Emmanuel Macron a nommé ce jeudi 5 septembre Michel Barnier, membre des Républicains pour succéder à Gabriel Attal.
Le président de la République s’est enfin décidé. La France a enfin un premier ministre. A 73 ans, Michel Barnier succède à Gabriel Attal. Emmanuel Macron pourra se réjouir d’avoir donné à la France le plus jeune et le plus vieux premier ministre de la Ve République.
Derrière cette nomination, apparaît l’impuissance d’un président de la république disruptif soucieux de balayer l’ancien « monde ». Le macronisme a atteint ses limites, la « réal » politique reprend pleinement ses droits.
En nommant l’ancien négociateur européen du Brexit, Emmanuel Macron souhaite à la fois conserver une stabilité institutionnelle et aussi préserver ses acquis dont le totem présidentiel, la réforme des retraites. A la différence de Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand, Michel Barnier devrait à priori survivre à une motion de censure car le Rassemblement National attend de juger sur pièce son discours de politique générale.
La stabilité étant acquise, quid de la rupture ? Il ne faut pas oublier que le camp présidentiel a été défait lors de la dernière élection législatives.
A deux reprises, les Français ont massivement rejeté le Macronisme. Le constat est d’autant plus désolant que le chef de l’État va puiser dans les rangs d’un parti minoritaire de l’Assemblée nationale. Une drôle de conception de la démocratie. Les regards sont désormais tournés vers l’avenir .
L’ancien candidat à la primaire des Républicains qui dépeignait en 2021 une « gouvernance solitaire » du chef de l’Etat, s’inscrit- t-il dans une réelle posture de cohabitation ou actera t-il plutôt ce néologisme élyséen : une « coalitation » ?
Savoyard né en 1951 à La Tronche, élu plus jeune conseiller général à 22 ans, avant d’arriver à 27 ans à l’Assemblée nationale sous l’étiquette gaulliste de l’UDR, le profil du nouveau premier ministre est respectable. Ministre au sein des gouvernements Balladur, Chirac et Sarkozy, sa carrure d’homme d’état ne souffre d’aucune ambiguïté. Michel Barnier a la possibilité de redonner à la politique française ses lettres de noblesse. Négociateur européen du Brexit, homme de compromis, il ne devra pas tomber dans la compromission. Tenter de faire perdurer le macronisme confirmera cette nomination à sens inverse.
Carlyle GBEI