mars 2019, contre 15 % qui s’y refusent, et 70 % déclarent ne pas même les comprendre. En effet, ils considèrent au même moment, dans la proportion semblable de 70 %, que « les manifestations se sont éloignées des revendications initiales du mouvement des Gilets jaunes ».

De manière générale, à l’heure où une large majorité des Français considèrent que l’utilisation du terme « ensauvagement » pour caractériser l’état de notre société n’est pas exagérée, ils ne s’y résolvent pas. Pour la plupart d’entre eux, en apparence du moins, les antagonismes sociaux doivent se résoudre ou du moins s’exprimer hors du recours à la violence. Ainsi, interrogés en 2020 par l’institut Ipsos, 83 % des Français considéraient comme « pas normal du tout » ou « plutôt pas normal » que « certaines personnes usent de la violence pour défendre leurs intérêts », contre 23 % qui s’en accommoderaient. Dans le détail, on trouve chez les ouvriers, 25 %, les moins de 35 ans, 24 %, ou encore les sympathisants du Rassemblement national, 29 %, une minorité légèrement plus importante de trouver « tout à fait normal » ou « plutôt normal » le recours à une telle méthode. De quoi parle-t-on cependant ici ? Est-ce que tous les répondants ont considéré que ces « personnes » défendant « leurs intérêts » constituaient des groupes sociaux en lutte ? Combien parmi les répondants n’y ont pas plutôt vu une réaction individuelle, relevant plutôt du droit commun, motivée par des intérêts privés ?

Ces difficultés d’interprétation sont d’autant plus gênantes que les sondages sur la violence politique sont rares, sans doute parce que l’on juge la chose jugée par l’opinion publique. Pourtant, on peut soutenir que lors de la crise des Gilets jaunes elle était implicitement acceptée, et, si on ose l’écrire, des deux côtés. Une partie du pays soutenait les protestataires en sachant bien que les violences constatées lors des rassemblements n’étaient pas exclusivement le fait de groupuscules du type « black bloc ». Une autre tolérait ou encourageait une répression menée de telle manière qu’elle entraînait des mutilations inhabituellement nombreuses parmi les manifestants et s’éloignait des méthodes de maintien de l’ordre traditionnelles, pour dire le moins. Ceci tient à la difficulté contemporaine à assumer ce recours à la violence politique, ce qui constitue la véritable originalité de la période actuelle. Comme le rappelle souvent le sociologue Michel Wieviorka, jusqu’à la fin des années 1970 divers courants issus du marxisme se situaient dans une perspective révolutionnaire qui incluait nécessairement cette dimension. De manière plus prosaïque, la célébration régulière de Mai 68 comme une étape positive de notre histoire admet tacitement, via notamment l’évocation bienveillante du pavé ou du cocktail Molotov lancé sur les agents de police, le recours à la violence. À chaque mouvement étudiant ou lycéen, ces souvenirs sont réactivés avec indulgence, et pas seulement à gauche. À l’occasion des grands rassemblements altermondialistes, zadistes ou bien d’affrontements dans les banlieues, une certaine compréhension allant jusqu’à l’empathie se manifestent à l’égard des émeutiers. Jusqu’à un certain point, la violence est interprétée comme l’indice d’un désarroi ou d’une colère profonde, ce qui lui donne ipso facto une forme de légitimité. Une bonne partie des querelles d’interprétations autour des événements de 2005 dans les quartiers à forte population d’origine immigrée a d’ailleurs tourné autour de cet enjeu : s’agissait-il de provocations orchestrées par les dealers et autres délinquants, ou bien d’une révolte populaire répondant à d’éventuelles discriminations ? Selon la réponse, l’accueil réservé à la violence n’est pas le même, ce qui revient à dire qu’elle conserve dans l’esprit public une forme de légitimité à condition d’être politiquement motivée.

Enfin, la couverture médiatique des manifestations entretient l’ambiguïté.

L’accent mis de manière systématique et souvent très disproportionnée sur les violences survenues lors des défilés protestataires ne répond pas qu’à une logique spectaculaire. Il y a souvent, à l’horizon de cette insistance sur les déprédations commises ou les affrontements avec les forces de l’ordre, l’idée qu’ils constituent un gage de la résolution des protestataires, voire une présomption du sérieux de leur cause.

Dès lors le statut de la violence politique aujourd’hui, dans notre société, demeure ambivalent. Certes, elle n’est plus assumée par aucune formation politique ni école de pensée significative. L’ombre du terrorisme islamiste ne fait que renforcer cet interdit. Cependant, elle demeure une modalité de l’action contestataire que l’opinion peut dans certaines circonstances admettre. La période ouverte par l’élection d’Emmanuel Macron, avec à la fois une extraordinaire conflictualité dans la rue et un sentiment d’impuissance parmi les diverses oppositions face à un bloc élitaire hégémonique, se révèle permissive à cet égard. Comme dans la France des années 1960, la montée des insatisfactions peine à trouver son débouché électoral, notamment dans les catégories populaires. Cette situation est périlleuse, car quand à l’impopularité d’un pouvoir déterminé à transformer le pays répond une faible perspective d’alternance, les tensions s’exacerbent hors des médiations démocratiques institutionnalisées cependant que le tabou de la violence politique vacille.

Jérôme Sainte-Marie
Président de PollingVox

Photo : Birdog Vasile-Radu/Shutterstock.com

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