La disparition de Frédéric Lazorthes est une immense perte. Il était un intellectuel rare, sincère, un explorateur inquiet du déclin du libéralisme et de la Nation. Membre du comité éditorial de la Revue politique et parlementaire, il en était l’une des plumes et l’une des voix : vibrante, rigoureuse, toujours précise. Disciple de Pierre Manent, il avait compris que nous vivions une crise fondamentale. Il faisait corps avec ses idées, ce qui aujourd’hui et par trop souvent demeure une exception. Le choc que nous éprouvons à l’annonce de son départ brutal est de ceux qui nous parle des terribles injustices des hommes et d’une époque aussi. Nous échangions encore avec lui il y a quelques jours avant que ne surgisse l’ombre. Frédéric, notre ami, est mort en Été, au zénith de la lumière qu’il ne cessait de chercher pour mieux comprendre le sens que l’on veut donner à une vie. Ce libéral impénitent savait ce que la liberté voulait dire, il n’en ignorait rien des exigences, en combattait tous les artifices, il ne se payait pas de mots, et avec cette élégance qui l’habitait, ce regard un peu triste qui l’accompagnait, il pensait avec raison qu’il n’y a de politique qu’en cohérence avec des principes. Les cimes d’où il s’adressait à nous resteront la plus belle de ses empreintes. De l’autre rive où il se trouve désormais, et de celle où nous nous souvenons de lui désormais, nous lui exprimons toute notre fraternité.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef
« A la recherche de l’espace public européen » un article de Frédéric Lazorthes paru dans le numéro de la Revue Politique et Parlementaire consacré à l’Europe