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dans International

Israël sans la gauche – La face cachée d’une crise politique

Philippe VelillaParPhilippe Velilla
10 septembre 2020
Israël sans la gauche – La face cachée d’une crise politique

En Israël, la crise sanitaire et économique est aggravée par une crise politique qui s’approfondit chaque jour. Philippe Velilla docteur en droit et enseignant à l’Université européenne des études juives (UNEEJ) revient sur la situation.

Sans budget depuis deux ans, le pays n’est même plus gouverné, la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres étant annulée chaque semaine en raison de l’impossibilité de fixer un ordre du jour. La démission de certains hauts fonctionnaires et les mises en garde adressées par d’autres complètent le champ de ruines. On a déjà analysé ici les principales composantes de cette crise de la démocratie1 qui est à la fois une crise du régime parlementaire, une crise de confiance et une crise idéologique : 72 ans après la fondation de l’Etat d’Israël, le sionisme est désormais monopolisé par une droite dure, ultranationaliste, qui cède parfois au fanatisme religieux et au racisme. La version traditionnelle du patriotisme juif, sur laquelle l’Etat avait été fondé – l’indépendance nationale, la liberté de conscience et l’égalité sociale – n’a plus droit de cité. Car les forces politiques qui l’avaient porté, celles de la gauche, agonisent.  

La chute de la maison travailliste

L’histoire récente du Parti travailliste est facile à résumer : une chute que rien n’a pu arrêter.

La descente aux enfers

Du grand parti de la gauche israélienne, il ne reste à peu près rien : dans la Knesset élue le 2 mars 2020, trois députés, dont deux ont accepté des postes de ministres dans le gouvernement Netanyahou (Amir Peretz, président du parti et Itzik Schmouli), et une (Meirav Michaëli) qui est désormais bien isolée au Parlement. Dans l’hypothèse désormais caduque où le parti présenterait sa propre liste, les instituts de sondages le créditent de 1 % des voix, très loin du seuil d’éligibilité (3,25 %). Cette disparition du paysage parlementaire conclut une longue descente aux enfers : le groupe travailliste (le Parti travailliste et ses alliés) comptait 44 députés en 1992, 34 en 1996, 26 en 1999, 19 en 2003 et en 2006, 13 en 2009. Une remontée en 2013 (15) et surtout en 2015 (24) fit croire à une renaissance. A tort : avec 6 députés élus les 9 avril et 17 septembre 2019 et 3 le 2 mars 2020, c’est la chute finale.

La petite sœur du Parti travailliste, la formation de la gauche de la gauche, Meretz (Energie), a réussi à dépasser son grand frère et devrait survivre au Parlement. S’appuyant sur des Israéliens urbains, diplômés et laïcs (que l’on désignerait comme bobos de l’autre côté de la Méditerranée), Meretz développe un programme social, mais surtout de défense des libertés face à la contrainte religieuse, pour l’Etat de droit, les revendications des LGBT…

Cette gauche réduite à la portion congrue ne peut plus prétendre être une alternative à la droite.

Elle est vouée à jouer les utilités au Parlement en s’opposant aux projets antisociaux (comme la baisse des salaires dans le secteur public, nouvelle obsession du Likoud) ou liberticides (les propositions de loi limitant les pouvoirs de la Cour suprême, les droits de la minorité arabe…). Dans l’hypothèse où une large coalition partant du centre-droit viendrait marginaliser la droite dure, les dernières voix de gauche à la Knesset constitueraient une force d’appoint. En clair, ce « grand cadavre à la renverse » (Jean-Paul Sartre) bouge encore, mais il ne faut pas s’y tromper : la gauche est morte.  Mille et une raisons expliquent ce bouleversement historique, et d’abord le divorce d’avec les classes populaires.

La perte du prolétariat

Le travaillisme israélien s’était édifié sur des bases sociales solides, avec une paysannerie organisée dans les kibboutzim (villages collectivistes) et mochavim (villages coopératifs), et une classe ouvrière dotée d’une puissante centrale syndicale : la Histadrout. Progressivement, le kibboutz dut procéder à des adaptations qui le vidèrent de sa substance. La Histadrout, qui était plus qu’un syndicat – elle contrôlait la protection sociale, le service de l’emploi et les secteurs public et coopératif (soit un bon tiers de l’économie israélienne) – regroupait 85 % des salariés. Une réforme de l’assurance-maladie et la montée de la précarité du travail l’ont privée de cette force, et elle ne réunit plus aujourd’hui qu’un quart des salariés, principalement dans le secteur protégé (services publics et grandes entreprises privées). Précisément là où un nouveau prolétariat israélien ne trouva guère sa place. Ce n’était pas un hasard.

