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dans N°1114, Politique

Face à Trump, refuser la vassalisation heureuse

Victor WoilletParVictor Woillet
5 novembre 2025
Face à Trump, refuser la vassalisation heureuse

Source : Saku_rata160520 / Shutterstock.com

Interview

L’Empire de l ’ombre – Guerre et terre au temps de l’IA vient de paraître aux éditions Gallimard. À l’occasion de la sortie de ce quatrième numéro du Grand Continent, Victor Woillet a interviewé Mathéo Malik, son rédacteur en chef.

 

Revue Politique et Parlementaire – Le quatrième volume papier de la revue est consacré notamment au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Pour resituer la démarche derrière cet ouvrage, comment qualifieriez-vous le moment politique et géopolitique dans lequel nous nous trouvons actuellement ?

Mathéo Malik – Le Grand Continent publie plusieurs articles en ligne chaque jour et un numéro papier une fois par an qui part, comme vous l’indiquez, d’une tentative de qualifier le moment que nous traversons.

Le premier numéro publié était une tentative de s’orienter dans l’interrègne ; le second dans la guerre étendue et le troisième dans un monde cassé. Avec L’Empire de l’ombre, nous entrons dans une nouvelle phase sombre et étrange, où il devient nécessaire d’étudier en profondeur les transformations américaines.

Il faut préciser d’emblée que l’interrègne ne s’est pas complètement refermé. L’époque dans laquelle nous évoluons est encore profondément instable, traversée de reconfigurations et d’affrontements.

Seulement, désormais, les intentions à Washington et à Moscou semblent plus claires.

Poutine poursuit sa guerre pour prendre l’Ukraine et faire plier l’Europe. Ses intentions sont connues. Comme l’affirme dans une contribution du numéro Vladislav Sourkov, le fameux « mage du Kremlin », il cherche à « retraduire l’Empire » et y est partiellement parvenu puisqu’il semble avoir fait des émules.

Le programme de la Chine est lui aussi de plus en plus explicite.

Mais la nouveauté principale, au cœur de L’Empire de l’ombre, vient de la convergence surprenante de ces forces avec les États-Unis de Donald Trump où un programme explicitement impérial est affiché et mis en œuvre.

RPP – Depuis la réélection de Donald Trump, beaucoup de commentateurs, notamment dans les pages du Grand Continent, ont insisté sur la rupture que constituait ce nouveau mandat. De manière paradoxale, ne peut-on pas considérer qu’il y a pourtant une forme de continuité avec certains pans et certaines pratiques latentes de l’histoire américaine, aussi bien dans l’affirmation d’un exécutif unitaire que dans la posture de retrait sur la scène internationale ?

Mathéo Malik – Justifier une action politique de rupture en l’inscrivant dans un récit téléologique de l’histoire est un procédé courant.

C’est ce qu’a fait Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine et la politique expansionniste et révisionniste de la Russie. Aux États-Unis, certains auteurs néo- réactionnaires dont les idées infusent aujourd’hui au sein de l’administration Trump revendiquent et théorisent une telle vision.

C’est notamment le cas de Curtis Yarvin, dont nous publions un texte clef et avec lequel nous avons mené un long entretien dans les pages en ligne de la revue. Il est l’un des producteurs idéologiques qui essaye de replacer le trumpisme dans l’histoire longue des États-Unis. Selon lui, si Trump a battu le record de Roosevelt en matière d’executive orders, il ne ferait en fait que reproduire la façon de gouverner de FDR un « vrai président-dictateur » dans ses mots. En matière de politique étrangère, c’est la même chose : le désengagement des États-Unis en Europe, rupture majeure depuis 1945, ne serait que le retour de la doctrine Monroe, dont la « sécurité hémisphérique » américaine ne constituerait qu’une réinterprétation contemporaine.

On voit bien que tout cela relève de la pure reconstruction.

Plusieurs éléments, dont nous rendons compte dans la première partie du numéro, permettent bien de mettre en lumière la dimension de rupture de la politique de Trump.

D’une part, une coalition électorale nouvelle a vu le jour. Ce que Lorenzo Castel- lani nomme « accélération réactionnaire » prend une forme très concrète et pourtant incongrue : le Midwest qui soutenait Trump en 2016 est désormais allié aux patrons de la tech américaine. La Silicon Valley s’installe à la Maison-Blanche. Une contre-élite, nouvelle, composite, énergique, se crée.

