« Un mot, pour tout dire, domine et illumine nos études : comprendre… Mot surtout chargé d’amitié. Jusque dans l’action, nous jugeons beaucoup. Nous ne comprenons jamais assez. »1
S’il est une figure qui inspira et qui continue d’inspirer la politique étrangère de l’Inde, c’est bien celle du Général de Gaulle.
S’il est une politique étrangère qui commanda la politique étrangère de l’Inde, c’est bien celle de la France.
S’il est des soubassements historiques et psychologiques qui disposent, imposent et avivent l’assertivité de sa politique étrangère – souvent arrogante et parfois hors de propos- ce sont bien les embasements de l’histoire et de la nation française.
L’Inde, si vieille civilisation et joyau de la Couronne britannique a vécu fort mal- certes comme la plupart des pays – la sujétion britannique. Et elle a d’autant plus mal accepté la naissance gémellaire de son futur éternel rival. Il est des parthénogenèses, artificielles de surcroît, que l’on ne pardonne pas.
C’est ce mal-être indien que la politique hyper nationaliste de Modi essaie de faire oublier, d’où sa volonté de prouver par son non-alignement dans un premier temps qu’elle existe et que dorénavant elle compte.
Membre du G 20 depuis 1999, dont elle assure actuellement la présidence, elle veut aujourd’hui faire entendre- quand bien même cela n’est pas toujours à bon escient- sa voix. On ne saurait honnêtement l’en blamer. Sachons au contraire non seulement le comprendre puis l’admettre et déceler ensuite ce qu’il peut y avoir de positif dans sa démarche.
L’Inde se veut grande puissance, l’Inde se vit désormais comme grande puissance.
Sa géographie lui permet de dominer le commerce dans l’Océan Indien et les routes maritimes des hydrocarbures. C’est une opportunité mais aussi une fenêtre de vulnérabilité. L’Inde couvre l’Océan Indien et en impose désormais dans tout l’Océan Indien du Nord-Est. Malacca n’est pas étranger.
L’Inde crée aussi ses propres « routes de la soie ». Elle a ainsi accordé ces dernières années 12,35 milliards de dollars d’aide rien qu’à l’Afrique.
L’Inde n’abandonnera pas son fauteuil- véritable cathèdre- au sein des BRICS, mais elle répudie- sauf lorsque cela l’arrange- son statut de pays émergeant.
Et comme toute grande puissance, l’Inde ne saurait tolérer les critiques – justes ou injustes- formulées à son encontre. En témoigne Nirupama Rao
« But India, rightfully, sees these critiques as hypocritical. The West routinely cut deals with violent autocracies to advance its own interests. The United States, for instance, is improving ties with Venezuela to get more oil. Europe is signing energy contracts with repressive Arab Gulf regimes. Remarkably, the West nonetheless claims that its foreign policy is guided by human rights and democracy. India, at least, lays no claim to being the conscience-keeper of the world. Like any other state, it acts in accordance with its interests—and severing its partnership with Russia would harm them. »2
Et pour être sûre que son message est bien compris, elle n’hésite pas à marteler :
« But Indians have little patience for being hectored about their democracy, especially from a country where insurrectionists recently breached the capitol and where racial inequalities run deep. They do not have much tolerance for European critiques, either, given the continent’s own harsh immigration policies and sordid colonial history. In fact, the government will not allow any outside powers to browbeat the country, especially when it is finding its sweet spot. » 3
A cette aune, Poutine semble avoir parfaitement compris la leçon.
L’on ne parle plus d’ailleurs d’Asie -Pacifique mais bien d’Indo-Pacifique. Ce glissement sémantique est tout sauf anodin.
Ne lui manque que le sacre de la communauté internationale.
Elle estime, au vu de sa démographie, de son économie qui est celle qui croît le plus vite au monde, avoir droit- gonfalon suprême- à un siège permanent au Conseil de Sécurité. Pour différentes raisons, elle sait que même ses amis ou voisins sont trop contents de se cacher derrière les vétos occidentaux, mais cette frustration pose indubitablement problème.
Sir Winston Churchill avait fortement plaidé puis installé, pour des raisons qui attestaient l’intérêt de la Grande-Bretagne, la France dans le camp des vainqueurs, d’où notre siège de membre permanent.
