Le catogan fièrement porté, le regard perçant et la démarche sereine, Boualem Sansal avance dans la vie avec placidité non sans se départir d’un sacré sens de l’humour. L’homme est d’une discrétion tranquille écrit avec justesse Jean-Marie Laclavetine [1. Préface de Jean-Marie Laclavetine de la rééditions des romans de Boualem Sansal 1999-2011, Quarto-Gallimard, 2015.]. Sa voix douce presque cristalline n’a rien de l’exubérance qu’on attend généralement chez un Méditerranéen. Polymathe mais très gourmand de tout ce qui peut enrichir sa besace intellectuelle, attentif à l’Autre, on est presque surpris que les mots lui viennent avec une certaine timidité. Il faut dire que le vocabulaire ronflant, limite germanopratin, n’a jamais été sa tasse de thé. Il n’empêche, l’homme manie la langue de Molière avec dextérité, vénération et amour. Scientifique passionné de physique quantique, je l’ai souvent imaginé lisant de bons vieux classiques de science-fiction, voire même jouer avec entrain à ces jeux virtuels qui fascinent nos enfants. Sorte de Pierrot lunaire, il me fait penser à ce mot de Philippe Léotard, « refuser sa part d’enfance c’est vieillir sans rêve »[2.Philippe Léotard, Portrait de l’artiste au nez rouge, Balland, 1988.]