En matière de transition écologique et d’aviation décarbonée, on peut dire que la célèbre citation de Winston Churchill, « Ne gaspillez jamais une bonne crise », n’est pas restée lettre morte de ce côté-ci de la Manche et la France a fait ce qu’il fallait pour relancer l’industrie aéronautique après l’ouragan que le secteur a traversé ces deux dernières années en raison de la crise sanitaire.
L’industrie aéronautique a accueilli très favorablement la feuille de route France Relance mise en place par le gouvernement pour cibler les efforts et les investissements sur le développement d’une aviation plus durable. Collins Aero-space n’a pas attendu la crise sanitaire pour s’attaquer à la question, avec de multiples programmes de recherches et groupes de travail internationaux comme ceux mis en place au sein de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), d’ATAG (Air Transport Aviation Group), ou encore tout récemment l’Alliance pour une aviation Zéro Émission, lancée en juin par le commissaire européen Thierry Breton. Chez Collins Aerospace près de 90 % de nos investissements en Recherche & Développement sont aujourd’hui consacrés à des programmes de transformations technologiques pour une aviation décarbonée à l’horizon 2050. Car il y a en effet urgence. Même si le transport aérien ne représente aujourd’hui que 2 % des émissions totales de CO2, soit une part relativement faible, celle-ci pourrait passer à 5 % dans les vingt prochaines années, avec la croissance attendue du trafic mondial, si rien n’est fait.
Nous saluons en ce sens le plan ambitieux, France 2030, annoncé par le gouvernement avec pour objectif d’investir 4 milliards d’euros pour les transports du futur, dont la production en France, d’ici 2030, du premier avion bas-carbone. Une stratégie à l’avant-garde de l’Europe et du monde, qui permet de soutenir les investissements que nous faisons sur l’ensemble du territoire national pour développer nos centres d’excellence français et fournir aux avionneurs des solutions innovantes, qui font de l’aéronautique un secteur en pointe de la transition écologique.
L’Europe en général, et la France en particulier constituent en effet pour Collins Aerospace l’un des principaux marchés pour lequel le groupe investit et développe des partenariats.
Avec 3 500 collaborateurs, dont près de 500 ingénieurs, Collins Aerospace prévoit ainsi d’investir en France, sur les cinq prochaines années, 400 millions d’euros supplémentaires dans le développement de programmes pour une aviation décarbonée comme avec les actionneurs de vols électriques ou les hélices du futur, ou encore dans des moyens industriels plus durables comme avec les chaines de traitement de surface respectant la règlementation européenne REACh.
Déjà, ces deux dernières années, ce sont plus de 50 millions d’euros d’investissements qui ont été engagés sur nos cinq centres d’excellence en France.
Conjointement avec la DGAC, nous avons annoncé un investissement de 18 millions d’euros sur nos sites de Saint-Marcel en Normandie et Saint-Ouen-l’Aumône en Île-de-France pour développer des actionneurs de vols électriques pour la future génération d’avions monocouloirs, qui permettront de réduire le poids de l’avion et par conséquent sa consommation de carburant. De même dans le Lot à Figeac, ce sont 32 millions d’euros qui ont été investis dans un nouveau centre d’excellence, inauguré en novembre 2021, pour développer des hélices plus efficientes permettant de réduire la consommation de carburant. Enfin sur notre site Avionique de Blagnac en Occitanie nous travaillons à des solutions de connectivité et d’optimisation des trajectoires de vol, qui devraient permettre de réduire de plus de 5 % les émissions de CO2 liées aux opérations aériennes. Enfin, nous avons également procédé à la relocalisation d’activités en France et à la consolidation d’expertises comme le développement d’une chaine de réparation de sondes de mesures intelligentes et connectées en cours d’implantation à Toulouse.
Cette rencontre d’intérêts stratégiques et industriels constitue un terreau favorable à une collaboration efficace et à des co-investissements afin que la France puisse offrir aux générations futures la possibilité d’un transport aérien respectueux de notre environnement.
Mais ce qui est fait dans le domaine de l’aviation commerciale doit également trouver une résonance dans le secteur de la Défense. En tant qu’acteurs majeurs de la base industrielle de défense française, nos ingénieurs français peuvent proposer des produits et des technologies innovants, différents et complémentaires de ce que peuvent offrir les champions nationaux, sur lesquels la France ne peut pas faire l’impasse. Dans le double contexte actuel de tensions géopolitiques et de la prise de conscience de l’urgence climatique, l’enjeu énergétique s’est placé au centre du jeu. Les principes de sécurité internationale deviennent alors indissociables de ceux de la soutenabilité écologique. Cet impératif devra alors nécessairement être pris en compte dans nos politiques de défense. S’appuyer sur des champions industriels ayant entamé la transformation de la décarbonation par leurs investissements deviendra alors facteur de résilience pour nos armées
Étienne Gomez
Directeur du développement Europe de Collins Aerospace