Las pour Modi, Churchill n’est plus de ce monde.
Cette privation explique en grande partie la position indienne. Les Indiens appellent cela la politique du multi -alignement.
Pour le dire autrement, l’Inde sait ne pas être trop regardante pour fixer ses intérêts.
Les alliances ne sont plus les carcans d’antan
Les alliances valent par leurs objectifs et par la volonté de ses membres, par les moyens qu’ils y mettent mais aussi par la perception qu’en ont les tierces parties. Elles correspondent surtout à la structuration actuelle du monde. Un monde que l’on qualifie de fragmégration.
Selon les régions la fragmentation l’emporte, dans d’autres dont l’Union, c’est l’intégration qui fort heureusement nous caractérise.
L’Inde tout comme les Occidentaux doit répondre aux problématiques suivantes.
Est-elle confrontée à une menace ? Peut-elle y faire face ? Doit-elle y répondre ? Si oui, comment ? Accepte-t-elle d’abandonner une partie de sa souveraineté ? Y a-t-il concomitance des buts entre les différents partenaires de l’alliance ?
Mais si l’un de ces éléments ne remplit pas les conditions requises, le succès de l’entreprise est tout sauf garanti.
Churchill eusse-t-il été de ce bas monde, il eût pu adresser ce message à Modi : « There is one thing worse than fighting with allies, and that is fighting without them. » 4
La question que l’on peut et doit légitimement poser à Modi est la suivante : l’indépendance stratégique ou sa recherche d’autonomie absolue est-elle tenable sur le long terme pour l’Inde.
Nous ne le pensons pas. Mais cela ne signifie nullement que l’on est en droit de traiter l’Inde comme un junior partner. Cela ordonne que l’Inde participe au burden sharing mais aussi à sa définition et à ses retombées.
Avant l’ère- momentanée- de l’hyper puissance unipolaire américaine, nous avons connu le bilatéralisme. Le monde actuel se définit quant à lui plutôt comme un monde d’hégémons régionaux, nouvelle variante d’un monde multipolaire.
D’où- vu de New-Delhi- la nécessaire politique indienne de multi alignement. C’est elle qui permet à l’Inde d’acquérir une autonomie stratégique.
Ces hégémons régionaux ont donné naissance à un nouveau format de relations internationales que l’on pourrait qualifier de mini bilatéralisme et qui favorise grandement la diplomatie indienne. Il permet, en outre, l’alerte sur l’emprise chinoise sans pratiquer l’alignement sur les États-Unis. La conduite de la politique étrangère de l’Inde éclaire en effet les changements de l’ordre mondial.
Convoitée de toutes parts, l’Inde est à la croisée des chemins. Pour une fois- peut être la seule- Donald Trump ne s’était pas trompé lorsqu’il accorda une dérogation à l’Inde l’autorisant à importer- malgré l’embargo- des hydrocarbures en provenance d’Iran.
Mais l’Inde représente aussi un problème pour la Chine et le Pakistan. Quant à la Russie, quand bien même Poutine ne tremble pas devant les admonestations védiques, il doit quand même l’intégrer dans son calculus.
Mais surtout le pays qui pose le plus de problèmes à l’Inde c’est… l’Inde !
Combien de temps l’Inde pourra-t-elle demeurer dans une espèce de no man’s land diplomatique où elle refuse de condamner Moscou, de ne pas appliquer les sanctions voire d’en bénéficier tout en l’admonestant et tout en faisant son marché aux USA ?
Combien de temps l’Inde pourra -t-elle jouer dans deux équipes destinées à s’affronter : OCS et Quad.
Modi ne devrait peut-être pas prendre au sens premier les propos du « Saint-Homme » que fut Monsieur le Cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. »
Lorsque le conflit entre la Chine et les États-Unis s’intensifiera – parce qu’il finira par s’intensifier- comment évoluera la pression américaine sur l’Inde ? Jusqu’à quel point, l’Inde voudra- t- elle, pourra-t-elle rester engoncée dans son fier non-alignement ?
Les Allemands ont une délicieuse formule pour caractériser cette situation « Man kann nicht an zwei Orten gleichzeitig sein. »
Symétriquement, les Indiens doivent aussi comprendre que les Américains ne pourront éternellement – compte tenu des poussées de fièvre néo isolationniste- continuer à fournir des investissements économiques, aides militaires sans être payés de retour.
