Á la suite de l’affaire Bygmalion en mai 2014, Jean-François Copé est contraint à la démission de la présidence de l’UMP. Après dix-huit mois de silence, il fait son retour sur la scène politique avec un livre Le sursaut français.
Dans le prologue de son ouvrage, l’ancien ministre revient sur les circonstances de son départ de la tête de l’UMP « Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu lors de ce Bureau politique de l’UMP le 27 mai 2014. […] Ce jour-là, j’ai touché la haine du doigt. J’ai vu, dans le regard de quelques-uns des plus éminents membres de ma famille politique, de la haine. […] J’étais venu avec mes arguments précis, détaillés, apportant la preuve que j’étais totalement étranger au scandale qui courait les rédactions et qui conduisait bien trop vite à me désigner comme le responsable d’une affaire qui, en réalité, m’avait été totalement dissimulée. Je pensais mes arguments rationnels, je les savais sincères, je les ai exposés. Mais je comprends très vite en croisant les regards qu’il ne s’agira ni d’une discussion, ni d’un jugement, mais d’une exécution ».
Bien que ce retrait du monde politique ait été « une épreuve », l’auteur reconnaît qu’il a été une « vraie chance » puisqu’il lui a permis d’entamer un profond travail de résilience, de sillonner le pays à la rencontre des Français et de « revenir aujourd’hui différent et plus proche ». « Dix-huit mois pour remettre de l’ordre dans mes idées. […] Dix-huit mois d’une véritable quête pour formaliser ce que je sais de la France et des Français. Et ce que je veux pour la France et les Français. », révèle-t-il.
La première partie du livre dresse les symptômes du malaise français. Pour l’auteur, la France, frappée d’une crise de défiance à l’égard de ses hommes politiques, se réfugie dans la recherche de boucs émissaires, présentés comme responsables de tous les malheurs, ou pointe du doigt tel ou tel au motif qu’il serait mieux loti. « Tous ceux que j’ai rencontrés m’ont dit, avec leurs mots, leur sentiment d’être pointés du doigt. À l’inverse des boucs émissaires, ils ne sont pas poussés à l’exil hors de France, mais à l’exil intérieur » explique-t-il. Et il poursuit « La logique est perverse et la spirale infernale, car, in fine, chacun de nous est concerné. Chacun a ses « pointés du doigt », le même étant, inévitablement, le « pointé du doigt » d’un autre ! ». En revanche boucs émissaires et pointés du doigt se rejoignent lorsqu’il s’agit de désigner les responsables du malaise qu’ils ressentent : les politiques. « Tout est bon pour dire aux dirigeants politiques français, qu’ils soient de gauche ou de droite, qu’ils sont incapables. Incapables de prendre les bonnes décisions. Incapables d’avoir des résultats. Incapables, en un mot, de permettre aux Français de gagner ensemble, de remporter des victoires qui leur donnent un sentiment de fierté collective et individuelle » affirme Jean-François Copé.
La seconde partie de l’ouvrage livre un diagnostic du malaise français. Le monde a connu d’importants bouleversements en un temps record avec notamment l’avènement du numérique et l’émergence d’un monde multipolaire. La conjonction de ces deux phénomènes bouleverse nos repères et change notre rapport à la santé et à la vie, au travail, à la religion, à l’État, à l’information, analyse le maire de Meaux. Il estime ainsi que « Ce monde nouveau a fait sortir notre système collectif de son équilibre avec une très grande brutalité. Là où de très nombreux pays dans le monde se sont efforcés de s’adapter à tous les changements intervenus et de saisir ces opportunités pour donner une impulsion à leur développement, la France s’est bloquée, prise d’un effet de vertige et de peur, en un mot, paniquée ». L’aversion de notre pays pour la prise de risque et pour l’échec serait également l’une des explications du malaise français.
Dans la troisième partie de son livre, Jean-François Copé avance un certain nombre de remèdes pour surmonter ce malaise : gouverner par ordonnances, libérer le travail par le référendum d’entreprise et la TVA antidélocalisation, créer un numéro Siret personnel dès 16 ans, supprimer l’emploi à vie dans la fonction publique, instaurer un « plan Marshall » sécurité et justice, mettre en place un concordat entre l’État et l’islam de France, notamment.
« Liberté économique, ordre pour mieux vivre ensemble, progrès au service de l’égalité des chances, tels sont les piliers du Sursaut français » conclut l’auteur.
Le sursaut français
Jean-François Copé
Stock, 2016
356 p – 20 €