L’échec de Nicolas Mayer-Rossignol face à Olivier Faure cache aussi celui de l’ancien président de la République socialiste qui poussait dans l’ombre tous les opposants au Premier secrétaire du PS.
C’est un silence révélateur. François Hollande n’a pas réagi publiquement après le score de 42,2 % remporté par le texte d’orientation d’Olivier Faure, candidat au renouvellement de son poste de Premier secrétaire, arrivé premier face à son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, qui a obtenu 40,2 %. Et le ralliement « à titre personnel » de Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale arrivé troisième avec 17,4 %, donnait, avant même le deuxième tour du jeudi 5 juin, une longueur d’avance au patron du parti. Avance confirmée au petit matin ce vendredi 6 juin : Olivier Faure l’a emporté avec 50,9 % des suffrages après une nuit éprouvante.
Premier secrétaire du Parti socialiste pendant onze ans avant de devenir président de la République, Hollande n’a jamais caché sa préférence pour les opposants à Olivier Faure, qu’il s’agisse de Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, ou de la présidente de la région Occitanie Carole Delga, les deux dernières ayant soutenu la candidature du maire de Rouen. Selon lui, ces trois-là représentent la nouvelle sociale-démocratie qu’il appelle de ses vœux, contrairement à Olivier Faure, coupable à ses yeux d’avoir pactisé avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, dont l’objectif de toujours est de détruire la gauche réformiste. Et cela va de soi, quand on sait que François Hollande n’a pas renoncé à jouer un rôle en 2027, ces trois-là étaient à ses yeux destinés à l’accompagner dans cette hypothétique aventure.
Est-ce la défense répétée de Faure et de ses amis qui ne se sont pas fait faute de rappeler pendant la campagne interne que Hollande, redevenu député, n’avait pas hésité à endosser l’étiquette du Nouveau Front populaire ? Est-ce le rappel, mezzo voce, du bilan du quinquennat de l’ancien président socialiste ? Ou encore, toujours de manière allusive, son incapacité à se représenter en 2017 ? Ou encore le poids – certes léger – de Faure sur les fédérations ? Ou, enfin, l’absence de débats sur le fond et de propositions dans cette élection interne ? Difficile à dire.
Mais une chose est sûre : le « Tout sauf Faure » pour lequel Hollande a œuvré dans l’ombre n’a pas fonctionné. La défaite de Mayer-Rossignol est donc, d’une certaine manière, aussi la sienne. Dans ces conditions, on comprend mieux le mutisme momentané de l’ancien président. Même si, face à un score aussi serré qui coupe, de fait, le PS en deux, on imagine qu’il continuera de peser en coulisses.
Carole Barjon
Editorialiste