A trop pousser son avantage, l’Inde compromet sa stratégie de long terme d’autonomie plutôt que de l’assurance de sa pérennité.
Accolée à la diplomatie de la canonnière réservée à quelques -très rares- happy few, prolifère la diplomatie des ventes d’armes dont le club des membres ne cesse d’augmenter. L’Inde représente 11% des importations d’armes mondiales entre 2018 et 2019, mais elle monte très rapidement en gamme et en exportations. L’Inde a mis à l’eau en 2016 son premier sous-marin à propulsion nucléaire et en 2022 son premier porte-avions rejoignant ainsi un club très restreint.
Ainsi en janvier 2022, l’Inde a vendu aux Philippines pour un montant de 330 millions d’euros trois batteries de missiles Brahmos.
Il n’est pas inutile de rappeler que le Brahmos est un missile de croisière capable de détruire des navires. Il n’est pas non plus inutile de mentionner le différend qui oppose la Chine aux Philippines.
L’Inde exporte donc son missile vers d’autres pays asiatiques qui peuvent ainsi se doter d’un début de dissuasion contre la Chine.
Pour illustrer ce surgissement indien sur le marché de l’armement, signalons sa vente récente d’avions de combat Tejas à la Malaisie.
L’Inde est une adepte inconditionnelle des alliances mouvantes mais surtout à la carte.
Sauf attaque chinoise directe de haute intensité, l’Inde ne s’opposera jamais frontalement à la Chine, à fortiori si l’attaque chinoise vise les seuls intérêts américains.
Pour autant, l’Inde suivra les USA tant que ses intérêts le lui commanderont, et que surtout la crédibilité américaine existera.
L’Inde le reconnait d’ailleurs implicitement comme le rappelle Nirupama Rao.
« Because China is more powerful than India, a good part of New Delhi’s strategy for dealing with a belligerent Beijing runs through Washington. » 5
L’Inde ne veut pas être un Gulliver empêtré
L’Inde a par ailleurs goûté aux charmes et délices de son nouveau rôle de grande puissance ; elle semble d’ailleurs l’habiter définitivement. En outre hors du contexte chinois, rien ne dit que l’Inde acceptera désormais sans barguigner et marchander l’hégémon américain dans l’indo-pacifique.
Indépendamment de cela, les intérêts géopolitiques régionaux de l’Inde et des USA divergent parfois. Mentionnons juste pour rappel l’Afghanistan ou le Myanmar. Car elle pense et son estimation du rapport de forces n’est pas totalement fausse que les USA ont peut-être encore plus besoin qu’elle du rapprochement indo-américain vu l’acromégalie chinoise.
A terme risque de surgir une rivalité entre l’Inde d’une part et les USA et le Japon d’autre part. Washington doit le comprendre, l’accepter au moins intellectuellement et surtout l’anticiper. L’Inde entend protéger son propre hégémon. C’est pourquoi elle refusera toute anabase qui serait hors d’un contexte onusien.
La relation indo-américaine est donc une relation parfaitement asymétrique et qui est vouée à le demeurer même si elle est pour le moment favorable à l’Inde.
En ce sens et en ce sens seulement, la menace chinoise est le meilleur atout et pour l’Inde et pour les USA. Inde et Chine, Inde et USA peuvent donc vivre leur étrange concubinage.
Embrassons-nous Folleville !
Cette accointance consiste à s’approprier un maximum d’avantages des États-Unis y compris en matière de renseignements, ce qui lui a d’ailleurs permis de connaître les mouvements de troupes chinoises lors du dernier conflit. Pour autant, elle n’accordera que le minimum possible aux USA afin d’éviter de se retrouver embrigadée dans un conflit où fondamentalement elle désire rester à l’écart, quand bien même les élites économiques ou universitaires parmi sa jeunesse pourraient souhaiter une victoire américaine.
Quand bien même observe-t-on un indéniable rapprochement militaire entre l’Inde et les USA, cela ne signifie pas- tant s’en faut- que l’Inde se range dans le camp occidental et qu’elle fait sienne ses valeurs. La conception de Narendra Modi en matière de démocratie est là pour nous le rappeler.