Les millions de Juifs des pays arabes qui dans les années cinquante et soixante immigrèrent en Israël changèrent la physionomie du pays.

Alors que toutes les bonnes places étaient prises, et les villes de la côte prétendument saturées, ils furent souvent installés de force dans des « villes de développement » du sud du pays où la mono-industrie (textile, petite mécanique) et la faiblesse du réseau scolaire les condamnèrent – souvent sur plusieurs générations – à rester une main-d’œuvre sous-qualifiée bon marché. D’autres désagréments les attendaient : traditionnalistes, imprégnés d’une culture orale, d’une vision patriarcale et d’une pratique religieuse qui rythmaient leur quotidien, ils furent souvent discrédités. Leurs prédécesseurs venus d’Europe, souvent laïcs, décrièrent leur culture comme une survivance d’un tribalisme archaïque. Ce « clivage » (Claude Klein) eut une conséquence politique majeure. Les élites de l’époque étaient assimilées au Parti travailliste qui, de fait, dirigeait toute la vie du pays (le gouvernement, le parlement, les syndicats, la presse, l’université, la culture …). Le prolétariat séfarade frustré n’eut de cesse de vouloir se venger. Il y réussit en 1977, en portant au pouvoir une droite qui en avait toujours été exclu. Depuis, à de rares exceptions près (1992-1996, 1999-2001, 2006-2009), la droite gouverne sans partage. C’est normal. En dépit de l’ascension sociale de nombreux Séfarades, ceux-ci, à défaut d’être rancuniers, ne sont pas amnésiques : le souvenir des discriminations perdure, et encore aujourd’hui, 80 % de ces électeurs votent à droite2.

 La gauche Jurassic Park

Comme ses homologues occidentaux, le Parti travailliste israélien – trop à gauche dans l’opposition, trop à droite au pouvoir – entretint de grandes illusions avant de provoquer d’immenses désillusions. Lorsqu’il dirigeait le gouvernement ou y participait, le Parti travailliste devait en permanence composer avec des alliés (centristes, religieux…) aussi exigeants que peu fiables et l’obligeant à un grand écart : entre la libéralisation de l’économie réclamée par les premiers et les allocations exigées par les seconds, l’électorat de gauche était désorienté. Afin de réaffirmer son identité, le Parti travailliste opéra dans la dernière période un virage programmatique à 180 degrés, promettant une forte hausse du salaire minimum (qui avait pourtant été bien revalorisé ces dernières années), une fin de la sous-traitance, un montant des pensions de retraite et de l’allocation adulte handicapé au moins égal au salaire minimum… toutes revendications impossibles à financer, y compris dans le contexte de relative prospérité du pays jusqu’à la crise du Corona. Les électeurs ne suivirent pas, on l’a vu, et désormais, au sein du « gouvernement d’urgence nationale », Amir Peretz, ministre de l’Economie soumis aux oukases du très réactionnaire ministre des Finances, et Itzhik Schmouli, ministre des Affaires sociales, ne disposant d’à peu près aucune marge de manœuvre, achèvent de discréditer le parti qui avait fondé le pays. D’autres défaites contribuèrent au naufrage.

Accusés travaillistes, levez-vous !

Sur les thèmes où la gauche se distinguait nettement de la droite, elle ne réussit pas à s’imposer et perdit le combat idéologique. En particulier sur la question du conflit avec les Palestiniens.

La paix introuvable

Ayant accepté le plan de partage de 1947, David Ben Gourion et les siens fondèrent l’Etat sur 78 % du territoire de la Palestine mandataire, abandonnant Gaza et la Cisjordanie aux Palestiniens autochtones ou réfugiés. La conquête de ces territoires en 1967 changea la donne.

L’idée d’obtenir « la paix contre les territoires » fit son chemin à gauche, alors que le monde arabe en général, et l’OLP en particulier, refusait tout dialogue.

La droite ne resta pas inactive, sa composante sioniste-religieuse multipliant les colonies au motif de peupler « la terre d’Israël toute entière » (Eretz Israel ha shlema). Le gouvernement travailliste s’y opposa non sans hésitation ni contradiction, allant même jusqu’à diriger le mouvement de colonisation dans des territoires jugés stratégiques : le Golan et la vallée du Jourdain. Parallèlement, un certain nombre de personnalités de gauche initièrent un dialogue informel avec des Palestiniens, notamment au sein de l’Internationale socialiste.

