Vice-président des Républicains et soutien de Retailleau, l’ex-député du Vaucluse Julien Aubert vient de lancer l’Institut Valmy, laboratoire d’idées pour la droite en vue de la présidentielle de 2027.
Revue politique et parlementaire – Vous venez de fonder votrethink tank « Valmy », du nom de la victoire qui avait donné lieu à la naissance de la République ? Quel est votre objectif ? Et pourquoi le lancer maintenant ?
Julien Aubert – Parce que nous sommes 20 ans après le référendum de 2005 sur la Constitution européenne qui a provoqué une grave crise démocratique : en effet, le choix des Français, celui de la France du Non, n’a pas été respecté et a été contourné ensuite par le Parlement. Cette crise démocratique s’explique pour partie par des choix politiques qui ont consisté àne proposer au pays que des solutions libérales et européennes. On voit le résultat.
Nous voulons proposer un modèle alternatif dans la perspective d’une alternance en 2027 qui devra être une alternance utile, autrement dit une rupture radicale avec le macronisme qui a fusionné une partie de la droite libérale et une partie de la gauche socialiste au profit d’une politique entièrement soumise à l’économie. Nous souhaitons rassembler tous ceux qui veulent rétablir la souveraineté de la France, perdue sous les quinquennats d’Emmanuel Macron.
RPP – Mais la France du Non a beaucoup évolué depuis 2005… Il y a eu le Brexit, le Covid… Et même Marine Le Pen a renoncé à sortir de la zone euro…
Julien Aubert – Il faut faire la différence entre les partis, le recentrage de tel ou tel responsable politique et les citoyens à qui on a imposé une mutualisation de la dette et une fédéralisation au profit de Mme Von der Leyen. Je ne milite pas pour le Frexit. On peut estimer que l’Union européenne ne fonctionne pas bien, qu’elle ne répond pas à l’attente des Françaiset vouloir en changer les règles, sans pour autant vouloir en sortir. Il n’est pas interdit de vouloir améliorer…
RPP – Macron n’est pas le seul responsable de cette situation. Lorsqu’elle a gouverné le pays, la droite a toujours été pro-européenne…
Julien Aubert – C’est vrai. Dans les années 90, la droite s’est laissée emporter par le modèle libéral anglo-saxon et s’est interdite de penser la nation. En 2025, il est temps de se réveiller ! Les temps ont changé : Donald Trump assume l’idée de nation et de protectionnisme. Il faut donc adapter nos solutions à cette situation nouvelle. Il serait naïf de croire que la France pourrait s’en sortir, adossée à une Union européenne ouverte aux quatre vents…
RPP – Dans votre manifestede lancement, vous parlez de « redressement national ». Quels sujets allez-vous explorer précisément ?
Julien Aubert – Nous allons sortir un premier rapport sur la décentralisation, qui visera à montrer que sous couvert de nouveaux actes de proximité, on a euthanasié les libertés locales. Nous lancerons prochainement une réflexion sur quelle politique économique dans un monde postmondialisé et quel choc juridique faut-il programmer pour que la démocratie fonctionne. Sur le long terme, Valmy devrait aussi se pencher surla politique économique permettant le maintien de notre modèle social, aujourd’hui menacé, et le moyen de mener une politique énergétique durable.
RPP – Bruno Retailleau, désormais président de LR, devra-t-il tenircompte de vos travaux ?
Julien Aubert – L’institut Valmy arrive à point nommé. Les partis politiques travaillent en effet plus facilement sur l’élaboration de programmes que sur les idées qu’ils piochent précisément dans les laboratoires d’idées et autres think tanks. Forgées à l’aune denotre pensée gaulliste, nos propositions devraient être utiles au camp républicain et au projet que porte Bruno Retailleau, qui en adéjàdessiné les orientations. J’espère qu’il s’en saisira. Mais compte tenu de l’ampleur de sa victoire, il serait présomptueux de penser qu’on pourrait lui forcer la main. Personne ne pourra prétendre lui imposer sa vision.
RPP – Quelle place dans l’organisation du parti faudra-t-il accorder à Laurent Wauquiez, sèchement battu dimanche dernier ?
Julien Aubert – Laurent Wauquiez représente un quart des adhérents. Il a fait une excellente campagne de terrain. Il serait dommage de se priver de son talent.
Julien Aubert
Vice-président des Républicains
Ancien député du Vaucluse
Propos recueillis par Carole Barjon