Cela ne veut pas dire non plus qu’elle joint ses efforts à ceux des Américains et des Européens pour contrer la Russie. L’Inde veut seulement apprendre et prendre un maximum pour accroître son propre rôle mondial, un peu à l’image du Japon qui lui- cependant -rêvait de s’occidentaliser.
En matière de lutte contre le terrorisme la relation est probablement plus équilibrée. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants et le souvenir nostalgique des mânes de Bandoeng, on se veut acteur majeur et non pas brillant second.
Nous nous permettons cependant de rappeler en toute humilité au Premier ministre indien le syndrome du Prince de Bulgarie, Alexandre de Battenberg. En 1885, le prince décida de quitter sa position de féal vis-à-vis de la Russie. Mal lui en prit, il sera finalement battu et sévèrement puni par la Russie.
En cas de conflit impliquant la Chine et les USA, l’Inde pourra -t-elle rester neutre ?
Le grand Bismarck, en dépit du génialissime Ruckerversicherungsvertrag qui demeure, encore à ce jour, un modèle du genre comprit qu’il ne pouvait se séparer de l’Autriche-Hongrie si un conflit advenait avec La Russie. Il se devait de soutenir son allié. Tel est le dilemme indien. De la même façon qu’ils ne faut pas surestimer les inclinations indiennes vers les USA, gardons-nous de sur-qualifier le tropisme indien vers Moscou.
A quelques kappi près que nous verrons plus loin, il est de circonstance et purement mercantile. Si l’Inde ne s’est pas jointe aux sanctions, c’est aussi parce qu’elle en retire un bénéfice substantiel qu’un étudiant moyennement doué en première année de marketing peut aisément comprendre ; elle achète à vil prix des hydrocarbures à une Russie prise à la gorge et revend à folle enchère ces mêmes hydrocarbures à une Europe assoiffée. En outre la Russie est le principal fournisseur d’engrais de l’Inde.
Cela rappelle les échanges coloniaux ! Avant-guerre et jusqu’en avril 2022, les achats d’hydrocarbures en provenance de la Russie étaient de 389 000 barils/jour. En juin, l’Inde importait 1.000.000 de barils/jour. Chaque baril permet à l’Inde d’économiser 16 dollars. Ces gains sont loin d’être négligeables pour l’Inde.
Il n’y a pas de petits profits !
Mais il est une autre réalité purement géopolitique. L’Inde a impérativement besoin de la Russie dans sa diplomatie de multi-alignement.
Avec des points de départ différents, des régimes, des populations, des économies et aussi des objectifs différents, Inde et Russie partagent partiellement une même vision du monde.
Même si l’Inde ne souffre pas du complexe obsidional qui affecte la Russie, elles refusent toutes deux toute hégémonie américaine. L’Inde possède néanmoins un avantage sur la Russie, elle a les moyens de ne pas être vassalisée par la Chine. En outre sa composition ethnique n’est pas asiatique.
Toutes deux pensent que le monde serait plus stable et plus sûr sans l’hégémon américain. En outre elles aspirent à un monde polycentrique.
Enfin, et c’est loin d’être négligeable, la vieille tradition d’amitié et de coopération entre l’Inde et la Russie subsiste perinde ac cadaver.
L’Inde n’oublie pas que la Russie l’a toujours soutenue à l’ONU dans son différend à propos du Cachemire.
Yoga Jyotsna universitaire indien spécialiste de politique étrangère confirme ainsi ce phénomène
“The armed forces and perceptive analysts, Russia stands number one as India’s friend.” Rajeswari Rajagopalan, a director at a major Indian think tank, has argued that “the strategic sympathy for the Soviets and Russia still continues not just among the political class but also . . . among the larger public” because of the romanticization of historic Russian support for India. 6
Selon un sondage de septembre 2022, c’est en vertu de cet état d’esprit qu’une majorité d’indiens ont refusé de condamner l’invasion russe. Plus grave, ils ne pensent pas non plus qu’une victoire russe rendrait le monde plus dangereux.
La position indienne est plus que complexe. En effet une Russie fortement affaiblie est une Russie totalement vassalisée et vouée à adopter les positions chinoises.
