Une loi adoptée alors que l’Assemblée nationale n’en a examiné que les deux premiers articles et qu’elle a, à une large majorité, rejeté l’article 2 ; lequel, pourtant, figurait dans le texte transmis au Sénat par le Gouvernement. Ce projet de loi n’a donc pas été voté par l’Assemblée nationale.
Il ne dispose d’aucune légitimité parlementaire. Même les débats au Sénat ont été contraints par le recours au vote bloqué en vertu de l’article 44 alinéa 3 de notre Constitution.
Et, pour couronner le tout, on a fait usage de son article 49-3, non pas pour contraindre la majorité – du reste relative -, mais pour faire taire l’opposition…
Tels ont été, en substance, les arguments pertinents présentés par les signataires de la motion de censure « transpartisane », qui n’a été rejetée qu’à 9 voix près.
Face à ce constat d’échec patent, le Président a considéré qu’il fallait aller au bout du « cheminement démocratique » ! Quelle dérision dans le propos, quelle ignorance de l’essence même de la démocratie, renforcées par le mot – le lapsus ?- de la Première ministre qui a engagé la responsabilité de « son » gouvernement devant l’Assemblée. « Mon » gouvernement ? Ne s’agit-il donc plus de celui de la République ?
Le peuple, impuissant en droit, a assisté à cette pantomime mais fort de la seule légitimité qui vaille en démocratie, la sienne.
Ainsi, du fait de l’obstination de quelques uns à mener au bout une réforme mal conçue, mal financée, mal présentée et mal adoptée, le pays est pris entre les deux mâchoires d’un étau funeste : celle d’un pouvoir qui n’a pas su conquérir une légitimité que les urnes lui ont refusée en 2022 et celle d’un peuple sans leader, ni ligne politique claire et adaptée aux circonstances nationales et internationales.
Après avoir répété au fil des mois, que « les gens » avaient besoin qu’on leur explique mieux les choix imposés par un pouvoir minoritaire dans la société ; avoir fait appel à moult communicants tout aussi inutiles que coûteux ; avoir obéi scrupuleusement aux injonctions des maîtres de l’économie et des finances, on en vient, après avoir vainement usé du « discours », à ne proposer qu’un changement de « méthode »…dérisoire réminiscence d’un ancien étudiant en philosophie ? De l’autre côté du champ politicien, les récentes élections internes dans les différents partis et mouvements politiques ont révélé l’indigence de la représentativité de ces organisations qui peinent à compter dans leurs rangs plus de quelques points de pourcentage du nombre des citoyens français ; organisations, qui, pour l’essentiel, ne parviennent pas à adapter leurs programmes aux contraintes sécuritaires, sociales et économiques du monde actuel.
Au lieu de cela, elles se perdent dans d’inutiles et vaines querelles, alimentées par des egos d’autant plus redoutables qu’ils s’expriment dans des media complices, car intéressés et des réseaux asociaux dangereux, de par leur irresponsabilité intrinsèque.
Bref, le pays est dans la situation d’une faille tectonique dont les forces contradictoires s’accumulent et s’affrontent, avant la rupture fatale et incontrôlable. Nul besoin d’épiloguer, à moins qu’une initiative inespérée soit rapidement prise pour raviver la flamme républicaine, qui prenne en compte les données européennes, nationales et locales du problème, l’issue est certaine ; seule sa date et ses circonstances restent inconnues. Espérons pourtant qu’une autre voie soit enfin choisie, qui consisterait à considérer l’État comme l’outil d’une République, que la Nation aurait choisie comme régime politique, au sein d’une Union européenne, elle-même, réformée en profondeur.
Hugues Clepkens
Tommy Larey/Shutterstock.com