« Il est arrivé à ma fille de se faire traiter de ‘sale blanche’, c’est du racisme anti-blanc », a relaté la porte-parole du gouvernement, Mme Primas, ce 23 mars. Elle a exprimé tout haut ce que des millions de gens pensent tout bas. Déjà, plusieurs témoins de l’assassinat du jeune Thomas à Crepol avaient affirmé devant les policiers avoir entendu: « On est là pour tuer les Blancs. » Premier ministre à l’époque des faits, Édouard Philippe avait alors lui-même estimé « bien possible » qu’il y ait « une forme nouvelle de racisme anti-Blancs, comme il y a une forme ancienne de racisme anti-Noirs, anti-Arabes ou anti-Juifs ». Dès 2012, JM Ayrault le laissait entendre.
Hier, les manifestations contre le racisme et le fascisme (pas question de l’antisémitisme…) fomentées par LFI et diverses associations droit-de-l’hommistes ont démontré essentiellement une chose. Il existe bel et bien en France un racisme anti-blanc. L’expression racisme antiblanc fait référence à des actes d’hostilité à caractère raciste visant spécifiquement les Blancs. Parfois vu comme une forme de « retournement » du racisme, il est alors qualifié de « racisme à l’envers » (c’est notamment le cas du reverse racism, aux États-Unis). La majorité des sociologues estiment pourtant que la notion de racisme anti-blanc n’est pas pertinente dans des sociétés où les Blancs sont en position de domination. En effet, par le biais de leurs colonisations diverses, ils ont essaimé le racisme. La grande majorité des antiracistes tente donc de nous expliquer que le blanc, c’est le raciste, et donc que le racisme, ça vient du blanc. Mais dans quel pays vivent-ils? Où font-ils leurs recherches? Il n’est pas une banlieue de grande ville de France où ne se constate pas ce qui se produit depuis quelques décennies: un «grand remplacement». Ce concept fait frémir! Mais il a une explication assez limpide. Il désigne le fait qu’un peuple, issu de la population d’immigrés venus d’Afrique et du Maghreb, se substituerait plus ou moins fortement selon les endroits à un autre, les Français de souche. Ce concept a été vite capté par l’extrême droite. Ainsi E. Zemmour en fit un de ses thèmes de campagne en 2022. Très surprenant, en janvier 2025, l’ancienne figure étudiante de Mai 68 et fondateur d’EELV, Daniel Cohn-Bendit, a appelé sur le plateau de LCI à « freiner l’immigration »face au « grand remplacement » à l’œuvre à Mayotte. Il a cependant pris le soin de différencier l’archipel de la métropole. Mais le mot était lâché! Pis que cela, en février 2025, le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a non seulement fait sienne la notion de « grand remplacement », mais a été plus loin en appelant à un changement de population dans les territoires ruraux. Et de déclarer: «Dans notre pays, une personne sur quatre a un grand-parent étranger. 40 % de la population parle au moins deux langues. Nous sommes voués à être une nation créole et tant mieux ! « Que la jeune génération fasse le grand remplacement de l’ancienne génération », développe-t-il. S’il avait voulu mettre à mal son image et l’antiracisme en France, l’ancien trotskyste ne s’y serait pas pris autrement.
Bien sûr, cette théorie du grand remplacement est contestée comme raciste et complotiste. D’autant qu’elle a été théorisée par Renaud Camus, sulfureux historien de l’extrême droite. Selon l’Insee, la part de la population immigrée dans la population totale est passée de 5 % en 1946 à 7,4 % en 1975, à 7,3 % en 1999 et à 10,3 % en 2021. En 2023, 7,3 millions d’immigrés vivent en France, soit 10,7 % de la population totale. L‘Afrique représente près de 35 %.
Les adeptes de la théorie du « grand remplacement » rappellent que le concept est un processus qui se vérifie par une part des immigrés dans la population nationale qui est en constante augmentation. Il n’est qu’à résider dans certaines banlieues parisiennes ou marseillaises, par exemple, pour se convaincre de ce qui est une donnée d’abord factuelle. Et dans ces quartiers, personne ne peut contester qu’il existe des blancs, devenus minoritaires, qui subissent des paroles ou des actes racistes. En 2011 déjà, Tarik Yildiz écrivait un ouvrage, Le racisme anti-blanc : Ne pas en parler : un déni de réalité(Éditions du Puits de Roulle). Il a recueilli un certain nombre de témoignages qui «mettent en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les victimes de ce racisme à l’école et dans les quartiers défavorisés d’Île-de-France ». Mario Stasi lui-même (président de la Licra) estimait en 2023: Pour le droit et pour les sciences humaines, le racisme anti-blanc, ça existe (…). Dans un pays comme la France, le racisme anti-blancs est un phénomène minoritaire et ne s’inscrit pas, dans le paysage social, sous une forme structurelle, à l’inverse des formes classiques du racisme.
Alors, bien évidemment, le racisme «classique» (anti-noir, anti-arabe) est bien plus répandu, mais tout aussi répréhensible que e l’anti-blanc. L’un et l’autre tombent sous le coup de la loi pénale en tant que délit. Bien évidemment aussi, il y a bien plus de blancs en France et en Europe que de personnes de couleurs. Oserait-on dire que ce sont les hasards de la géographie et de la natalité ?