Elle cherche à s’implanter, à prendre le contrôle de toutes les structures de pouvoir de l’État.

Deuxièmement, la conception du pouvoir exécutif dont se revendique aujourd’hui le trumpisme est incomparable avec celle qui animait l’instigateur du New Deal. Ce qui peut passer pour une petite blague Internet, un meme affirmant que Trump est le nouveau roi des États-Unis, prend une autre tournure dès lors que des Républicains de la Chambre des représentants déposent des projets de loi pour revenir sur le 22e amendement de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le projet de renversement de la démocratie américaine pour transformer la république en empire est méticuleusement mené. Il est impératif de le documenter.

En politique étrangère enfin, la prétention impériale des États-Unis est également un élément de rupture. Jusqu’à maintenant, pour reprendre la belle expression d’Henry Farrell et Abraham Newman, les États-Unis s’étaient projetés comme un « Empire souterrain ». Cela se traduisait par un contrôle extrêmement développé sur l’ensemble des réseaux, infrastructures et investissements internationaux. Désormais les États-Unis affirment qu’ils souhaitent annexer le Canada, le Panama et le Groenland. Cette dimension territoriale explique notamment le sous-titre du volume, « Guerre et terre au temps de l’IA ».

RPP – Vous insérez au cœur de ce volume, entre des entretiens et articles de commentateurs de la situation politique présente, une série de textes qui constituent une sorte d’anthologie de la pensée réactionnaire qui irrigue la nouvelle administration américaine. Il est frappant d’y observer, entre les lignes, ce qui pourrait être qualifié de retour en grâce du courant néo-machiavélien et de la théorie des élites développée en Italie au début du siècle dernier. Comment analysez-vous ce phénomène ?

Mathéo Malik – Ces références sont en effet explicites chez certains auteurs. Mark Andreessen, à la fin de son Manifeste du mouvement techno-optimiste, dresse une liste à la Prévert des « saints patrons du techno- optimisme » parmi lesquels figurent, aux côtés de Hayek ou Nietzsche, Vilfredo Pareto mais aussi James Burnham. Curtis Yarvin s’est également plusieurs fois fait l’écho des néo-machiavéliens.

Il ne faut pas s’y tromper : la référence à l’école élitiste italienne, mobilisée par les gourous de la Silicon Valley, est surtout pour eux une caution servant à marquer leur opposition à la démocratie au risque de tronquer et de détourner d’ailleurs souvent les figures tutélaires sur lesquelles ils s’appuient.

Reste que la question de la pérennisation d’une élite est centrale dans leur réflexion.

Sur le rejet de la démocratie, le texte le plus explicite dans cette partie est celui de Peter Thiel. Le fondateur de Palantir y affirme qu’il aurait compris, quasiment sous la forme d’une révélation chrétien girardien, Thiel croit à l’imminence de l’Apocalypse et recherche activement les signes de l’Antéchrist que la liberté était fondamentalement incompatible avec la démocratie, dont il faudrait donc sortir.

RPP – En contrepoint de cette vague qui déferle sur les États-Unis, le concept de souveraineté fait son grand retour sur la scène européenne alors même qu’il avait été presque banni pendant plusieurs années. Comment jugez-vous ce changement de ton au sein de l’Union européenne ?

Mathéo Malik – Il n’est en réalité pas si nouveau mais il connaît une inflexion.

Poussée précocement par la France à partir de 2017, donc peut-être trop tôt l’idée que l’Europe devait trouver une forme d’autonomie par rapport aux États-Unis avait provoqué des incompréhensions chez ses partenaires européens après l’élection de Joe Biden et à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Force est pourtant de constater que ce diagnostic était le bon et se trouve renforcé depuis l’investiture de Donald Trump. Aujourd’hui, même le chancelier allemand Friedrich Merz ancien PDG de BlackRock en Allemagne et fervent atlantiste est sur cette ligne.

L’élection de Trump a accentué à cet égard un mouvement de fond mais aussi rendu patente une menace nouvelle puisque les États-Unis appellent désormais explicitement au changement de régime en Europe.

Dans la période récente, de brutales campagnes d’ingérence ont en effet été lancées depuis Washington. Contrairement à la Russie de Poutine, les États-Unis mènent ces opérations ouvertement : en Allemagne pour l’AfD, en Roumanie pour George Simion et récemment en Pologne pour le candidat trumpien du PiS Karol Nawrocki, dont la victoire à la présidentielle s’est jouée sur le fil quelques jours seulement après que la Secrétaire à la Sécurité intérieure américaine en fonction, Kristi Noem, a exhorté les foules à voter pour lui dans un meeting géant de la campagne polonaise.

