Le régime oligarchique d’Alger redouble dans la défiance et le narratif anti-français
Nous avons appris que, convoqué par un juge d’instruction voici 24 heures, l’écrivain s’est vu notifier un nouveau chef d’inculpation, celui d’ « intelligence avec une puissance étrangère ». A l’origine de cette nouvelle ignominie, les liens amicaux noués par Boualem Sansal avec l’ancien Ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, l’un des meilleurs connaisseurs du système algérien, par ailleurs membre également de la Revue politique et parlementaire.
Au pays de Tebboune-Ubu tout est évidemment possible, et surtout le pire. Malgré sa prudence, la France officielle se trouve confrontée à un mur. Depuis que sous la houlette du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, le discours de l’exécutif s’est infléchi de manière salutaire dans le sens de la fermeté, le régime oligarchique d’Alger redouble dans la défiance et le narratif anti-français. Le plus regrettable dans ce constat est que les dirigeants qui retiennent arbitrairement la plus grande voix de la littérature francophone trouvent des relais en France pour les soutenir ou à tout le moins pour refuser explicitement de les condamner. C’est là un fait.
« Coupable » juste de sa liberté et de ne pas haïr la France dans ce qu’elle a d’intemporel
A l’Assemblée nationale, la députée « Ensemble pour la République », Constance Le Grip, défend courageusement depuis plusieurs semaines une proposition de résolution exigeant la libération immédiate de notre compatriote. Examiné en Commission des Affaires étrangères, le texte a été heureusement adopté, mais sans les députés de la gauche. C’est là le carré du déshonneur. Rien ne saurait justifier cette désertion quand un homme malade, l’une des plus belles plumes de la Méditerranée, « coupable » juste de sa liberté et de ne pas haïr la France dans ce qu’elle a d’intemporel, risque sa vie pour avoir « péché » par lucidité et courage d’exprimer cette lucidité.
En France un professeur au Collège de France peut appeler sans se dissimuler à la censure d’un ouvrage sur le wokisme mais une grande partie de notre classe intellectuelle et dirigeante reste indifférente au sort tragique de ce prophète tranquille et modeste que constitue Boualem Sansal. A t-on juste conscience qu’entre le censeur et le veilleur, toute une partie de nos élites, par atermoiement ou idéologie, a choisi le premier. Ainsi va le pays de Voltaire qui oublie que son suc séminal plonge loin ses racines, depuis Rabelais et même avant, dans un irrépressible besoin de liberté. Il est temps de dire que le progrès, oui, a changé de camp et que Sansal, du fond de son cachot, est la plus belle et incandescente expression de cet esprit français, rebelle, libre, indépendant qui dit le mot de Cambronne au pouvoir, à fortiori quand celui-ci n’est rien d’autre qu’une tyrannie.
L’esprit de l’accommodement
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à Sorbonne-Université