Saint-Raphaël devient la première ville de France à affirmer publiquement cette vérité historique : la mémoire ne doit pas être sélective et toutes les victimes du totalitarisme, qu’il soit brun ou rouge, méritent notre hommage.
Arnaud Benedetti : Pourquoi selon vous il existe une différence de traitement dans nos mémoires collectives entre les crimes perpétrés au nom du communisme et ceux perpétrés au nom du nazisme et des fascismes ?
Parce qu’il n’y a jamais eu de « Nuremberg du communisme ». Les crimes nazis ont été jugés, condamnés et disqualifiés à jamais. Les crimes communistes, eux, ont été minimisés, relativisés, parfois même excusés. On a entretenu l’illusion que le stalinisme aurait trahi une belle idée. Or c’est faux : les goulags, les famines organisées, les purges, ne sont pas des dérives accidentelles, mais l’application cohérente d’une idéologie qui nie la liberté et l’individu.
Le communisme n’est pas une utopie avortée : il est, en lui-même, porteur de totalitarisme.
Voilà pourquoi nos mémoires doivent être rééquilibrées.
Arnaud Benedetti : Que répondez-vous à vos détracteurs qui critiquent votre initiative ?
Je leur réponds que ce monument ne retire rien à personne. Honorer les victimes du communisme, ce n’est pas hiérarchiser les souffrances, c’est reconnaître que cette idéologie, partout où elle s’est imposée, a produit la même mécanique totalitaire. De Moscou à Phnom Penh, de Pékin à La Havane, ce ne sont pas des accidents de parcours : c’est l’essence même du système qui conduit à l’écrasement de l’homme. Refuser de le dire au nom d’un vieux réflexe idéologique, c’est prolonger le mensonge.
Ce monument, c’est le choix de la vérité contre le déni.
Arnaud Benedetti : Plus en amont et plus en profondeur, ne faut-il pas repenser notre éducation à l’Histoire ?
Absolument. Trop souvent, les crimes communistes sont présentés comme des “dérives staliniennes” ou restent absents des manuels. C’est une erreur historique et pédagogique. Les jeunes doivent comprendre que ce n’est pas seulement Staline qui est responsable, mais une idéologie qui, dès Lénine, proclamait la dictature du parti unique et la suppression des libertés. Enseigner cela n’est pas un détail : c’est donner aux générations futures les outils pour résister aux séductions totalitaires d’aujourd’hui. Repenser l’éducation à l’Histoire, c’est enseigner que le communisme lui-même est une matrice de terreur, et qu’il faut en tirer toutes les leçons.
Frédéric MASQUELIER
Maire de Saint-Raphaël