Toujours est-il qu’une évolution, voire une révolution intellectuelle est en train de se dérouler sous nos yeux : l’évocation du racisme anti-blanc n’est plus taboue. On en parle ouvertement, n’en déplaise à quelques associations dont l’antiracisme est à géométrie variable. On doit rappeler ici que ce racisme anti-blanc était manifestement présent dans l’attitude de ces présidentes des prestigieuses universités américaines de Pennsylvanie et d’Harvard, wokistes assumées au surplus, quand elles ont expliqué piteusement lors de leur déposition au Congrès que les appels fréquents au génocide des juifs dans leurs campus ne pouvaient être forcément constitutifs de harcèlements et devaient être « contextualisés »….. À l’issue d’une enquête, l’une a été débarquée et l’autre s’est excusée. Pour l’anecdote, l’une d’entre elles était noire… Mais dans ce domaine l’affaire de notre ami Sansal a généré, entre autres vilénies, la chose suivante. Un collègue en manque de notoriété, Nedjib Sidi Moussa, a opiné sur un plateau télé :« Je ne dis pas que ça justifie la prison, mais Boualem Sansal est quand même d’extrêmedroite… ». Bien logiquement, il s’est fait vitupérer, notamment par Xavier Gorce. Quelle a été la réaction de cet individu? «C’est l’idéologie française, c’est le racisme pur… » C’est Audiard qui disait que «les c..s, ça ose tout, c’est à çà qu’on les reconnait».
Il s’avère tout de même que, n’en déplaise à de bonnes âmes, depuis une dizaine d’années, en France, des immigrés se rendent coupables de milliers d’agressions physiques, de centaines de viols et de dizaines de meurtres contre des femmes blanches et des hommes blancs, sans que les hommes politiques qui nous dirigent n’élèvent la moindre protestation. Sauf ceux de droite et d’extrême droite. Hormis une radio et une chaine d’infos en continu, dans les médias, ces affaires ne sont jamais traitées comme des crimes racistes, mais comme de simples faits divers. Depuis quelques mois, la journaliste Christine Kelly est mise en cause par l’extrême gauche qui taxe la journaliste d’« aliénation » et l’accuse de trahir sa communauté ethnique. On est dans le délire total!
Il est en effet entendu que, pour la gauche décoloniale, le racisme ne peut être que le fait d’un Blanc, et que la victime du racisme ne peut être qu’un pauvre immigré du tiers-monde, un “homme de couleur”. Des relents de la colonisation sont toujours présents aussi. C’est factuel, mais c’est ainsi. Les manifestations du 22 mars dernier ont démontré que le matraquage idéologique estampillé aux “droits de l’homme” fonctionnait toujours à plein régime. Même si elles se sont révélées être un fiasco.
Le problème, c’est que l’on oublie le droit dans tout ça. Ainsi, outre les sanctions pénales qui ne différencient pas la couleur de peau, et c’est heureux, en 2014, la cour d’appel de Paris a retenu la circonstance aggravante de racisme dans le cas d’une agression où les insultes « sale Blanc » et « sale Français » avaient été proférées. Un de nos collègues, sociologue, Eric Fassin, à qui on demandait comment caractériser l’insulte «sale blanc», a répondu: « On peut appeler ça une agression. » (https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-racisme-anti-blancs-existe-t-il; 10/10/2018). Si cela avait été une insulte inversée, c’eut été un délit grave… Comprenne qui pourra.
À force d’insister sur le racisme à tout bout de champ, ses zélateurs ont petit à petit mis en place un phénomène tout aussi dangereux: le racialisme. Écoutons un spécialiste de ce problème: «la vision racialiste, qui pervertit l’idée même d’intégration et terrorise par ses exigences les médias et les acteurs de la vie intellectuelle, sociale et politique, s’est échappée de l’université américaine il y a vingt ans. Et la voilà qui se répand au Canada, au Québec et maintenant en France. Elle déboulonne des statues, pulvérisant la conscience historique, elle interdit de parler d’un sujet si vous n’êtes pas héritier d’une culture et vous somme de vous excuser « d’être blanc », signe de culpabilité pour l’éternité. « Le racialisme sépare et exclut, n’apporte pas de libertés quoi qu’en disent ses hérauts et, plus dangereux, modélise une manière de penser le monde» (Mathieu Bock-Côté, La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, La Cité, 2021).
À l’heure de conclure, il va de soi que le racisme a un visage, celui de l’imbécilité humaine dans ce qu’elle a de plus bas. Il convient de la combattre, d’où qu’elle vienne, avec toute la rigueur de la loi. Mais depuis une dizaine d’années, force est de constater que se multiplient les cas d’insultes et autres actes racistes des gens de couleur envers des blancs. Cela risque d’engendrer des conflits entre individus, voire entre communautés. Dans certains coins de France, ça a déjà bien commencé. Cela risque d’interférer dans les futurs débats électoraux (municipales et surtout présidentielle) et de faire le jeu des extrêmes…
Nous pouvons avoir différentes religions, différentes langues, différentes couleurs, mais nous appartenons tous à une seule race humaine (Kofi Annan).
Raphael Piastra, maître de conférences en droit public.