L’Inde serait alors condamnée soit à un alignement américain soit à aller un canossa chinois. Aucune de ces deux perspectives n’aurait de quoi réjouir l’Inde car cela diminuerait sa marge de manœuvre. Sans revenir à Bandoeng, l’Inde refuse fondamentalement la politique des blocs.
La politique indienne est très subtile mais elle s’exerce sur une ligne de crête très étroite.
Ainsi lors de la visite du ministre des Affaires étrangères indien à Moscou, Lavrov met en avant le concept de « multi polarity » de « special and privileged ties »
Jaishankar lui répond qu’il souhaite un « more balanced and sustainable ties » et met l’accent sur la coopération économique bilatérale et se plaint des « impediments » russes pour obtenir des échanges plus équilibrés.
Jaishankar rajoute même à un Lavrov désagréablement contrarié ( mais tout comme Gromyko dont Nikita Sergueïvitch Kroutchev disait : « Quand il s’agit de négocier, Gromyko peut s’asseoir sur un bloc de glace et le faire fondre avec son regard. ») que le monde est trop interdépendant pour que ce conflit régional n’ait pas de conséquences majeures sur le reste du monde. « to not have major consequences in other regions ». 7
On a connu soutien plus franc, plus massif et surtout plus enthousiaste. Cela nous rappelle, horresco referens, un épisode de la seconde guerre mondiale. A l’issue de sa rencontre avec Franco à Hendaye le 23 octobre 1940, hitler profondément ulcéré par l’attitude du Caudillo, aurait dit : « Je préférerais avoir trois ou quatre dents arrachées que de devoir passer à nouveau par cette expérience. »
De ces éléments épars et souvent contradictoires, la discordance même fait pourtant sens. On ne saurait mieux résumer la position indienne que Shinshankar Menon ancien Conseiller à la Sécurité nationale de 2010 à 2014 du Premier ministre Manmohan Singh
« It has also reinforced Asia’s sense of its own difference—its focus on stability, trade, and the bottom line that has served Asian countries so well in the last 40 years.Asia so long as it is preoccupied with containing Russia in Europe.
Instead of consolidation, the war in Ukraine seems likely to lead to greater fragmentation of the global order. It has reinforced the urge to build strategic autonomy in Europe as European countries begin to take a greater share in their own defense rather than rely to such an extent on the United States. » 8
Il y a deux grilles d’analyse quant à la position de l’Inde dans l’affaire ukrainienne. La première est qu’il sera effectivement plus difficile à l’Inde de garder sa position non pas de neutralité mais de multi alignement.
Une défaite russe conforterait indubitablement l’axe sino-russe et la possibilité de tensions supplémentaires entre l’Inde et la Chine.
Pour autant il ne déplaît pas à Modi d’être sollicité et courtisé par la Russie. Nirupama Rao a parfaitement analysé cette situation.
Qu’on en juge.
« But if New Delhi can successfully navigate this complex moment and collaborate with China, Russia, and the West, the benefits will be enormous—both for India and for the developing states it champions. India is home to more than 1.4 billion people and a rapidly growing economy. It trades with and has managed to maintain good relations with almost every country. That means India has the potential to spread growth and foster dialogue across the world, even when global tensions are running high. » 9
La dernière phrase est plus que révélatrice.
Léo Keller
Directeur du blog de géopolitique Blogazoi
Professeur à Kedge Business School
-
Marc Bloch in apologie pour l’histoire propos rapporté par Gérard Araud in nous étions seuls p 9 ↩
- Nirupama Rao The Upside of Rivalry in Foreign Affairs April 18 ↩
- Discours prononcé à la Chambre des Communes le 4/06/1942 ↩
- Nirupama Rao The Upside of Rivalry in Foreign Affairs April 18, 2023 ↩
- Sameer Lalwani; Happymon Jacob Will India Ditch Russia?in Foreign Affairs 24/1/2023 ↩
- Sameer Lalwani Happymon Jacobin Foreign Affairs January 24, 2023 ↩
- Shivshankar Menon The Fantasy of the Free World in Foreign Affairs April 4, 2022 ↩
- Nirupama Rao The Upside of Rivalry in Foreign Affairs April 18, 2023 ↩
- Discours prononcé par Nehru devant le Parlement indien le 7/08/1953 ↩