Les « Rencontres Capitales », (Institut de France, 19-21 novembre 2021) vont s’interroger sur l’hôpital de demain. En effet parmi les 30 thèmes qui seront débattus la question de la « réinvention de l’hôpital » sera posée. « Réinventer » n’est-il pas le terme choisi au plus haut niveau de nos instances gouvernementales pour qualifier les réactions attendues au décours de la pandémie ?
La pandémie a soumis l’hôpital à rude épreuve. Son rôle central irremplaçable est apparu évident à tous. L’engagement sans réserve et le dévouement des personnels ont été chaleureusement salués.
On a connu un élan collectif exemplaire.
L’ensemble des personnels soignants, les médecins, les membres de l’administration ont su faire converger leurs efforts, pour optimiser la mise en œuvre des moyens disponibles. Sur un objectif impérieux et grave on a vu les barrières entre les acteurs de l’hôpital se lever, chacun fut en mesure de donner le meilleur. Trouvera-t-on là une clef pour préparer l’avenir ? Pourquoi pas ?
La nécessité de revoir le fonctionnement de l’hôpital s’est rapidement imposée.
Ce fut le Ségur de la santé (juin-juillet 2020). Une revalorisation significative des salaires a été acquise. En arrière-plan ont été évoquées les places respectives du secteur public et du secteur privé hospitalier, l’attractivité des carrières hospitalières, la reconnaissance et la valorisation des soins infirmiers, la gouvernance de l’hôpital, sans que cela conduise à des modifications conséquentes sur le fonctionnement des hôpitaux : on ne pourra pas en rester là.
Et pourtant une réinvention de l’hôpital est-elle possible ? La façon dont la place, l’organisation, le fonctionnement de l’hôpital a évolué au gré des réformes des trente dernières années conduit à en douter. Depuis la création du service public hospitalier et l’établissement de la carte sanitaire, l’hôpital a été façonné par une suite de transformations (ordonnances de 1996, loi sur les droits du malade de 2002, loi HPST en 2009, pacte de confiance de l’hôpital 2018…), il s’agissait d’améliorer des performances ou de corriger des défaillances. Il est hasardeux d’en tirer des leçons pour l’avenir, remarquons cependant que les décisions prises en conclusion de longs débats ayant donné lieu à des échanges entre toutes les parties prenantes se sont avérées les plus solides et les plus bénéfiques. L’exemple des états généraux de la santé initiés en 1998 et conclus par la loi de 2002 doit retenir l’attention.
Au décours de la grave pandémie qui a mis en évidence le rôle crucial de l’hôpital, prenant en compte les insatisfactions du public et aussi les demandes des professionnels qui s’amplifient de mois en mois, il apparait essentiel de mettre en œuvre une large concertation, en prenant son temps, en écoutant patiemment tous les acteurs, les patients et les usagers sans oublier les contraintes économiques. De cette large concertation on attend des décisions qui donnent à l’hôpital l’élan dont il est capable et dont la société ne peut pas se passer.
Daniel Couturier
Médecin, membre de l’Académie de médecine