Aloha Nùnez, ministre venezuelienne du Pouvoir populaire des Indigènes, est revenue sur les récentes actualités en Amérique du Sud, notamment les incendies dans la forêt amazonienne. Née en 1983, Aloha Nùnez, originaire de l’ethnie Wayuu (peuple situé entre le nord du Venezuela et la région de la Guajira colombienne), a été nommée ministre du Pouvoir populaire des Indigènes en 2012 par Hugo Chavez et renouvelée dans ses fonctions par Nicolas Maduro en 2016. Présente à Paris à l’occasion de la Conférence générale de l’UNESCO (qui accueillera des délégations de 193 pays), Aloha Nunez tire la sonnette d’alarme concernant la protection de l’environnement. Guillaume Asskari, journaliste-producteur, l’a rencontrée.
Quelle est la principale menace pour les peuples indigènes ?
Aloha Nunez – L’Amazonie est menacée par la déforestation et les activités humaines en permanence. L’écosystème est en danger. Notre terre brûle et nous ne pouvons pas rester dans le silence. C’est le poumon de notre Terre, c’est notre oxygène. Il faut mobiliser la communauté internationale pour préserver la biodiversité. C’est évident que les incendies qui ont commencé au Brésil, avant de s’étendre en Bolivie, affectent beaucoup nos communautés. Il ne faut pas oublier les leaders des communautés qui ont été assassinés.
Quelle est la différence entre « Indigènes » et « Autochtones » ?
Aloha Nunez – C’est la même chose. Au Venezuela, la Constitution reconnaît les ethnies de la forêt amazonienne comme des peuples indigènes. Cette partie de la population est incluse dans les différentes lois qui existent. Même si l’appellation peut varier selon les pays, l’important c’est qu’on oublie pas les peuples indigènes. Ces communautés (plus de 600) font partie intégrante de la société dans laquelle on vit. A chaque endroit où je vais, je dois leur rendre hommage.
Les gouvernements prennent-ils en compte les revendications des peuples autochtones ?
Aloha Nunez – Tous les gouvernements ne se ressemblent pas. La volonté d’intégrer les indigènes dans la société n’est pas la même partout. Il faut rappeler que la grande partie des peuples indigènes vivent dans l’Amazonie et à proximité du fleuve Amazone. Notre terre, ainsi que la faune et la flore, représentent un patrimoine.
Le plus triste c’est de voir l’inaction et le désintérêt de la majorité des gouvernements au sujet de l’Amazonie.
L’un des premiers à s’être indigné au moment des incendies, c’est le président Evo Morales. C’est peut être l’une des raisons pour laquelle les États-Unis ont été essayé d’attaquer son gouvernement. L’important c’est d’être solidaire avec les communautés indigènes. C’est ce que l’on fait au Venezuela. Au Bresil, par exemple, on voit bien qu’il n’y a pas de politique d’intégration. Cette politique de droite, emmenée par Jair Bolsonaro, n’a pas montré un signe de compassion envers les autochtones.
Les peuples indigènes se sentent-ils bien représentés au Venezuela ?
Aloha Nunez – Grâce a la révolution bolivarienne, et grâce au soutien du commandant Hugo Chavez, les communautés indigènes existent dans les textes de loi et dans la Constitution. Beaucoup de pays ne prennent pas en compte les indigènes. Au Venezuela, on a la chance d’avoir un ministère du Pouvoir populaire pour les Peuples indigènes depuis 2007. Il y a également des députés à l’Assemblée qui nous représentent. Nous sommes écoutés et entendus, c’est le principal.
Propos recueillis par Guillaume Asskari
Journaliste, producteur
Chroniqueur Amérique latine