On en était là, lorsqu’en 1993, voulant mettre à profit la nouvelle équation régionale née de la guerre du Golfe, le leader historique de la gauche israélienne, Shimon Peres, alors ministre des Affaires étrangères, engagea des négociations avec l’OLP qui devaient conduire aux accords d’Oslo. En dépit de la campagne agressive menée par la droite et son nouveau chef, Binyamin Netanyahou, qui aboutit à l’assassinat d’Itzhak Rabin (le 4 novembre 1995), la gauche continua à défendre becs et ongles cette approche : deux Etats pour deux peuples. L’échec des négociations de Camp David (juillet 2000), et plus encore le déclenchement de la deuxième Intifada qui suivit en septembre (avec une vague d’attentats où 1 000 Israéliens perdirent la vie) ruinèrent la perspective de paix. Jusqu’à aujourd’hui, « l’échec d’Oslo » est devenu un thème favori de la droite pour discréditer toute solution basée sur la coexistence de deux Etats.

Le piège de l’identité

Le procès en trahison de la cause nationale se doubla d’une accusation que Binyamin Netanyahou murmura aux oreilles d’un vieux rabbin lors de sa campagne victorieuse de 1996 : « Les gens de gauche ont oublié ce que c’est qu’être juif »3.

En clair, la gauche est accusée d’avoir abandonné la tradition, la religion, l’identité juive.

L’argument n’est pas sans fondement : la petite minorité de gauche réduite à une bourgeoisie urbaine et laïque est attachée à un mode de vie « à l’occidentale » éloigné de la tradition et de la pratique religieuse. Pour échapper à l’accusation, on vit un président du Parti travailliste, Avi Gabbaï, reconnaître la véracité du phénomène, sans proposer la moindre solution. Il y perdit sa crédibilité et, après la catastrophe électorale du 9 avril 2019 (supra), abandonna la politique. Il est vrai que la gauche – par définition internationaliste et universaliste – n’est pas à l’aise sur la question de l’identité. De surcroît, elle redoute, non sans raison, que ce thème soit décliné sur un mode sectaire et raciste.

C’est donc sur des problématiques plus nouvelles que la gauche essaie de se ressourcer : les nouveaux mouvements écologiques qui mobilisent les jeunes Israéliens depuis quelques années sont appelés à grandir. La question du changement climatique pose avec force celle du mode de développement, et nul doute que sur ce sujet des solutions « de gauche » peuvent être avancées : une approche de l’économie non productiviste, une priorité à la solidarité, la qualité de la vie… D’autres mouvements plus conjoncturels ne semblent pas de nature à revigorer la gauche israélienne. La protestation massive déclenchée contre le gouvernement à l’été 2020 est protéiforme et rassemble des publics très divers aux orientations idéologiques parfois opposées. Ce mouvement est de nature protestataire : le slogan qui domine dans les manifestions est « Bibi, rentre chez toi ! ». Mais on peine à y distinguer un projet fédérateur. La gauche s’y retrouve, car, écartée du pouvoir, elle se complait désormais dans une culture d’opposition. Autant dire que son public – ou ce qui en reste – risque d’y demeurer longtemps.

 

*

A l’heure où, pour la première fois depuis longtemps, une perspective d’alternance politique se profile, la gauche israélienne est hors-jeu. De toute façon, c’est au moment même où commençait cette interminable crise politique que la gauche perdit son meilleur porte-parole. Le 28 décembre 2018, Amos Oz s’éteignait à Tel-Aviv. Cet écrivain nobélisable sans prix Nobel, chantre de l’Israël d’avant, celui des fondateurs, était aussi l’un des fondateurs du mouvement La Paix maintenant (Peace Now, Shalom Akhshav). Alors que les hommages se multipliaient dans le monde entier, ses amis réunis dans un théâtre n’eurent droit qu’à la présence silencieuse de la ministre de la Culture et à un communiqué soporifique du Premier ministre. On achève bien les progressistes.

Philippe Velilla
Docteur en droit et enseignant à l’Université européenne des études juives (UNEEJ)

  1. Israël, 2019, annus horribilis – Une crise politique en trois dimensions, RPP, 28 juin 2019. La démocratie israélienne dans la tourmente : de l’instabilité gouvernementale à la crise de régime, RPP,  20 décembre 2019. ↩
  2. Sondage réalisé pour les élections de 2015. ↩
  3. Le rabbin Kadhouri, vénérable kabbaliste très influent dans les milieux religieux séfarades. ↩

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