C’est en raison de ces diverses menaces que L’Empire de l’ombre est aussi un vademecum pour les lecteurs européens qui refusent de tomber dans la vassalisation heureuse de Musk et Trump : les propositions de Marietje Schaake et Mario Draghi vont dans ce sens tout comme le puissant appel de la résistante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa contre la dictature.

RPP – Le Grand Continent a mené un travail salutaire de décryptage de la situation américaine et de sa complexité depuis la réélection de Donald Trump. Quelle a été votre méthode et en quoi diffère-t-elle de ce qui a pu être fait dans d’autres médias ?

Mathéo Malik – Dans l’un des manifestes trumpistes que nous traduisons dans L’Empire de l ’ombre, le blogueur graphomane réactionnaire Curtis Yarvin se définit ainsi : « Un inconnu sur Internet qui a raté ses partiels, qui ne connaît ni le grec ni le latin mais pour qui je me prends ? ».

Aujourd’hui, il est l’une des voix les plus écoutées parmi les conseillers de Trump et Vance.

Il n’a jamais publié chez de grands éditeurs ni donné d’interviews dans les grands journaux avant cette année. C’est une plume autodidacte et organique, développée essentiellement en ligne.

Son cas de figure permet en partie de répondre à votre question.

Tout se passe comme si l’acclimatation des élites européennes à l’écosystème éditorial anglophone traditionnel leur avait donné à tort l’impression de bénéficier d’une connaissance passive de la réalité américaine. Parce que nous suivons des émissions et ou lisons des journaux en anglais, nous pensons être suffisamment informés face à l’étrangeté du phénomène Trump.

Ce que montre la phase actuelle, c’est que cela n’est pas suffisant pour comprendre le projet trumpiste : en cherchant à expliquer son succès, on se heurte toujours à une énigme.

Nous avons fait l’hypothèse que ce blocage venait peut-être du fait que nous n’avions pas les bonnes sources.

Pour les trouver, il a fallu sonder les tréfonds du web à la recherche des textes qui avaient façonné les idées de cette nouvelle coalition magmatique désormais bien implantée à Washington.

Leurs références mélangent Matrix et Aristote ; des manuels pour fonder sa propre start-up ou pour survivre dans les bois et les notes des séminaires de René Girard ; des séries télévisées ou des films ultra-populaires aux États-Unis et pratiquement inconnus ici…

Leurs thèses sont souvent publiées sur des blogs ou les sites personnels des oligarques de la tech plutôt que dans des livres. Leurs standards ne sont pas traditionnels. Ils s’accommodent de l’incohérence et de l’incomplétude. Leur style est rarement soigné, souvent sibyllin la référence des « Lumières noires », Nick Land, est probablement l’auteur le plus cryptique de cette mouvance.

Ces textes composent pourtant une sorte de canon. Ils sont lus aujourd’hui à Washington.

Avec Le Grand Continent, nous essayons de constituer dans une série en ligne un atlas raisonné de cette galaxie néo-réactionnaire qui propose aux États-Unis une nouvelle expérience politique exactement comme nous l’avions fait avec la Chine de Xi et la Russie de Poutine en traduisant, introduisant, contextualisant et commentant systématiquement les textes des doctrinaires et idéologues des nouveaux empires.

On ne peut pas comprendre la transformation du pouvoir exécutif sans lire le Projet 2025 ou les blogueurs préférés de J. D. Vance ; de même qu’on ne peut pas essayer de donner un sens à la plus erratique des politiques de Trump, le commerce, sans connaître la doctrine de Stephen Miran, que nous avons fait découvrir en la traduisant et en la commentant.

Revenir aux sources fait partie de la responsabilité historique des revues intellectuelles.

Avec Trump, la forme de ces sources est parfois si déroutante qu’on pourrait être tenté de ne pas les prendre au sérieux. On aurait tort : face à une pratique spectaculaire de la politique, savoir ce que lisent ou pensent ceux qui la font des baies vitrées de la Silicon Valley aux couloirs gris du Kremlin permet peut-être de prendre une longueur d’avance.

Mathéo Malik

Rédacteur en chef du Grand Continent

(Propos recueillis par Victor Woillet)

Source : Saku_rata160520 / Shutterstock.com

 

Victor Woillet

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